Politique
 

Un réalisateur ukrainien inconnu, réalise, avec le soutien de fonds américains et néerlandais – déclarés dans les crédits -, un film à la gloire des insurgés de la Place Maïdan, qui ont occupé ce vaste espace public de Kiev, ainsi que tout le quartier environnant. Au moins, le choix du camp est clair, celui du Bien, contre le « Mal » ; il fournit un témoignage qui sonne juste sur les militants, leurs motivations, simplistes et très générales, leurs modes d’actions. Montrer les révolutionnaires de Maïdan, et eux seuls, s’avère beaucoup plus supportable pour ceux qui ne sont pas convaincus que les « documentaires » très orientés tout en prétendant monter les deux camps, français ou américains. Il fournit un témoignage historique exceptionnel, et chose étonnante, à peu près honnête : les policiers que l’on voit semblent remarquablement professionnels, disciplinés dans les circonstances les plus pénibles – jets de pavés… Un policier est même montré abattu par un coup de feu venu de la foule, sans doute possible… Il aurait suffi d’une coupure de 30 secondes au montage, eh bien non, tant mieux.
 

Maïdan, l’illusion de la liberté

Les mots d’ordre sont des plus flous, réclament la Liberté, refusent l’esclavage ou le communisme… La foule se persuade en février de prendre d’assaut le Parlement, et y parvient, au prix de quelques dizaines de morts. Il est intéressant de noter cette merveilleuse bonne conscience, et les modes particuliers d’expression d’Europe de l’Est, avec chorales, récitation de poèmes patriotiques par les compositeurs, et bénédictions des popes. Le spectateur occidental se croit revenu en 1848, avec une dominante nationaliste, une vague idée paneuropéenne, et la haine du nationalisme du voisin, donc le Russe, qui tend logiquement à répliquer sur le même ton. C’est bien triste au fond. Il s’agit visiblement d’un tout autre monde, plutôt nettement meilleur d’ailleurs, que celui de l’Union Européenne, qui n’a rien à voir avec celle de leurs rêves obstinés complètement déconnectés des réalités. Les images permettent de confirmer l’ampleur de la foule, son organisation paramilitaire par dizaines de milliers d’hommes jeunes, de comptabiliser les drapeaux, massivement ukrainiens ; aucun excité n’en brandit un nazi, contrairement à tous les photomontages moscovites. Quel est donc le résultat de cette Révolution de Maïdan ? Aujourd’hui la Crimée est perdue au profit de la Russie, l’Est de l’Ukraine est en guerre, entre nationalistes ukrainiens et séparatistes russes, et le nouveau président élu, M. Petro Porochenko, est issu exactement du même milieu affairiste, corrompu, que ses prédécesseurs renversés par Maïdan, dont l’ancien président Ianoukovitch. Le bilan de cette Révolution est donc pour l’instant clairement négatif. Nonobstant, ce documentaire partisan mérite d’être vu pour l’Histoire.