Steven Mosher, spécialiste de la Chine, met en garde contre l’application Temu, un espion sur nos smartphones

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Spécialiste de la Chine, où, sociologue, il a été témoin direct en 1980 d’avortements forcés (ce qui l’a amené à se convertir au catholicisme et à fonder une nombreuse famille), Steven Mosher suit de près l’actualité de l’Empire du Milieu et vient de mettre en garde contre les objectifs peu avouables du parti communiste au pouvoir. Dans un entretien avec LifeSiteNews, il a décrit récemment les dangers d’une nouvelle application d’achats bon marché, Temu, véritable espion embarqué capable de siphonner à notre insu les informations qui circulent via nos smartphones.

Une petite mise au point s’impose : Steven Mosher évoque le processus par lequel la Chine – notamment sous l’impulsion de Kissinger, agent communiste – a été reçu dans le concert des nations « libres » pour commercer dans les années 1980, et en rappelle l’interprétation la plus bienveillante : une volonté d’amener la Chine à changer et à rompre avec le totalitarisme communiste. Cela se discute : la marche vers le socialisme international assurée notamment sous l’égide de l’ONU avec ses ODD (Objectifs du développement durable) avait besoin de ce rapprochement entre les pays dits libéraux et les pays communistes, et d’une évolution de la Chine, toujours communiste, vers une économie plus puissante et un armement capable d’en faire une grande puissance, comme le rappelait récemment Clémentine Jallais sur reinformation.tv.

Nous vous proposons ci-dessous la transcription traduite de très larges extraits de la première partie cet entretien avec John-Henry Westen, en attendant de publier la deuxième partie qui évoque la volonté d’hégémonie de la Chine qui se constate dans les déclarations de ses hauts responsables et de ses actions sur le plan international. – J.S.

 

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Un entretien de LifeSiteNews avec Steven Mosher sur les dangers de l’application-espion Temu

 

Il se passe quelque chose dont vous avez parlé sur Fox News et dont nous avons également parlé sur LifeSiteNews. Il s’agit d’une application très populaire pour faire du shopping. On y trouve de très bonnes affaires. A l’heure d’Amazon, où tout le monde est à la recherche de la meilleure affaire et raffole des produits qu’il peut se faire livrer chez lui, une nouvelle application a vu le jour et qui arrive comme une tempête : Temu. Et pourtant, vous ne cessez de mettre en garde contre cette application. Qu’est-ce que Temu ?

Temu prétend être une application qui vous permet d’acheter des produits bon marché directement auprès d’usines en Chine. Et bien sûr, les bonnes affaires sont incroyablement avantageuses, sur le papier. Vous pouvez acheter cinq paires de chaussettes pour 1,69 dollar. Vous pouvez trouver un bijou en « or » pour 1 euro. Au bout de 2 ou 3 semaines, vous recevrez, dans de nombreux cas, un colis en provenance de Chine, contenant ces marchandises bon marché. Mais il faut savoir que vous obtenez un peu plus que ce que vous escomptiez, comme pour toutes les applications fabriquées en Chine. L’application Temu appartient à une société appelée Pinduoduo, qui est l’Amazon de Chine, et qui a connu un certain succès en Chine en vendant des produits bon marché directement depuis l’usine.

Un cyber expert a en effet découvert que l’application elle-même contient des logiciels malveillants qui téléchargent tout ce qui se trouve sur votre téléphone. Elle télécharge vos contacts. Elle télécharge vos photos. Elle télécharge non seulement toutes vos recherches, mais aussi vos informations financières. En fait, l’application s’empare de presque tout ce qui se trouve sur votre téléphone. Et le pire, c’est que l’application ne peut pas être facilement désinstallée. Une fois arrivé sur votre téléphone, ce petit parasite y reste, malgré tous vos efforts pour le désinstaller.

Des données récupérées par la Chine, et donc par le parti communiste

Qu’advient-il des données une fois de retour en Chine ? Elles ne restent pas sur les serveurs d’une entreprise prétendument privée. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a pas d’entreprises privées en Chine. Toutes les entreprises chinoises sont dirigées, contrôlées ou influencées par le Parti communiste chinois. Ainsi, lorsque vous traitez avec Temu, vous traitez en fait avec le Parti communiste chinois.

