Un message pour Léon XIV : il faut corriger les erreurs de “Laudato si’”

Léon erreurs Laudato si’
 

Après la prestation discutable de Léon XIV lors de la réunion Raising Hope marquant le 10e anniversaire de l’encyclique écologique du pape François, Laudato si’, il convient de faire un retour sur ce texte porteur de nombreuses erreurs et déformations idéologiques. Avec juste raison, Steven Mosher du Population Research Institute souligne que malgré quelques rappels mettant en garde contre une divinisation de la création sous prétexte d’écologie intégrale, le texte de François s’alignait sans nuances sur les assertions fausses des promoteurs de la lutte contre le « changement climatique » et de la décroissance humaine. Quinze jours avant la réunion Raising Hope à laquelle la participation de Léon XIV était déjà annoncée, Mosher a rappelé nombre de ces tromperies dans une réflexion intitulée : « Léon XIV doit corriger les principales erreurs de Laudato si’ : voici pourquoi. »

Steven Mosher s’efforce à une certaine bienveillance à l’égard de ce texte, évitant de citer explicitement les origines politiquement collectivistes des idées mises en avant par l’encyclique, que nous avons rappelées dans notre article d’hier. Mais il met en exergue, chiffres à l’appui, les mensonges factuels qu’elle véhicule, que ce soit sur la pauvreté, les effets du développement, l’accès à l’eau et bien d’autres.

Lui-même ne cesse de dénoncer à travers son Population Research Institute le mensonge de la surpopulation mondiale, activement répandu par les écologistes en général pour qui l’homme est l’ennemi de la nature et sa multiplication – le premier commandement divin – un fléau à combattre au même titre que le CO2.

Voici notre traduction intégrale du texte de Steven Mosher daté du 15 septembre dernier.

 

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Léon XIV doit corriger les principales erreurs de Laudato si’

 

Le pape Léon XIV va célébrer le 10e anniversaire de l’encyclique Laudato Si’ du pape François à travers toute une série d’événements organisés au cours des prochains mois.

Le 5 septembre 2025, il annonçait déjà que la résidence papale historique de Castel Gandolfo serait désormais connue sous le toponyme local de « Borgo Laudato Si’ », dans le but supposé de donner vie à la vision de l’encyclique sur l’écologie intégrale en unissant la foi, la durabilité et la vie communautaire. Un « jardin Laudato Si’ » a également fait son apparition dans la Cité du Vatican.

Puis, du 1er au 3 octobre, il inaugurera la conférence Raising Hope à Rome. Le thème de la conférence est la prétendue crise écologique et la manière d’atteindre les objectifs fixés par l’ONU dans le cadre de la COP30. Cet événement, qui s’annonce majoritairement laïc, réunira des chefs spirituels, des scientifiques, des militants et des représentants autochtones.

 

Léon XIV et la « justice écologique »

Le pape Léon XIV semble avoir adhéré à l’idée que la justice sociale passe par la justice écologique, et vice versa. Tel était le message de la vidéo adressée au Réseau des universités pour la sauvegarde de notre maison commune à Rio de Janeiro (21-24 mai), encourageant une réflexion synodale sur l’interdépendance de toutes choses.

Il a également célébré la première messe pour la sauvegarde de la création à Castel Gandolfo en juillet, exhortant les chrétiens à agir pour faire face à la crise écologique. Le pape a notamment déclaré : « Nous vous demandons de vous joindre à nous alors que nous cherchons à L’honorer avec les dons qu’Il nous a faits par la promotion d’un modèle biblique de gestion de la Terre, qui Le glorifie et qui sorte Son peuple de la pauvreté physique et spirituelle. »

Si tel est l’objectif, je suis tout à fait pour.

Mais pour y parvenir, on ne doit pas truquer les chiffres, exagérer le problème et mettre en place des programmes gouvernementaux gigantesques et coûteux qui, souvent, ne font que perpétuer les problèmes que l’on souhaite résoudre. Les exemples sont légion, parmi lesquels le programme généreusement subventionné du gouverneur de Californie, Gavin Newsom, visant à éliminer le problème des sans-abri. Des fonds ont été versés à des ONG de gauche qui, comme on pouvait s’y attendre, ont aggravé le problème. Elles ne voulaient pas que cette manne financière disparaisse.

 

Laudato si’ ou Apocalypse Now ?

L’encyclique qui sert de guide au pape Léon est truffée de ces affirmations exagérées dont les écologistes radicaux se sont fait une spécialité. Cela donne à Laudato Si’ ses accents d’« Apocalypse Now », comme lorsqu’elle affirme que les générations futures connaîtront « les débris, la désolation et la crasse » (paragraphe 161).

Certaines parties de l’encyclique semblent tirées du rapport discrédité du Club de Rome de 1972, Les limites de la croissance, qui prédisait un effondrement écologique, économique et sociétal dans les années à venir. Aucun de ces scénarios apocalyptiques ne s’est réellement concrétisé, et il y a peu de raisons de penser qu’ils se réaliseront dans l’avenir. Au cours de l’histoire, l’ingéniosité humaine a toujours permis d’éviter l’épuisement des ressources.

 

« De nombreuses erreurs factuelles sur l’état de l’humanité et l’état de la planète »

Tout cela pour dire que Laudato Si’ contient de nombreuses erreurs factuelles sur l’état de l’humanité et l’état de la planète. Ces erreurs étaient déjà évidentes lorsque l’encyclique a été publiée pour la première fois, et elles sont encore plus criantes aujourd’hui.

