Une première mondiale pour la maladie d’Alzheimer : des scientifiques découvrent comment détruire les particules toxiques dans le cerveau

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C’était, le 21 septembre, la Journée mondiale Alzheimer 2018. Ce fléau neurologique qui touche, en France, 1,2 million de personnes (225.000 nouveaux cas chaque année) est supporté par 47 millions de personnes dans le monde. Les traitements sont symptomatiques et, depuis le 1er août dernier, les médicaments destinés à retarder les effets d’Alzheimer sont même déremboursés par la Sécurité sociale, en France. C’est dire toute l’importance de la découverte d’une équipe de Suède qui, avec des chercheurs de l’Université de Cambridge, a trouvé un moyen de cibler les fameuses particules toxiques qui détruisent les cellules cérébrales saines.
 
Les voleuses de mémoire pourraient être rattrapées !
 

Pas encore de médicaments pour les malades du cerveau…

 
Des décennies que les essais scientifiques sur la maladie d’Alzheimer se multiplient, sans résultat encourageant. Il n’existe toujours pas de remède aux troubles de la mémoire, première de ses manifestations et porte ouverte à la démence.
 
« Tous les essais cliniques antérieurs qui ont porté sur la recherche de médicaments pour modifier la maladie ont échoué. Les essais qui ont réussi nous ont donné une poignée de médicaments, mais ces médicaments ne peuvent traiter que les symptômes de la maladie d’Alzheimer, pas son apparition ni sa progression » a déclaré le professeur Michele Vendruscolo, de Cambridge.
 
Mais cette fois, il pourrait en être autrement.
 
Cette équipe suédoise, aidée de chercheurs de l’Université de Cambridge, pourrait avoir trouvé le moyen de cibler la cause de cette maladie et de mettre en place une nouvelle génération de médicaments qui feraient alors l’objet d’essais cliniques dans deux ans – leur article vient de paraître dans les Actes de l’Académie nationale des sciences (Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America ou PNAS).

Des particules toxiques, oligomères de protéines, à l’origine de la maladie

 
Les scientifiques ont en effet identifié des dépôts anormaux appelés oligomères de protéines comme la cause la plus probable de démence. C’est de l’identification de ces agents pathogènes que tout est parti.
 
Bien que les protéines soient normalement responsables de processus cellulaires importants, dans le cas de la maladie d’Alzheimer, ces protéines deviennent agressives et finissent par former des amas, des plaques que le cerveau ne peut déplacer et qui s’accumulent entre les cellules nerveuses, les empêchant de fonctionner correctement et causant peu à peu leur destruction. Au fur et à mesure qu’elles disparaissent, elles « contaminent » les autres, bloquant leurs nutriments et leurs réserves jusqu’à ce que ces dernières cèdent à leur tour.
 
Au fil du temps, le cerveau se contracte de manière dramatique et la destruction des cellules provoque une défaillance de la mémoire, des changements de personnalité et des problèmes lors des activités quotidiennes. Les derniers symptômes étant la perte de la capacité de marcher ou même de manger.
 

« C’est la première fois qu’une méthode systématique de lutte contre les agents pathogènes, à l’origine de la maladie d’Alzheimer, est proposée »

 
« Comme les agents pathogènes ont été identifiés comme de petits amas de protéines connus sous le nom d’oligomères, nous avons pu développer une stratégie visant à cibler les médicaments sur ces particules toxiques. C’est la première fois qu’une méthode systématique de lutte contre les agents pathogènes, à l’origine de la maladie d’Alzheimer, est proposée » a déclaré le professeur Michele Vendruscolo, de Cambridge qui espère bien voir de nouveaux médicament se développer.
 
Il va sans doute devenir possible « non seulement de trouver des composés qui ciblent les oligomères toxiques à l’origine des troubles neurodégénératifs, mais aussi d’accroître leur efficacité de manière rationnelle ». Ainsi, toutes les différentes étapes des troubles liés à Alzheimer pourraient être soignées.
 
Dans une société qui, inexorablement, vieillit et donc voit de plus en plus de ses membres sombrer dans la démence, l’enjeu est colossal. Au Royaume-Uni, pour prendre un exemple, c’est la principale cause de décès et son coût devrait doubler au cours des 25 prochaines années passant de 26 à 55 milliards de livres, soit 61 milliards d’euros…
 
Clémentine Jallais