Toutes les entreprises chinoises, comme Alibaba et Pinduoduo, doivent transférer leurs données vers des serveurs gérés par le Parti communiste chinois. Une loi a été adoptée en 2017, la loi sur le renseignement, disposant que toutes les informations vitales pour la sécurité nationale doivent être transmises aux agences de renseignement du Parti communiste chinois.

Or les entreprises chinoises comprennent ce que cela signifie. Cela signifie qu’elles doivent transmettre toutes leurs données à l’Etat en temps réel. Vos données ne vont donc pas seulement vers une entreprise privée, mais aussi vers le Parti communiste chinois, qui collecte des quantités massives de données sur des gens partout dans le monde. Et il n’a pas de bonnes intentions.

Lorsque vous achetez ces produits, vous devez comprendre que si vous achetez par exemple des chaussettes en coton, vous achetez des produits fabriqués par des esclaves. Le coton provient du Turkestan oriental, ce que le parti communiste chinois appelle le Xinjiang, la « nouvelle frontière », et il est fabriqué par des esclaves en Chine. J’utilise ce terme à dessein. En effet, ce sont les minorités les plus faibles qui sont dans les champs de coton, cueillant le coton à la main, transformant le coton et travaillant dans les filatures de coton pour produire ces chaussettes bon marché que les gens pensent obtenir pour presque rien. Or, vous ne voulez certainement pas avoir recours à l’esclavage. Dans certaines usines de confection en Chine, les jeunes femmes gagnent 4 centimes par vêtement. Leur quota est de 500 vêtements par jour. Elles travaillent 12 ou 13 heures par jour, jour après jour.

La production bon marché en Chine repose sur l’esclavage

La société mère de Temu, Pinduoduo, a été accusée de faire travailler ses employés 340 heures par mois. Comment peut-on travailler 340 heures par mois ? Il faut travailler 13 heures par jour, jour après jour, sans aucun jour de repos. En Chine, des rapports font état de personnes qui meurent sur les chaînes de montage : elles sont pratiquement tuées à la tâche. Elles meurent au travail. Vous ne voulez donc pas participer à cela non plus. Les produits sont peut-être bon marché, mais ils ne sont pas gratuits. Vous vendez vos données à la Chine et vous achetez des produits fabriqués par des esclaves, ou du moins des serfs : ces travailleurs ne sont pas libres de faire grève. Ils ne sont pas libres de se mettre au travail ralenti. Ils ne sont pas libres de faire grève pour obtenir des salaires plus élevés ou de meilleures conditions de travail. S’ils le font, la police est appelée, car elle n’est pas du côté des travailleurs. N’oubliez pas que les usines sont dirigées directement ou indirectement par le parti communiste chinois. La police est du côté du parti communiste chinois, de l’Etat chinois. Celle-ci réprime donc brutalement toute forme d’agitation ouvrière en Chine. Vous ne voulez certainement pas y contribuer.

Enfin, les usines sont sales, répugnantes et polluées. Vous achetez des produits fabriqués dans des usines chinoises qui ne sont pas seulement dangereuses pour les travailleurs, mais aussi pour la planète.

A mon avis, toutes ces applications du Parti communiste devraient être interdites aux Etats-Unis. Je parle de Temo, mais aussi de TikTok, bien sûr, qui est en train de corrompre notre jeunesse.

Les gens doivent savoir que TikTok en Chine et TikTok en Occident – en Europe, aux Etats-Unis – sont deux applications de réseaux sociaux bien distinctes. Elles utilisent en partie le même logiciel, mais leur contenu est totalement différent. Saviez-vous qu’en Chine, les enfants n’ont pas le droit d’être sur TikTok plus de deux heures par semaine ?

En Chine, les enfants n’ont pas le droit de voir les bêtises transgenres, des bêtises sur les distorsions de genre, la pornographie, et tous ces défis TikTok où les enfants font ces défis ridicules et où certains finissent par mourir dans la foulée. Tout cela est interdit en Chine. Xi Jinping, le dictateur chinois, a déclaré ouvertement qu’il ne voulait pas d’hommes « girly » sur les sites de médias sociaux en Chine, ils sont donc bannis.

