Analyse : Steven Mosher, spécialiste de la Chine, remet les idées à l’endroit sur la « guerre commerciale » entre les Etats-Unis et Pékin

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Le « marécage » de Washington s’alarme bruyamment de la mise en place par Donald Trump de droits de douane sur l’acier chinois, en attendant de nouvelles mesures, accusant le président américain d’avoir déclenché une « guerre commerciale » contre Pékin. Mais la réalité, c’est que « la Chine mène une guerre commerciale » contre les Etats-Unis » depuis plus d’un quart de siècle ». Tel est l’avis de Steven Mosher, président du Population Reasearch Institute, présenté vendredi dernier dans une interview audio sur Breitbart. Un passionnant renversement de perspective de la part de cet expert en démographie et militant pro-vie qui fut le premier sociologue américain à visiter la Chine continentale en 1979.
 
Stephen Mosher était à l’époque athée et « pro-choix » : avoir été témoin oculaire d’avortements forcés en Chine communiste l’a réveillé. Il est aujourd’hui catholique pratiquant et père de neuf enfants, grand pourfendeur du mythe de la surpopulation. Il doit sa nombreuse famille à la mise en pratique de la régulation naturelle des naissances qui a permis au couple Mosher, déjà un peu avancé en âge, à avoir « autant d’enfants qu’ils le pouvaient ».
 
Mais si l’essentiel de son travail concerne aujourd’hui la défense de la vie, il a aussi une profonde connaissance politique et géopolitique de la Chine. Pour lui, le « marécage » de Washington se réveille à peine à l’idée que « la Chine a profité » des Etats-Unis parce que Trump l’a mis en évidence. « Et Trump veut que cela cesse. Ce n’est pas que Trump ait déclenché une guerre commerciale. Je crois que Trump a commencé à mettre fin à la guerre commerciale que nous mène la Chine depuis 25 ans, et il est grand temps, car le sablier est en train de se vider », affirme Steven Mosher.
 

Steven Mosher : ce ne sont pas les Etats-Unis qui ont déclenché la guerre commerciale

 
Il ne faut pas s’inquiéter des fluctuations de la bourse, insiste le sociologue. « Respirez, prenez du recul, et comprenez que si Trump réussit à imposer des échanges équitables avec la Chine, le marché des actions sera au beau fixe pendant des années. S’il n’y parvient pas – et je pense que c’est le dernier et le meilleur espoir dont dispose l’Amérique pour obtenir des échanges équitables avec la Chine et pour l’empêcher de devenir le pouvoir dominant au XXIe – s’il n’y parvient pas, alors votre portefeuille d’actions ne va aller nulle part de toute façon. »
 
Comparant l’état actuel du commerce entre les Etats-Unis à la Chine à la mise sous perfusion directe de celle-ci par rapport à celle-là – « et le sang ne coule que dans un sens » – Mosher annonce : « A la fin de cette transfusion, la Chine va se lever et se mettre en marche forte et en pleine santé, et le pouvoir de l’Amérique sur la planète sera morte à toutes fins pratiques, en termes de pouvoir industriel. Elle sera réduite à n’être plus qu’une source de matière première pour la Chine et de produits alimentaires pour la Chine. »
 
Cette Chine actuellement plus fragile sur le plan politique qu’il n’y paraît – Mosher évoque le ressentiment créé par l’incarcération de plus de 200.000 personnes par Xi Jinping pour « corruption », qui touche des dizaines millions de personnes à travers leurs familles et amis – bénéficie d’un excédent commercial spectaculaire sur les Etats-Unis. Ceux-ci lui vendent pour 130 milliards de dollars de biens chaque année ; la Chine, elle, exporte pour 505 milliards de dollars aux Etats-Unis par an.
 
« Imaginons que nous mettions chacun en place un droit de douane de 10 % sur l’autre », propose Mosher. Mathématiquement, les Etats-Unis ne peuvent que gagner : ce sera 13 milliards pour Pékin, contre 50,5 milliards pour Washington.
 

Les Etats-Unis cherchent enfin à mettre fin à la guerre commerciale à laquelle se livre Pékin

 
Steven Mosher est par ailleurs persuadé que la Chine augmente sa capacité militaire, notamment maritime, pour préparer l’invasion de Taïwan, un exemple de liberté, de démocratie et de prospérité qui a le tort de donner trop d’idées aux Chinois du continent. Il a notamment salué la manière dont Donald Trump a tendu la main à Taïwan au cours des premiers jours de sa présidence, au grand dam des fonctionnaires du Département d’Etat « qui depuis 50 ans est prêt à toutes les concessions pour éviter de faire offense à Pékin ». C’est une politique constante depuis les années 1970 et la rencontre de Kissinger avec Zhou Enlai et celle de Nixon avec Mao, en Chine, rappelle le sociologue.
 
Pour Mosher, les choses sont claires : « La Chine mène une lutte sans merci pour la domination économique, politique et militaire globale au XXIe siècle. Elle nous voit comme le seul pays capable de s’y opposer, et elle est déterminée non seulement à nous remplacer au moyen de cette lutte, mais à nous vaincre par elle. » La seule chose qui puisse l’arrêter, estime-t-il, est le sentiment de se trouver face à une force du même ordre.
 

La guerre commerciale de la Chine pourrait bien être une guerre coloniale selon Steven Mosher

 
Il a ajouté que la Chine est aujourd’hui, avec son projet de nouvelle route de la soie qui s’étend jusqu’en Amérique latine, sur la voie d’une nouvelle manière de colonisation qui passe par le financement massif d’infrastructures dans les pays cibles au moyen de prêts que ceux-ci ne pourront rembourser, avec à terme la présence de « ports ouverts » partout dans le monde où les forces chinoises pourront être stationnées. « Voilà le schéma tel qu’il est déjà en train de se révéler. »
 
Et ce n’est pas pour des raisons économiques que la Chine se lance dans ces dépenses qu’elle ne peut espérer récupérer. « La Chine ne le fait pas pour des raisons économiques. Elle le fait pour des raisons stratégiques. Ils veulent ces ports. Ils veulent ces chemins de fer. Ils veulent avoir ces moyens d’envoyer des biens et des personnes, et peut-être un jour des troupes dans différentes parties du monde. Je crois que les pays du monde doivent être mis en garde, ainsi que nous avons commencé à le faire, contre ces dangers », affirme Mosher.
 
N’allons pas croire que les promoteurs mondiaux du globalisme, institutions internationales en tête, n’en sont pas conscients : ce sont eux au contraire qui vantent le leadership mondial de la Chine, comme nous le mettons en évidence si souvent sur reinformation.tv.
 
Dans le même temps, en Chine, la « mythologie » du parti communiste a installé l’idée que tous les peuples de Chine descendent d’un seul ancêtre, un empereur possiblement apocryphe. « Cela est évidemment un non-sens, puisqu’aucune personne unique vivant il y a 5.000 ans ne saurait de près ou de loin être l’ancêtre historique et biologique de tous ces groupes fort différents qui ont vécu séparément pendant des milliers d’années. Mais c’est l’affirmation que fait le parti communiste chinois pour essayer de créer une solidarité raciale et une identité raciale qui n’existent pas dans la réalité, mais qui ont une très forte utilité politique dans la mesure où l’idée qu’on descend tous du même “Empereur jaune” justifie le partage d’un objectif commun », a encore observé Steven Mosher.
 
Pour lui, la présidence de Donald Trump représente clairement un espoir face à ce danger.
 

Jeanne Smits