Défendant l’acronyme de combat « LGBT », le Père James Martin qualifie les couples homosexuels de « familles »

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Editorialiste de la revue des Jésuites des Etats-Unis, America Magazine, consulteur du Dicastère pour la communication, auteur d’un livre sur les « catholiques LGBT », Construire un pont : c’est ainsi que se présente le Père James Martin, SJ, au pied d’un article où il prend la défense de l’utilisation de l’expression « LGBT » dans le document de travail du synode sur les jeunes et le discernement vocationnel en cours à Rome. Catholique, prêtre, connu et reconnu au Vatican, chargé de conseiller l’Eglise à propos de ses rapports avec les médias et le monde en général, il parle d’autorité. Son but ? Contrer les déclarations de Mgr Chaput, archevêque de Philadelphie, qui a osé contester cette inclusion (dans tous les sens du terme) dans l’Instrumentum laboris, et qui a très bien fait, étant donné que la revendication de la sexualité inversée est en soi synonyme de révolte par rapport à l’ordre naturel. Dans sa défense de l’acronyme de combat « LGBT », le P. James Martin va même plus loin, affirmant qu’il faut reconnaître aux couples homosexuels la qualité de « familles ».
 
Diane Montagna de LifeSiteNews a contraint il y a quelques jours lors d’un point presse le cardinal Baldisseri à prendre acte du fait qu’il ne disait pas la vérité en affirmant que le mot « LGBT » avait été repris au document pré-synodal rédigé par les jeunes à l’occasion de la rencontre avec le pape François en mars dernier. Peu importe : c’est toujours le même mensonge qui est repris, cette fois donc par le P. Martin qui affirme en substance que les jeunes sont « de plus en plus intéressés aujourd’hui par les questions concernant les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres » – soit qu’il s’agisse de leurs proches, soit qu’ils s’y reconnaissent eux-mêmes.
 

Le Père James Martin justifie l’acronyme LGBT : tout le reste est injure…

 
Et d’insister sur la diversité ethnique de la « communauté LGBT » – encore une expression lourdement chargée puisqu’elle adhère à l’idéologie des droits de ce groupe humain défini par ses choix contraires à la morale traditionnelle. Pour le P. James Martin, cette diversité que l’on constate en Occident, « en partie parce que certains y cherchent refuge ou asile en raison de leur sexualité », est bien la preuve que « le traitement des personnes LGBT est une question qui intéresse l’Eglise globale », et ce d’autant qu’» un nombre croissant de catholiques à travers le monde s’identifient comme LGBT ».
 
Arrêtons-nous un instant. Si l’on veut bien admettre avec l’Eglise catholique et conformément à une loi naturelle immémoriale que l’activité homosexuelle est gravement désordonnée et constitue par sa matière même un péché mortel, il s’agit donc pour ce groupe d’activistes de brandir son mépris de la loi de Dieu comme un signe de ralliement, de se glorifier avec orgueil – pensez aux « Gay Prides » – de ces transgressions revendiquées. Et il faudrait que l’Eglise se batte pour leurs droits à ce titre ?
 
Et pourquoi pas les adultères catholiques, les catholiques gloutons, les paresseux de Saint Pierre ou les mafieux pour l’Eglise ?
 
Le P. Martin souligne que les discussions actuelles au synode à propos de la question « LGBT » tournent autour de la « nomenclature » : l’emploi de l’acronyme lui-même, et l’idée de la reconnaissance des « couples gay » (l’expression est encore de lui) en tant que « familles ».
 

Du « respect » pour l’homosexualité en tant que telle ?

 
A la première question, le P. James Martin répond, positivement, en trois points (c’était doublement prévisible…).
 
