Le quotidien gauchiste en ligne Mediapart se comporte toujours plus en tribunal moral permanent de la république, et s’attaque au nom du bien tantôt à l’extrême droite, tantôt aux hommes depuis MeToo, tantôt à « l’empire Bolloré ». En tant que patron de l’émission « Touche pas à mon poste », Cyril Hanouna cumule et vient d’être l’objet d’une délation vertueuse par Mediapart pour des propos tenus hors antenne voilà deux ans sur la prestation d’une ancienne Miss France aux Victoires de la Musique. Il a diffusé un enregistrement audio volé pour montrer Hanouna du doigt. Le procédé rappelle la Terreur et la loi des suspects en 1793. Mais le plus inquiétant est que la presse dite « mainstream », au lieu de dénoncer ces méthodes de basse police politique, relaie « l’information » et instruit le procès du présentateur. Des propos privés et tenus cachés par leur auteur font maintenant l’objet d’attaques publiques. C’est le fruit d’un déclin du droit et de l’esprit public qui ouvre la porte au totalitarisme.
L’audio volé : « C’est une chèvre. Elle est nulle »
Les propos tenus par Hanouna dans « l’audio » volé, s’ils sont correctement retranscrits, ne manquent pas de franchise : « Non mais arrête, c’est une chèvre. Arrête un peu de dire qu’elle est bien. Mais c’est horrible, arrêtez, c’est catastrophique. On a trouvé que ça à France Télé ? (…) on n’est pas obligé de mettre une fille. Mais elle est nulle. J’ai jamais vu une nullité pareille. (…) Elle, elle est cheum [moche, NDLR] en plus. Elle a une tête de cheval (…) ça fait beaucoup. » L’homme n’a jamais prétendu à l’élégance, ses émissions tiennent du casse boîte, et l’on n’est forcé ni de la regarder, ni d’y aller. Il a cependant le droit de penser que la performance de la dame en question était mauvaise et que son physique ne lui plaît pas. Quant à la phrase, « on n’est pas obligé de mettre une fille », le Huffington Post estime que « le présentateur de TPMP se livre alors à une “avalanche sexiste” contre elle, comme le qualifie à juste titre le journaliste Matthieu Magnaudeix ». Or cette phrase est en fait rien moins que sexiste : elle s’oppose au contraire au sexisme dominant qui prétend imposer un visage féminin dans toute émission, même si rien ne le justifie, comme on mettait naguère une jambe nue ou une poitrine opulente dans toute publicité pour les voitures.
La presse mainstream contre Hanouna et Bolloré
Voici maintenant comment L’Indépendant de Perpignan présente la chose : « Mediapart révèle un nouvel enregistrement à charge. Ce mardi 25 mars, “A l’air libre”, présentée par Mathieu Magnaudeix, s’est intéressée à l’empire médiatique de Vincent Bolloré. » Pas un mot de réserve. L’Indépendant approuve le « nouvel enregistrement à charge » et n’est pas mécontent qu’on mette en cause « l’empire » Bolloré. Il poursuit : « Au cours de la web-émission, le journaliste David Perrotin a affirmé que Cyril Hanouna a “rendu banale cette violence inouïe qu’il déploie à l’antenne avec ses humiliations”. “C’est un des personnages médiatiques les plus violents, les plus agressifs mais qui le fait sans être jamais véritablement inquiété et dans une impunité totale”, a-t-il déclaré estimant que la star était protégée par le patron du groupe Canal +. » Le ton est neutre et rien ne vient tempérer si peu que ce soit les accusations de violence, d’agressivité et d’humiliation – pourtant gratuites puisque les propos enregistrés dans « l’audio » étaient tenus hors antenne en l’absence de la personne qu’ils désignaient pour cible.
Mediapart fait de la pub pour Mediapart relayant Mediapart
En fait, « A l’air libre » est une chaine Youtube de… Mediapart, qui se fait gentiment de la pub. David Perrotin est journaliste au « pôle enquête de Mediapart », et Magnaudeix, rédacteur en chef à Mediapart, se définit ainsi dans son CV : « Fier adhérent, et co-fondateur, de l’Association des journalistes LGBT. » Et ce qui le rend fou, c’est « l’homophobie » présumée d’Hanouna. En 2017, déjà, il avait publié une chronique, pour le coup violemment agressive, contre Hanouna que les Inrockuptibles avaient encensée. Il l’y traitait de « petit con », de « décérébré » de « pauvre mec », de « courtisan », le tout noir sur blanc, publiquement. Sur le site s’affiche tout aussi tranquillement le titre complet de l’émission : « Vincent Bolloré et son empire : enquête sur un monde de brutes. » Et voici le petit laïus de présentation : « C8 ferme, Hanouna part sur M6, mais l’empire médiatique de Vincent Bolloré reste une menace pour la démocratie et l’information. Dans “A l’air libre”, enquête sur le système Bolloré, un monde marqué par la violence économique, sociale, humaine et idéologique. »
Une loi pour surveiller l’intime : tous suspects, tous policiers !
On a donc affaire à des délateurs vertueux qui, ayant eu la peau de C8 grâce au bras armé de l’ARCOM, très réceptif à leur idéologie, continuent leur « combat » contre « l’empire Bolloré » et son principal Satrape, Cyril Hanouna. Cela, c’est très compréhensible, c’est du journalisme partisan, pour qui tous les moyens sont bons, ça existe. Ce qui surprend plus, c’est la manière dont L’Indépendant, quotidien de la Presse régionale, théoriquement tenu à une impartialité au moins de forme, reprend le dossier, sans même signaler les liens de Magnaudeix et Perrotin avec Mediapart, ni leur contentieux antérieur avec Hanouna. Quand il atteint cette intensité, le silence est une désinformation – elle vise à masquer ce qu’a de monstrueux le fait de dénoncer publiquement des propos privés pour nuire à leur auteur après en avoir dérobé l’enregistrement. Mais les médias ne font ici hélas que suivre la représentation nationale : la chambre des députés a voté le 6 mars 2024 en première lecture une proposition de loi visant à réprimer « l’injure et la provocation à la discrimination ou à la haine en raison notamment de la race, du sexe, de l’orientation sexuelle ou encore du genre » dans des propos privés. Le tout pour « préserver notre pacte républicain ». Le totalitarisme participatif est là. Tout le monde est suspect, tout le monde devient policier de la pensée.