L’encyclique affirme (paragraphe 46) que la croissance économique des deux derniers siècles « n’a pas toujours signifié […] une amélioration de la qualité de vie ».

En réalité, l’espérance de vie a plus que doublé et les revenus ont été multipliés par plus de cent. En 1815, l’humanité comptait environ un milliard d’individus qui vivaient en moyenne jusqu’à 30 ans avec un maigre revenu par habitant de 100 dollars. Aujourd’hui, nous sommes 8,3 milliards et nous jouissons d’une espérance de vie moyenne de 73 ans, avec un PIB par habitant de 14 000 dollars.

Si ce n’est pas du progrès, qu’est-ce qui mérite ce nom ?

Laudato Si’ affirme (paragraphes 29-30) que « la qualité de l’eau disponible se détériore constamment » et pose un grave problème pour les pauvres.

Mais cela est tout simplement faux. Le rapport 2014 sur les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) indique que l’accès à des sources d’eau potable améliorées a bénéficié à 2,3 milliards de personnes supplémentaires entre 1990 et 2012, 89 % de la population mondiale y ayant accès en 2012 (contre 76 % en 1990), l’objectif ayant été atteint avec cinq ans d’avance.

Et les progrès se poursuivent. Selon les données les plus récentes du Programme commun de surveillance (JMP) de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’UNICEF pour l’approvisionnement en eau, l’assainissement et l’hygiène, 74 % de la population mondiale utilisait des services d’eau potable sécurisés en 2024, soit une amélioration par rapport aux 68 % enregistrés en 2015, 961 millions de personnes supplémentaires ayant obtenu l’accès à une eau potable sûre entre 2015 et 2024. Et 90 % de la population mondiale utilisait au moins des services d’eau potable élémentaires en 2022, contre 89 % en 2012, comme l’indique le rapport 2014 sur les OMD.

 

Laudato si’ répand des erreurs sur les « extinctions massives »

L’encyclique affirme (paragraphe 33) que « des milliers d’espèces végétales et animales » disparaissent chaque année, principalement à cause de l’activité humaine, et que les générations futures ne les verront jamais.

Mais il n’y a pas la moindre preuve d’extinctions massives. La « Red List » fait état de 150 à 200 extinctions depuis 2006, avec environ 10 à 15 extinctions par an ces dernières années pour les espèces évaluées. Cela ne représente qu’une infime fraction des « milliers » de disparitions dont on parle en se fondant sur des inventions radicales des écologistes visant à alarmer le public.

S’il est vrai que certaines espèces sont confrontées à une réduction de leur habitat, la Convention sur la diversité biologique – qui vise à créer des réserves naturelles planétaires – a déjà atteint ses objectifs. En 2020, 17,08 % des zones terrestres et des eaux intérieures étaient protégées, et donc les espèces végétales et animales qui y vivent sont également protégées.

L’encyclique décrit les pauvres et les personnes vulnérables comme « la majeure partie de la planète, des milliers de millions de personnes » (paragraphe 49).

Cette affirmation n’est pas davantage étayée par des preuves. Le rapport 2014 sur les objectifs du Millénaire pour le développement a montré que l’extrême pauvreté dans les régions en développement est passée de près de la moitié de la population en 1990 à 22 % en 2010, le nombre de personnes en situation d’extrême pauvreté passant de 1,9 milliard à 1,2 milliard, ce qui signifie que l’objectif fixé par les Nations unies a été atteint avant la date prévue.

Et les progrès se poursuivent. En 2022, seuls 9,2 % de la population mondiale (729 millions de personnes) vivaient en dessous du seuil de pauvreté de 2,15 dollars par jour, selon la Plateforme sur la pauvreté et les inégalités de la Banque mondiale (2023). Pourquoi exagérer les inégalités et la pauvreté dans le monde alors que l’extrême pauvreté ne représente plus qu’une fraction de ce qu’elle était autrefois ?

 

Léon XIV interpellé par Steven Mosher

Malgré tous ses défauts, Laudato Si’ a tout de même raison sur certains points. La Terre est notre « maison commune » dont nous avons le devoir de prendre soin (paragraphe 1), même si elle n’est que notre demeure temporaire (paragraphe 2). Rares sont ceux qui contesteraient le fait que l’humanité a le devoir moral de protéger la création de Dieu pour les générations actuelles et futures (paragraphe 76).

Je salue le rejet clair par Laudato Si’ des visions panthéistes ou purement naturalistes qui divinisent la Terre (paragraphe 90), comme le font de nombreux écologistes radicaux. Prendre soin de la création devrait être un acte d’adoration envers Dieu, comme le rappelle à juste titre l’encyclique, sans constituer en aucun cas une élévation de la Terre au-dessus de la primauté humaine et de son destin éternel.

Mais ces points importants sont quasiment noyés dans un dédale d’affirmations alarmistes sur la destruction de l’environnement, la pauvreté endémique et la baisse de la qualité de vie, qui semblent avoir été copiées des écrits de Earth First ou du Sierra Club. Tout cela réclame à grands cris d’être corrigé.

Le point essentiel est le suivant : on ne peut pas s’aligner sur les écologistes radicaux et leurs idées et espérer la prospérité et la réduction de la pauvreté. Les choses ne fonctionnent pas ainsi.

 

Steven Mosher

 

Traduction par Jeanne Smits