Le pape Léon XIV recevait samedi en audience à la Salle Clémentine les membres du Conseil national anti-usure d’Italie (une association à but non lucratif catholique), leur faisant un discours dont la presse catholique française a peu parlé à ce jour, et la presse séculière pas du tout à en juger d’après le référencement internet. Zenit a intégralement traduit ce discours qui a paru seulement en italien et en anglais sur le site du Vatican, malgré le thème universel qu’il aborde : le mésusage de l’argent par la demande d’intérêts démesurés, en particulier lorsque les débiteurs sont acculés à l’emprunt par la nécessité.
« Fléau », « impact dévastateur » : « Le phénomène de l’usure révèle la corruption du cœur humain », affirme le pape, rappelant l’origine biblique de sa condamnation. « C’est un péché grave, parfois très grave, car on ne peut le réduire à une question de comptabilité. L’usure peut plonger des familles dans la crise, ronger l’esprit et le cœur au point de pousser certains à considérer le suicide comme seule issue. »
On comprend rapidement que Léon XIV vise ici prioritairement ceux qui prêtent au personnes – et même aux nations – qui n’ont pas d’autre moyen pour subsister, sous couleur de « vouloir aider ceux qui sont en difficulté financière », alors que la cupidité les anime.
Léon XIV condamne l’usure qui réduit le faible en esclavage
Et de rappeler comment Zachée, le chef des collecteurs de Jéricho, qui profitait de sa situation pour « exploiter les gens et s’enrichir en dépouillant les plus faibles », s’est laissé appeler par Jésus et a reconnu ses méfaits. « Revenu à lui-même, Zachée comprend qu’il a mal agi et décidé de restituer “avec intérêt” ! », souligne le pape ; « “Voici, Seigneur, je donne la moitié de mes biens aux pauvres ; et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je lui rends le quadruple” (Lc 19, 8). Personne ne lui demandait autant, pas même la loi de Moïse. Mais sa rencontre avec le Christ a transformé son âme, et tout a changé. »
L’intérêt n’est donc pas mauvais en soi, ni la rentabilité ; mais cela doit être gouverné par la justice, et la générosité fait partie de l’équation.
Ce qui fait conclure à Léon XIV : « Seule la générosité a cette force de nous révéler le sens de notre humanité. Lorsque la recherche du profit l’emporte, l’autre n’est plus une personne, il n’a plus de visage : il devient un objet à exploiter ; et ainsi, nous finissons par nous perdre nous-mêmes et à perdre notre âme. La conversion de ceux qui pratiquent l’usure est aussi importante que la proximité avec ceux qui en souffrent. »
Condamner l’usure – mais quid de la fiscalité confiscatoire ?
A l’heure où la France a vu dégrader sa note financière, supportant non seulement le poids de ses emprunts faramineux mais encore une charge d’intérêt de la dette publique qui, chaque année, vient grignoter à fonds perdus la richesse créée par les Français, le sujet est décidément d’actualité. Mais là il ne s’agit pas tellement de gens sans moyens qui se font spolier sous prétexte d’un prêt « pour s’en sortir » : au contraire, c’est l’Etat qui ponctionne la création de richesses comme les maigres revenus d’une manière que l’on pourrait qualifier analogiquement d’« usurière » à travers des impôts et des charges largement confiscatoires, en prenant 30, 40, 50 % et davantage.
A quand un discours pontifical pour dénoncer l’hypertrophie de l’Etat ?