Emmanuel Macron lance son mouvement politique

Macron mouvement politique
A nous deux… la France ?

 
C’est au tour d’Emmanuel Macron d’entrer dans la danse ! Le ministre de l’Economie a lancé mercredi son propre mouvement politique, nommé « En marche ! » Avec l’intention affichée de travailler aussi bien avec des gens de gauche que des gens de droite dans l’espoir de faire sauter les « blocages » actuels de la société française.
 
C’est à l’occasion de « rencontres citoyennes » organisées dans sa ville natale d’Amiens qu’Emmanuel Macron a lancé le mouvement « En Marche ! » « J’ai mis du temps, j’ai réfléchi, j’ai consulté, j’ai associé beaucoup de gens et j’ai décidé qu’on allait créer un mouvement politique, un mouvement politique nouveau qui ne sera pas à droite, qui ne sera pas à gauche », a déclaré le ministre.
 

Emmanuel Macron « en avant ! »

 
Emmanuel Macron ne renie pas pour autant ses idées. « Je suis d’un gouvernement de gauche et je l’assume totalement, avec les valeurs auxquelles je crois et ce qui me caractérise. Mais je veux travailler avec des gens qui se sentent aujourd’hui à droite, aussi », explique-t-il.
 
Il n’entend pas non plus afficher – pour le moment… – une ambition personnelle, manifestement redevable à François Hollande de l’avoir lancé en politique : « Ce n’est pas un mouvement pour avoir un énième candidat de plus à la présidentielle, ce n’est pas ma priorité aujourd’hui. Ma priorité c’est la situation du pays. »
 
En pratique, il espère parvenir ainsi à « construire quelque chose d’autre », à « essayer d’avancer » face aux « blocages de la société », en acceptant tout le monde. Il a déclaré n’avoir pas d’opposition à l’idée d’adhésions multiples, et entend donc intégrer des adhérents d’autres partis. Si ces autres partis ne tordent pas leur nez, ce qui n’est pas gagné…
 
Celui qui déclarait, le mois dernier, avoir « envie de faire plus pour [s]on pays », a donc choisi la voie qui consiste à briser les tabous, ce qui l’a amené à critiquer, une nouvelle fois, certains marqueurs de gauche, tels la semaine de travail de 35 heures ou l’emploi garanti des fonctionnaires.
 

Nouveau mouvement politique, nouvelle démarche ?

 
Une démarche qui agace, pour l’heure, au sein de son camp. « Il a énormément de talent. (…) Il y a une seule chose qu’il faut toujours avoir en tête : le talent, pour qu’il s’exprime sur le long terme, il doit s’inscrire dans une aventure collective », affirmait récemment avec quelque ironie le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll.
 
L’opération de cohabitation intellectuelle dans laquelle prétend se lancer aujourd’hui Emmanuel Macron n’est pourtant pas tout à fait neuve. Depuis les premières cohabitations politiques, il y a près de trente ans, l’idée a fait son chemin, d’autant plus facilement que la construction européenne a tendance à laminer les expressions trop partisanes.
 
Nicolas Sarkozy avait ainsi tenté l’expérience de ministre de gauche dans ses gouvernements. Le Front national a également usé de l’idée « ni droite, ni gauche ». Pour l’heure, on peut dire que toutes ces tentatives n’ont eu que des résultats mitigés. L’avenir dira si l’essai d’Emmanuel Macron ne sera qu’un énième avatar de cohabitation, ou s’il réussira vraiment à aller « en avant »…
 

François le Luc