Macron et le pape François au Vatican : Sainte Alliance pour les migrants

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Intronisé chanoine de Saint Jean de Latran selon la tradition, le président Macron a eu une longue entrevue avec le pape François : ils ont accordé leurs violons sur les migrants pour opposer à la fermeté des populistes une Sainte Alliance européenne de l’accueil.
 
Avec sa bougeotte et ses menottes, Sarkozy avait surpris Benoît XVI. Le pape avait pris un instant pour remettre sa mozette d’aplomb. A l’époque on n’était pas habitué au tout tactile, au tout smartphone et aux selfies. Il innovait, Nicolas. En matière théologico-politique aussi. Il installait dans le paysage européen la laïcité positive à l’américaine, et donnait pour mission aux religions de « civiliser la politique de globalisation ». Auparavant il avait rappelé les racines chrétiennes de la France pour réparer les relations entre l’Eglise et l’Etat, gâtée par la séquence 1880 -1914.
 

Macron au Vatican : du Sarkozy sans imagination

 
Macron nous refait un peu le coup, bien sûr, pour capter une partie de l’électorat catholique, mais avec moins d’inventivité. L’espèce d’abrazzo mou qu’il a fait à François, c’est très ordinaire, après les hugs de Trump et les câlins de Trudeau. Quant à ses paroles, c’est du Sarko délayé, en moins complet et moins philosophique, une copie de seconde sur la laïcité. Enfin, la liste des invités que Macron a amenés à Rome, si on la compare à celle de Sarko, montre la limite du personnage : elle est le fait d’un vrai premier de classe chouchou de Maman Brijou, sérieux comme un pape, technocrate jusqu’au bout des rouflaquettes. Dans le Falcon de Sarko se trouvaient en effet le père Gilbert, le curé des loubards, Jean-Marie Bigard et Patrick Buisson. Un côté Rapetou finalement assez réjouissant.
 

La Sainte Alliance pour l’immigration, et une pincée de snobs

 
Macron, lui, s’est pelé les directeurs de la Croix et de KTO, Dominique Wolton, Edouard Tétreau, un ancien d’HEC qui donne dans la dissertation économique mondialiste et en a rédigé une pour le pape François, L’espèce humaine survivra-t-elle à l’économie du XXIème siècle ?, Dominique Potier, chrétien de gauche et poisson rose, Valérie Régner, présidente pour la France de la communauté Sant’Egidio, association internationale syncrétiste, mondialiste, immigrationniste, qui se réclame de « l’esprit d’Assise ». Bref, aussi ennuyeux et aussi à gauche qu’une page du Monde. On ne peut pas dire que Macron n’annonce pas la couleur, même s’il enrobe la pilule par quelques excipients, tel le chroniqueur religieux du Figaro, ou l’inusable Caroline Pigozzi, qui sévit maintenant à Match, n’a jamais été fichue d’écrire une ligne mais connaît les papes par leur diminutif et a gardé les cochons avec tout ce qui compte de familles influentes en Europe.
 

Macron et le pape François font leur coming out

 
Macron n’avance donc pas masqué. Il est venu faire de la politique de gauche avec le pape en espérant se mettre le plus possible de catholiques dans la poche, car l’espèce est sentimentale et obéit au Souverain Pontife, même la mort dans l’âme. Cette espèce d’impudeur, ou plutôt de narcissisme partagé, caractérise aujourd’hui non seulement la communication d’Emmanuel Macron et celle du pape François, mais tous les gestes, faits, et dits d’une révolution mondialiste en train de se dévoiler à mesure qu’elle pense avoir la situation suffisamment en main pour ne plus avoir besoin de rester masquée. On exhibe les réseaux à l’œuvre, les activistes mondialistes qui travaillent à la révolution de l’Europe et de l’Eglise.
 
Une fois fait leur coming out, Macron et le pape François ont mis en scène leur accord et leur inquiétude face aux « populistes » d’Italie et de l’Est en conversant ensemble 57 minutes (l’audience la plus longue) et en se prodiguant force caresses. Etant donné la réputation de Macron en matière de législation du travail, voilà une preuve que, pour François, la libre circulation des migrants est plus importante que le maintien des « avantages acquis » en matière sociale.
 

La Sainte alliance du libre-échange, migrants compris

 
C’est donc la Sainte Alliance du libre-échange qui s’est constituée au Vatican. On en a vu le premier effet concret par le partage des migrants du Lifeline, où France et Italie ont pris leur part. Pour Macron, c’est malin : il peut présenter une politique gauchiste en matière de migrants comme une concession au pape. Pour le pape François, Macron était la seule carte à jouer : Pedro Sanchez étant un anticlérical anticatholique maçon forcené, Conte devant suivre sa feuille de route protectionniste, et Merkel étant protestante. Cette Sainte Alliance Macron-François vise explicitement à confondre spirituel et temporel, ou plus exactement à mettre celui-là au service de celui-ci, au mépris du christianisme. Elle ne tient pas plus du désir des peuples européens qu’elle ne tient compte de la doctrine de l’Eglise ; elle a pour objectif de mettre l’autorité de l’Europe de Bruxelles et celle du Vatican au service de l’Evangile mondialiste. C’est là qu’il est utile de se demander : à quoi sert aujourd’hui l’Eglise ? Pourquoi ses ennemis l’ont-ils laissé perdurer ? La réponse est : pour qu’elle serve d’adjuvant à la gouvernance mondiale. La personnalité et l’action du pape François le montrent sans ambiguïté.
 

Pauline Mille