Premièrement, « Donner aux personnes LGBT le nom par lequel elles demandent qu’on les nomme fait partie du “respect” avec lequel il faut les accepter selon le paragraphe 2358 du Catéchisme de l’Eglise catholique », écrit le Jésuite, faisant le parallèle avec la manière dont on qualifie le « Negro » aux Etats-Unis d’Afro- américain ou de Black parce que c’est ainsi que les individus de ce groupe le souhaitent. « Refuser d’appeler un groupe par le nom que la plupart des membres du groupe préfèrent frise l’irrespect. Les jeunes LGBT, souvent victimes de harcèlement, de brimades, et traités de tous les noms, sont particulièrement attentifs au langage qui manque de respect », pontifie James Martin.
 
C’est évidemment un faux raisonnement. Le Catéchisme parle de respect dû aux personnes et des « discriminations injustes » (ce qui suppose qu’il peut y en avoir de justes) qui peuvent frapper les homosexuels, insistant sur l’appel à la chasteté et à la sainteté qui les concerne toutes. Il les considère dans leurs difficultés face à une « tendance homosexuelle foncière », « intrinsèquement désordonnée », et non comme un groupe et encore moins comme une communauté revendiquant des droits à ce titre.
 
Le P. Martin va jusqu’à écrire que l’utilisation de certaines expressions, comme : « éprouvant une attraction à l’égard du même sexe », est souvent considérée comme manquant de respect voire injurieuse, ce qui selon lui ne facilite pas le dialogue avec ce groupe. « Si l’Eglise ne peut pas s’engager dans le dialogue, alors elle ne peut pas faire de la théologie comme il faut – c’est un chemin contraire à l’invitation du concile Vatican II qui l’appelle à être une Eglise dans le monde moderne (Gaudium et spes). » D’où l’idée que l’utilisation du terme LGBT « est à la fois une marque de respect et utile théologiquement ». Derrière le charabia, on devine la tyrannie sémantique : celle qui disqualifie toute disqualification d’emblée des comportements homosexuels. Et surtout, celle qui désigne l’activité homosexuelle comme un mal particulier, « contre nature », plus grave à se titre qu’une transgression sexuelle d’un autre ordre.
 

Le groupe activiste des « catholiques LGBT », un peu comme des vieux ou des Italiens…

 
Le deuxième point porte sur « l’inclusion », pour répondre à ceux qui dénoncent l’utilisation du terme qui séparerait ces personnes du reste de l’Eglise. C’est la même inclusion, argumente le Jésuite, que celle réservée par exemple aux jeunes catholiques, aux catholiques du troisième âge, aux parents catholiques… Parler de « catholiques LGBT » se bornerait à les identifier comme membres constitutifs du Corps du Christ en nous rappelant la riche diversité de l’Eglise signalée par saint Paul dans sa 1e lettre aux Corinthiens (12:20). On voit où il veut en venir : il s’agit de faire accepter les catholiques qui ont choisi de faire parti du lobby homosexualiste comme un groupe tout à fait légitime au sein de l’Eglise, et qui peut en tant que tel être pleinement intégré dans le Corps mystique de Notre Seigneur. Je vous laisse tirer les conclusions de cette revendication, non sans effroi.
 
Pour finir – parce que le P. Martin est habile et connaît les arguments de ses adversaires – il affirme que l’utilisation des mots « “catholiques LGBT” n’indique pas l’acceptation d’une idéologie ». Ici encore, l’argumentation est tordue : l’éditorialiste parle du fait que les personnes qui se décrivent au moyen du terme LGBT « ne considèrent pas leur sexualité ou leur identité comme le trait dominant de leur personnalité, pas plus que les gens qui ce désignent eux-mêmes comme “catholiques italiens” ou “catholiques âgés” » – comme s’il y avait un rapport.
 

S’ouvrir au monde LGBT pour faire des avancées théologiques : le P. James Martin invoque “Gaudium et spes”

 
Plus loin, il écrit : « De même, le terme ne constitue pas une déclaration de soutien à une idéologie politique ou à une position théologique. Par exemple, lorsqu’une jeune personne s’identifie comme “gay” ou “lesbienne”, elle exprime simplement une partie de ce qu’elle est, sans faire de quelconque revendication sur des questions controversées. En réalité, les personnes LGBT embrassent un large spectre d’engagements et de visions sociales, politiques, économiques. »
 
Ainsi, il esquive le fait central : la référence à une appartenance explicite à un groupe connu dans le monde pour son militantisme. L’adorateur de l’oignon ne fait pas que cela dans la vie, mais s’il revendique cette idolâtrie, c’est bien qu’il y adhère…
 
Plus gravement encore, tout en se défendant de contester l’enseignement de l’Eglise qui s’oppose au « mariage des couples de même sexe », le P. James Martin suggère que le synode peut bien accepter que les « couples gays puissent former une famille ». Là encore – sans surprise ! – en trois points.
 
