Pas un jour ne passe ou presque où quelque acteur de l’immobilier ou du bâtiment ne vienne se plaindre de la crise du logement qui ne fait que s’aggraver. Baisse des transactions, taux d’intérêt trop élevés, folle réglementation dite « verte » en matière de rénovation énergétique et de DPE, interdiction progressive de louer une part importante du parc immobilier français, loi de zéro artificialisation nette qui fait exploser les prix des terrains à bâtir, inflation, chute de la valeur de la propriété individuelle : les facteurs sont multiples et pour beaucoup le fait de décisions politiques. Pour beaucoup, et notamment pour les jeunes familles qui cherchent à s’établir, la situation est devenue intenable et menace de s’aggraver. Ce que l’on dit moins, c’est qu’il en va de même dans de nombreux pays : Britanniques, Néerlandais, Allemands, Italiens, Américains et certainement beaucoup d’autres sont confrontés à des problèmes similaires. Et même si les causes ne sont pas identiques partout, elles créent une demande politique. Ainsi, aux Pays-Bas, la question du logement est la priorité numéro 1 que les 18-35 ans disent prendre en compte pour leur choix lors de prochaines élections. Alors que le secteur souffre assurément d’un immense manque de liberté, on semble devoir aller vers encore plus d’interventionnisme de l’Etat. En France, celui-ci se traduit de plus en plus en une hostilité à l’égard des propriétaires et des bailleurs, taxés et surtaxés et soumis à des réglementations telles qu’ils peuvent avoir envie de jeter l’éponge. Prochaine étape : la réquisition des logements vacants ? La gauche en rêve.
Des crises du logement dans toute l’Europe
Mais cette conjonction des crises similaires à travers différents pays devrait susciter au moins quelques interrogations. D’autant que ce n’est pas la première, ni la dernière… Après le covid il y a quatre ans, menace pour la santé, puis la grande peur de l’extinction des feux et surtout des chauffages l’hiver dernier, il semble qu’on aille vers une succession de manques, de pénuries et de difficultés affectant le plus grand nombre, et toujours simultanément dans plusieurs pays.
Avant, il y avait le chômage. Dramatique pour ceux qui en étaient victimes, mais enfin cela ne frappait pas la population dans son ensemble. En gros, les choses fonctionnaient. Et si des questions politiques majeures se posaient, elles n’affectaient généralement pas lourdement la vie quotidienne (sinon, par exemple, pour le petit Blanc coincé dans le 9-3). Aujourd’hui, c’est monsieur tout le monde qui est atteint dans ses besoins essentiels.
Avec le covid, c’était la santé, et sur ce front-là la crise continue à travers la pénurie de soins et de médicaments qui ne se limite pas du tout à la seule France : en mars dernier, l’ONU se lamentait de la pénurie de personnels soignants dans 55 pays, à commencer par ceux d’Afrique que fuient les jeunes médecins et infirmiers pour aller vers des postes plus lucratifs ailleurs. Cela n’empêche pas l’ensemble de l’Europe d’être confrontée un système de soins gravement dégradé. Comme s’il était impossible de prévoir les besoins des populations. On n’y croit guère.
Santé, logement, énergie, nourriture, les crises des besoins essentiels se multiplient
Logement, santé… Il manquait la nourriture au tableau. Avec l’inflation provoquée notamment par la gestion du covid, qui avait eu le mérite pour les nouveaux tyrans de démontrer que la majorité est prête à suivre les injonctions les plus absurdes et les plus liberticides quand il en va de la peur de mourir, même lorsque celle-ci ne résiste pas aux faits, on arrive à la situation actuelle d’inflation galopante des prix alimentaires et d’attaques contre ceux qui les produisent en Europe, toujours au nom du « développement durable ». Pays-Bas, Allemagne, Belgique, France : les paysans prennent de plein fouet des réglementations dont les autorités savent très bien qu’elles auront pour effet d’en faire disparaître un très grand nombre.
Une fois de plus, il s’agit d’une crise qui semble voulue, orchestrée, à laquelle répondent l’inaction délibérée ou des propositions hors sujet de la part de pouvoirs publics dont on sait pourtant bien qu’ils ont des oreilles pour entendre et des yeux pour voir.
L’interventionnisme de l’Etat : un autre mot pour le socialisme présenté comme sauveur
Hélas, on a trop habitué les citoyens à attendre la solution de ce type de crise de ces mêmes pouvoirs publics, tout en escamotant leur responsabilité directe. Le risque d’aller vers toujours plus de socialisme, toujours plus de règlements, toujours plus d’assistance dont le véritable effet consiste en l’asservissement des assistés. Si l’on voulait marcher vers un socialisme universel, appuyé sur la micro-réglementation de tous les détails de vie dans les domaines du logement, de la santé, des déplacements, de l’énergie, de la nourriture, on ne s’y prendrait pas autrement.
Le risque – mais peut-être ce risque-là fait-il aussi partie de l’équation – est de voir les populations européennes se détourner de ceux qui leur pourrissent aussi scientifiquement la vie. L’European Council on Foreign Relations analysait il y a quelques jours les sondages et les tendances en vue des prochaines élections européennes, et annonce un virage sans précédent vers la droite dite « radicale » qui pourrait pour la première fois donner aux « populistes de droite » la majorité au Parlement de Strasbourg.
On s’inquiète de ce qu’une telle configuration puisse modifier l’attitude de l’Union européenne à l’égard de l’Ukraine et favoriser le soutien à Poutine, dont il faut rappeler qu’il a depuis de longues années courtisé les partis et mouvement dits « anti-système » en Occident.
Cela pose la question de savoir si tel ou tel manipule les crises (ou se contente de tirer les marrons du feu). Mais à faire passer le citoyen lambda de peur en peur et de crise en crise, on crée certes les conditions d’une vraie révolution.