Eh bien, toutes ces choses ne sont pas seulement autorisées ici : elles sont encouragées, et beaucoup viennent de Chine dans le cadre de ce que je crois être une sorte de psyop : une opération psychologique, une guerre visant à détruire la fibre morale de nos familles, à troubler les jeunes enfants quant à leur sexe, à les encourager à consommer des drogues et de la pornographie et d’autres choses qui, au fil du temps, finissent par gâcher la vie de millions de jeunes gens ici. Je pense que tout cela est tout à fait délibéré.

 

Quel est donc le but recherché par la Chine ? Je veux dire, pourquoi collectent-ils ces données ? Que vont-ils en faire ?

Il y a 50 ans, les gauchistes disaient souvent qu’il était impossible de créer un Etat véritablement totalitaire parce qu’il n’y avait pas assez de policiers pour surveiller tout le monde en permanence et en temps réel.

Or, figurez-vous qu’il n’est pas nécessaire d’avoir des acteurs humains, des opérateurs humains qui surveillent tout le monde en permanence. On peut utiliser l’intelligence artificielle. On peut utiliser des superordinateurs. On peut utiliser des caméras de surveillance. On peut utiliser les smartphones des citoyens et collecter toutes les données en temps réel. Alors, il n’est plus nécessaire d’avoir un policier devant le domicile de chaque famille du pays. Aujourd’hui on peut faire la police en suivant tout le monde grâce à la technologie moderne.

Surveillance et espionnage automatisés en Chine

La Chine possède plus de caméras de surveillance que n’importe quel autre pays du monde, placées sur les poteaux téléphoniques et les poteaux électriques dans toutes les villes et villages du pays en un réseau très dense. La Chine dispose de superordinateurs, parmi les plus rapides au monde, d’immenses banques de données contenant des informations sur tous les habitants du pays. Elle dispose désormais de l’intelligence artificielle que nous l’aidons à développer. Souvenez-vous des caméras, de la technologie de surveillance, des tests génétiques effectués sur tous les Chinois, de l’intelligence artificielle. Tout cela fait partie de la technologie que nous avons développée et qu’ils utilisent aujourd’hui pour surveiller tous leurs citoyens en temps réel.

L’exemple que j’aime utiliser est celui d’une personne qui traverse en dehors des clous. Si vous faites cela à Pékin, la capitale, la caméra de surveillance détecte votre acte criminel. La technologie de reconnaissance artificielle des visages, que nous avons développée aux Etats-Unis, est utilisée pour vous identifier. L’intelligence artificielle déduit l’amende de votre compte bancaire sans aucune intervention humaine. Il s’agit là d’un totalitarisme de type cybernétique, qui a cours en Chine à l’heure où je vous parle.

On nous parle du système de crédit social en Chine, qui pourrait être mis en place aux Etats-Unis. Le crédit social signifie qu’on surveille tous vos messages sur les médias sociaux, toutes vos recherches, toutes vos communications, tous vos appels téléphoniques, tous vos déplacements, votre localisation en temps réel, et si vous semblez vous engager dans une activité suspecte, visiter les mauvais sites web, dire de mauvaises choses, communiquer avec les mauvaises personnes : alors votre score de crédit social chute, et s’il dégringole trop bas, vous ne pourrez pas prendre l’avion. Vous ne pourrez pas quitter le pays. Vous ne pourrez pas prendre le train à grande vitesse. Vous ne pourrez pas obtenir de prêt pour l’achat d’une maison ou d’une voiture. Et si votre cote de crédit social descend encore plus bas, votre compte bancaire sera mis à zéro. Vous ne pourrez plus accéder à aucun fonds. En fait, ils vous mettent en prison sans avoir besoin d’envoyer des gens pour vous enfermer. Ils vous emprisonnent dans votre propre maison.