Le premier porte sur « les différentes manières d’être une “famille” ».
 

James Martin, SJ, voit des familles partout – et annihile la morale sexuelle de l’Eglise

 
Maître ès sophistique, le P. Martin s’attarde sur les différences culturelles existant dans le monde, qui compte « tant de types différents de familles » au-delà de la famille nucléaire – alors même que le modèle du mariage est donné par la Genèse et que l’altérité homme-femme est toujours son fondement. Et voilà le P. Martin qui énumère les familles modernes définies par « l’amour et l’affinité » : « La mère célibataire et son enfant ; un homme divorcé avec son enfant adopté ; un couple remarié et divorcé avec enfants ; un couple engagé dans une union civile avec des enfants ; un grand-parent, une tante ou un oncle élevant petits-enfants, neveux ou nièces ; un tuteur légal vivant avec sa pupille ; des générations multiples d’adultes vivant avec des frères et des sœurs et des cousins ; une famille étendue de frères et de sœurs dont les parents sont décédés. L’exemple peut-être le plus fréquent, en tout cas en Occident, est constitué par le nombre croissant d’enfants naissant dans des couples de fait (hommes et femmes). Chaque groupe, quoique dans un environnement non traditionnel, se considérerait comme une famille. » Ou l’art de noyer le poisson…
 
On passe en effet de situations de fait, le plus souvent fondées sur les liens du sang, parfois causées par telle ou telle tragédie ou telle rupture, à l’idée de la famille multi-générationnelle – mais ce n’est pas le sujet. L’enfant est toujours – à moins de manipulations génétiques qui ne sont pas à l’ordre du jour – celui qui naît d’un homme et d’une femme, et la famille se définit autour de cette réalité première, même dans ses multiples variantes, voire distorsions. Par définition, deux hommes ou deux femmes ne peuvent sans… disons, un apport extérieur, enfanter, leur « mariage » n’est qu’une fiction légale, et leurs liens restent de l’ordre du sentiment, non de la réalité.
 

Reconnaître les couples homosexuels comme des familles, c’est justifier l’activisme LGBT

 
« L’Eglise peut ne pas approuver certaines de ces situations, mais elle les appelle tout de même des familles », assure le P. Martin en invoquant leur « complexité bien plus grande que nous ne l’imaginons » : « De la même façon, les couples gays peuvent former des familles et méritent d’être désignés par ce terme », dit-il. Si ce n’est pas la reconnaissance des unions homosexuelles, on se demande ce que cela peut bien être. C’est, ni plus ni moins, ce que revendiquaient les lobbys homosexualistes à travers leur militantisme pour l’union civile dans un premier temps, puis pour le « mariage ». On glisse là vers la revendication ultime du lobby : le droit à l’indifférence, et donc à l’indifférenciation qui est avant tout négation du réel.
 
Le deuxième argument avancé par le P. Martin porte sur l’idée que « les couples gays sont des “familles” à la fois au sens légal et au sens émotionnel ». Rappelant l’opposition de l’Eglise au « mariage » des couples de même sexe – c’est un passage obligé pour ceux qui veulent révolutionner la doctrine – le Jésuite souligne que « de plus en plus, les couples gays sont reconnus par les autorités civiles en tant que familles », ou du moins comme ayant une « affinitas », faisant d’eux « des familles au sens légal ». Il n’en dit pas davantage, montrant à quel point dans les révolutions de ce type, le fait suit le droit, et non l’inverse.
 

