Libero Milone, débarqué du jour au lendemain de son poste d’auditeur général des finances du Vatican lors d’une spectaculaire intervention de la gendarmerie du Vatican en juin 2017, vient de bénéficier du retrait intégral de toutes les accusations qui pesaient sur lui. Il ne fera « l’objet d’aucune procédure criminelle ni condamnation », lui ont signifié le promoteur de la justice du Vatican ainsi que le président du tribunal du Vatican. Un blanchiment pour le moins défectueux, puisque pour l’heure en tout cas, il ne semble pas que cet homme dont la réputation a été gravement atteinte se soit vu proposer une quelconque réparation que l’injustice dont il a été victime exige évidemment.
L’affaire Libero Milone est caractéristique des prétendues réformes financières engagées à la suite de l’élection du pape François, dans un contexte de corruption dramatique dans certaines institutions financières du Vatican. Son renvoi dans des conditions humiliantes et rocambolesques a été raconté par le menu dans Le Pape Dictateur d’Henry Sire, à paraître très bientôt aux éditions de la Délivrance.
Pas de poursuites contre Libero Milone, auditeur des finances du Vatican
Tout laisse croire que la persécution judiciaire dont a fait l’objet Libero Milone a été consécutive à une mise au jour par lui-même et son équipe de douze salariés de preuve de malversations. On sait en tout cas qu’à époque, le sous-secrétaire d’Etat du Vatican, Mgr Angelo Becciù – fait cardinal depuis, et nommé préfet de la congrégation pour la cause des saints – avait balayé les protestations d’innocence de Libero Milone. Celui-ci, sans aller au fond des choses parce qu’il avait dû s’engager à la discrétion, annonçait qu’il avait été débarqué sous la pression de ceux qui résistent aux réformes financières, lorsqu’ils ont compris que l’auditeur général pourrait faire un rapport défavorable sur leur compte au pape et au cardinal Parolin. (Henry Sire propose une analyse moins binaire, vu que le pape François n’a pas combattu, c’est le moins que l’on puisse dire, les résistances aux réformes largement vidées de leur contenu aujourd’hui.)
Quelle qu’en soit la raison, le renvoi de Milone a eu lieu dans des circonstances qu’il a détaillées en septembre : menacé d’arrestation, il a dû signer une lettre de démission préparée à l’avance. Angelo Becciù l’a accusé alors d’avoir fait des déclarations fausses et injustifiées : « Il allait contre toutes les règles ; il épiait la vie privée de ses supérieurs et de ses employés, moi y compris. S’il n’avait pas démissionné, nous l’aurions poursuivi. »
Libero Milone, un blanchiment tardif
Un récit confirmé il y a quelques jours par la police vaticane, selon laquelle l’auditeur général avait outrepassé ses autorisations et ses compétences… mais que la décision de lever toutes les accusations dont il fait l’objet, annoncée samedi par Milone sur la chaîne SKY TG24 oblige à considérer sous un autre angle. Edward Pentin du New Catholic Register a d’ailleurs obtenu le 5 juillet des informations d’une source très proche du dossier qui lui a déclaré que Milone » avait apparemment mis au jour des détournements de fonds certains et évidents et qu’on ne pouvait plus attendre avant de le mettre dehors ».
Cette même source a précisé : « Depuis le début de son mandat, l’auditeur général a été tenu à l’écart et son travail a été entravé : la vieille garde ne voulait pas établir des contrats au bénéfice de ses employés, on s’est efforcé de les épuiser nerveusement, et lui, on l’a empêché d’avoir accès au pape. » Avec le cardinal Georges Pell, préfet du Secrétariat pour l’économie – efficacement tenu à l’écart par son renvoi en Australie à la suite d’une très opportune accusation visant de supposés gestes déplacés sur des jeunes garçons il y a des dizaines d’année – Milone se révélait de plus en plus efficace et « se rapprochait dangereusement du moment où il mettrait au jour des affaires dangereuses », a ajouté la source.
L’auditeur des finances blanchi, mais la réforme des finances du Vatican n’est pas pour demain
Il est établi en effet que peu de temps après sa nomination en 2015, l’auditeur général a porté plainte auprès de la gendarmerie vaticane après avoir constaté que son ordinateur avait été physiquement visité et aussi piraté, comme le rappelle Pentin – c’était l’affaire Vatileaks II.
Depuis sa démission forcée, Milone, victime d’une grave mise en cause de sa probité professionnelle, n’a pas pu retrouver de poste. La justice la plus élémentaire voudrait qu’il retrouve son poste d’auditeur général, qu’on lui verse ses arriérés de salaires et aussi des dommages. Cela ne semble pas être à l’ordre du jour et le bureau du cardinal Becciu, contacté par le New Catholic Register, a refusé de commenter, au motif que le cardinal est en vacances.