Le crédit social en Chine fonctionne aussi avec des applications comme Temu

Je suis consterné de voir que, lorsque nous parlons de choses comme la monnaie numérique, lorsque nous voyons que l’administration Biden travaille avec des sociétés de réseaux sociaux comme Facebook et d’autres pour surveiller les gens de cette manière et pour contrôler le débat sur Internet, il y a des gens aux Etats-Unis qui voient ce qui se passe en Chine et qui ne reculent pas d’horreur devant ces violations de la liberté humaine : en fait, ils pensent qu’il s’agit là d’un bon système. Les membres du Forum économique mondial, par exemple, seraient attirés par ce modèle. Je pense donc qu’il s’agit là de l’objectif ultime. Il y a 40 ans, nous pensions qu’en nous ouvrant à la Chine, en commerçant avec elle, en investissant en Chine, en lui montrant la voie d’une démocratie moderne respectueuse des droits de l’homme et de la liberté humaine, le parti communiste chinois deviendrait progressivement un parti qui autoriserait peut-être le respect des droits de l’homme, des partis politiques concurrents et peut-être même des élections – et cela ne s’est pas produit.

Au lieu que la Chine finisse par nous ressembler, nous devenons de plus en plus semblables à la Chine, jour après jour. Et je suis quelqu’un qui a passé les 40 dernières années de sa vie à suivre la dictature brutale d’un parti unique qui dirige la Chine d’une main de fer, qui est responsable de 100 millions de morts en Chine, purge après purge et au moyen de famines occasionnelles, et qui est responsable de l’assassinat de 400 millions d’enfants à naître.

 

La perspective de nous voir ressembler davantage à la Chine est tout à fait terrifiante. Et je suppose que c’est en partie la même réflexion qui a présidé à l’accord conclu par le Vatican pour tenter d’apaiser les Chinois et de travailler avec eux. Il s’agit d’essayer de les apaiser et de collaborer avec eux, afin de les amener à vivre en paix.

Et en fait, bien sûr, le même résultat a été obtenu. Nous, les Etats-Unis, avons été vidés de nos capitaux à hauteur de milliers de milliards de dollars. Une partie de ces capitaux a été investie par des sociétés comme BlackRock en Chine. Une partie a été volée par la Chine en termes de propriété intellectuelle. Mais notre commerce et nos investissements avec la Chine ont été utilisés pour renforcer la Chine et nous affaiblir.

Ainsi, l’accord sino-vatican, qui devait permettre au pape de nommer de nouveaux évêques pour les quelque 40 sièges vides en Chine où la population avait besoin de bergers catholiques, n’a pas abouti à la nomination de nouveaux évêques. Seule une poignée de nouveaux évêques ont été nommés. Les deux derniers, bien sûr, ont été nommés par le parti communiste chinois, qui n’en a parlé au Vatican que plus tard : « Oh, au fait, nous avons nommé un nouvel évêque à Shanghai ; vous devez l’approuver. Car il est là, que cela vous plaise ou non. » L’accord sino-vatican a été utilisé par le parti communiste chinois, comme prévu depuis le début, pour écraser l’Eglise clandestine en Chine et pour forcer les prêtres, les évêques et les laïcs à adhérer à l’Association patriotique catholique, qui est dirigée par le parti communiste chinois.

Il n’a pas permis de fournir de nouveaux évêques à l’Eglise en Chine, ni d’offrir une sorte d’espace de sécurité aux catholiques en Chine, parce que les murs continuent de se resserrer. De nouvelles réglementations ont été annoncées il y a quelques jours, et les contrôles sur l’activité religieuse en Chine deviennent de plus en plus stricts.

Voilà qui est clair. La finalité en Chine est de remplacer toute religion par la foi dans le parti communiste chinois, de remplacer les évêques légitimes de l’Eglise catholique par des individus qui lui sont redevables et qui servent d’abord et avant tout le parti communiste et ses dirigeants. C’est dit explicitement.

Dans les nouvelles réglementations, les dirigeants des religions en Chine doivent servir le parti, ils doivent servir les dirigeants du parti, Xi Jinping et d’autres, et ils doivent promouvoir la ligne du parti. C’est ce que l’accord sino-vatican, qui est désormais lettre morte, a produit : uniquement des fruits pourris.

 

Propos recueillis par John-Henry Westen

Traduction par Jeanne Smits