Pour libérer le travail, Manuel Valls veut appliquer davantage de socialisme

Libérer travail Valls davantage socialisme
Le Premier ministre Manuel Valls et la ministre du Travail Myriam El Khomri ont affirmé lundi 11 avril que que les CDD seraient davantage taxés.

 
Lundi, Manuel Valls avait manifestement décidé de prendre le taureau par les cornes. Alors que se déroulent les tractations sur l’assurance-chômage, le premier ministre a préconisé une surtaxation des contrats de travail de courte durée espérant ainsi inciter les entreprises à privilégier les contrats à durée indéterminée. Comment peut-on espérer libérer le monde du travail qui étouffe depuis des décennies sous le poids croissant du socialisme en en ajoutant toujours davantage ?
 
Bien sûr, on peut reconnaître au premier ministre de n’avoir pris personne en traître puisque cette mesure, qui s’inscrit dans le plan lancé en direction des jeunes qui protestent contre la réforme du Code du travail, semble traîner dans la cervelle ministérielle depuis quelque temps.
 

Manuel Valls veut davantage de socialisme

 
La majoration des cotisations sociales patronales d’assurance-chômage pour les contrats de moins de trois mois est déjà prévue par une loi de 2014, sans que cela ait rien changé, la démarche actuelle de Manuel Valls le prouve, à la situation.
 
La proposition du premier ministre a donc été immédiatement dénoncée par les organisations patronales, Medef et CGPME en tête, qui la jugent non seulement inefficace, mais surtout, et bien au contraire de ce qui est prétendu, pénalisante à la fois pour les entreprises et pour l’emploi.
 
Dans un communiqué, la CGPME a même posé un « niet » catégorique, en affirmant qu’elle proposerait prochainement à ses instances dirigeantes d’envisager « la question de son départ de la négociation en cours sur l’assurance-chômage », qui doit normalement reprendre le 28 avril.
 
La proposition syndicale d’instaurer, en échange en quelque sorte, un système de bonus pour les entreprises recourant aux CDD longs ou aux CDI n’a pas suffi à calmer les ardeurs patronales, déjà largement échauffées par le détricotage de la loi travail.
 
Le vice-président de la CFTC, Joseph Thouvenel, a mis en cause, en l’occurrence, la démarche gouvernementale : « Le gouvernement fait des annonces qui fâchent le patronat et viennent perturber les négociations sur l’assurance-chômage, sur un terrain où ce sont normalement les partenaires sociaux qui ont la main. »
 

Libérer le travail, en plombant les CDD…

 
Même au sein du Parti socialiste, l’annonce n’a pas eu l’heur de plaire. Mais cela est devenu si commun qu’on ne semble plus même s’en étonner…
 
Le député socialiste de la 18e circonscription de Paris, Christophe Caresche, n’a d’ailleurs pas hésité à qualifier la proposition de Manuel Valls de « connerie » et de « politique de gribouille ». Et il pointe dans la navigation à vue du gouvernement Valls une contradiction : « On a fait le pacte de responsabilité pour abaisser le coût du travail et aujourd’hui on l’alourdit. (…) Je ne comprends pas cette mesure. Je pense que le gouvernement devrait y réfléchir avant de la présenter à l’Assemblée nationale. »
 
Son collègue de Saône-et-Loire, Christophe Sirugue, par ailleurs rapporteur du projet de loi sur la réforme du Code du travail, a, pour sa part, dénoncé une mesure contre-productive : « Le CDD, c’est aussi une forme de souplesse, parfois souhaitée par certains salariés. »
 

L’OCDE pointe la France

 
L’intervention de Manuel Valls tombe d’autant plus mal que l’OCDE a publié mardi son classement sur les pays où la pression fiscale sur les salaires est la plus forte, où il apparaît que la France se trouve au sixième rang.
 
Le rapport précise même que, sur un autre plan, « les employeurs en France paient 27,5 % des coûts totaux de main-d’œuvre sous forme de cotisations de sécurité sociale, soit le niveau le plus élevé parmi les pays de l’OCDE ».
 
On comprend que les patrons regardent la proposition gouvernementale d’un sale œil. Mais, quand bien même le rapport de l’OCDE ne viendrait-il pas de sortir, comment peut-on croire qu’il suffirait de taxer davantage les CDD pour que les entreprises multiplient les CDI ? Il faut, à tout le moins, qu’elles en aient tout à la fois le besoin et les moyens…
 

François le Luc