Le Père James Martin réduit la famille à l’amour – quel qu’il soit

 
Pour ce qui est du sens émotionnel, Martin adopte tout aussi pleinement l’argument de « l’amour » : « Ces familles sont aussi un lieu où réside l’amour – dans le soin mutuel, soin des enfants, soin des parents vieillissants, soins de la communauté au sens large – exactement comme l’amour réside dans les familles traditionnelles. De nombreux couples gays adoptent également de manière héroïque les enfants les plus désavantagés et les plus marginalisés. De telles familles assurent de la stabilité sociale dans le monde et contribuent à l’épanouissement de la société dans la mesure où elles soutiennent autrui dans la communauté et contribuent au bien commun. »
 
Autrement dit : circulez, il n’y a rien à voir sinon du bon, c’est la vie en rose sans la moindre considération morale et encore moins sans la moindre prise en compte des injustices et difficultés liées au fait de priver délibérément un enfant de père ou de mère. Mais chut ! Dire cela est déjà contraire au langage imposé par « la communauté LGBT », ce qui dévoile, soit dit en passant, sa tyrannie.
 
Le troisième point concernant les « familles » homosexuelles et la conclusion de cet article véritablement ahurissant touche à leur vie spirituelle. Ici, par un glissement bien calculé, on aboutit à une déclaration qui confine au blasphème. Rappelant une fois de plus que l’Eglise est opposée au « mariage des couples de même sexe », le P. Martin évoque les besoins spirituels de ces couples et des enfants « en tant que membre de “familles” » : « Bien que mariés sans l’approbation de l’Eglise, les parents gays font beaucoup de choses comme d’autres parents : aimer leurs enfants, assurer leur éducation et s’efforcer de les aider à répondre au désir qu’a Dieu pour eux en tant que personnes. » Ils veulent voir les enfants faire partie de l’Eglise, poursuit James Martin, recevoir les sacrements, puiser dans « le trésor des grâces de l’Eglise » – c’est bien le signe de la grâce à l’œuvre dans leur cœur, assure le Jésuite, et ce d’autant plus si ces personnes « se sont senties blessées par l’Eglise ».
 
Il faudrait donc éviter que ces enfants ne se sentent pas reconnus en tant que membres d’une famille sous peine de les pousser à se sentir exclus de l’Eglise…
 

Si les couples homosexuels sont des familles, ce sont des « églises domestiques » : CQFD

 
Dans la théologie morale du P. Martin, il n’y a pas de place pour la vérité, la responsabilité, et la liberté qui naît de la reconnaissance exacte des faits qui seule ouvre au pardon et à la grâce. On pense à la petite Laura Vicuña, morte à 13 ans après avoir offert sa vie et ses souffrances pour que sa mère renonce à vivre en concubinage et puisse aller au ciel : elle a été béatifiée en 1988 par Jean-Paul II pour son héroïsme sacrificiel né de sa conscience que sa mère vivait dans une « situation irrégulière »…
 
Non, le P. Martin a une autre idée de l’enseignement de l’Eglise. Il écrit, pour conclure : « La famille a souvent été appelée la “petite église” où les enfants découvrent d’abord Dieu et l’amour. Ainsi, la meilleure raison peut-être d’utiliser le terme “famille” pour ces couples et leurs enfants est qu’ils sont un lieu d’amour. »
 
Il fallait bien y arriver : à l’identification des foyers des couples homosexuels comme des « églises domestiques ». A ce point d’infernale inversion, on serait presque tenté de rester sans voix.
 
Mais cela, c’est l’option aujourd’hui impossible. Le P. Martin n’est pas un rebelle au petit pied : c’est un porte-parole d’un ordre qui se veut au service du Christ, un donneur de leçons écouté dans les plus hautes sphères du Vatican, un prêtre qui a été invité à parler de « l’accueil des LGBT dans nos paroisses » lors de la dernière Rencontre mondiale des familles » à Dublin, pour y donner une conférence « vérifiée et approuvée par le Vatican ».
 
Il nous faut hurler notre colère. Et implorer miséricorde.
 

Jeanne Smits