Madame Bovary est l’énième adaptation au cinéma du célèbre roman de Flaubert. Une jeune fille de la campagne, mais fille d’un riche cultivateur, et à l’éducation soignée, épouse un médecin de bourg rural normand, M. Bovary. Cet homme est bon, mais il est faible, et de façon générale assez nul. Insatisfaite, elle se livre à une frénésie de liaisons adultérines, se ruine en dépenses extravagantes, et ruine son mari par l’occasion. Ce roman vaut pour la qualité exceptionnelle de son écriture, impossible à rendre au cinéma. La morale est sauve si l’on veut, au sens où la mauvaise femme reste toujours insatisfaite dans sa quête désordonnée de plaisirs, toujours malheureuse, et finit par se suicider, en mourant en outre dans des souffrances atroces.
Madame Bovary, une bonne transposition, qui invite à relire le roman
Le cinéma français récent, et la télévision, ont multiplié les transpositions les plus obscènes, insistant visuellement sur les égarements de Mme Bovary, ou sa mort tourmentée par le poison, mêlant sexe et horreur, deux anti-idéaux de notre temps. Rappelons que la transposition humoristique Gemma Bovery (2014) n’a pas été une franche réussite non plus. Ici, et c’est l’intérêt majeur de cette adaptation, le spectateur ne subit rien de tel. Certains plans comportent hélas des acteurs peu vêtus, mais finalement assez peu, ce qui constitue une excellente surprise pour ce sujet.
Les coupes nécessaires dans le roman pour la transposition cinématographique ont été faites : donc si les scènes connues de Flaubert ne sont pas toutes là, le film n’est pas trop long. On ne sent pas passer les deux heures. Les caractères principaux sont vraiment saisis dans leur substance. Tout est juste : les époux Bovary, les amants de madame, le pharmacien libre penseur Homais, le bon curé de campagne. Le curé est même un bon prêtre, d’un solide bon sens rural et chrétien. Ainsi, pour un public adulte averti, cette Madame Bovary est-elle une bonne transposition, qui invite à relire le roman?
Hector Jovien