PS : Manuel Valls recadre Macron

Manuel Valls recadre Macron le Luc
 
Manuel Valls doit se demander quelle mauvaise fée s’est penchée sur ses vacances d’été. Le premier ministre n’avait pas eu le temps de reprendre ses marques que son ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, semait la zizanie au PS en s’en prenant, sans trop de gants, et quoi qu’il ait prétendu par la suite, aux 35 heures. Réunis en leur université d’été, les socialistes ont réagi contre leur ministre, devenu soudain leur bête noire. Même les frondeurs ont pris parti contre lui. Devant cette dispute généralisée, Manuel Valls n’a plus d’autre choix : il faut qu’il recadre ses troupes.
 

Macron et les 35 heures

 
Bien que controversée, et régulièrement débattue, la mesure des 35 heures, mise en œuvre sous le gouvernement Jospin, devient rapidement un acquis lorsqu’elle est trop violemment remise en cause. Surtout lorsque l’élection présidentielle se profile à l’horizon, et que le discours politique, déjà fort embrouillé, risquerait de n’être bientôt plus du tout lisible.
 
Les noms d’oiseaux ont en effet fusé assez vite – du moins pour ce milieu sans âme ni imagination qu’est le monde politique. Le premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, a évoqué le discours d’Emmanuel Macron en parlant de « provocation » ; il est vrai que, dans le même temps, le député des Républicains Gérald Darmanin se proposait d’accorder « l’asile politique » au ministre de l’Economie…
 

PS : Manuel Valls recadre ses troupes

 
En déplacement en Champagne, Manuel Valls a tenu à remettre les pendules à l’heure. « Les Français n’ont rien à faire avec les polémiques qui tirent vers le passé », a-t-il déclaré.
 
Ça, c’est évidemment l’argument qui tue. Quand on est un homme de progrès, celui-ci conduirait-il des millions de nos concitoyens à la misère, le passé, c’est l’enfer…
 
Le premier ministre a décidé d’enfoncer le clou : « Il n’y aura pas de remise en cause de la durée légale du temps de travail et des 35 heures » – si ce n’est, bien sûr, que les entreprises peuvent déjà négocier des assouplissements. Certains petits malins, qui ne sont pas nécessairement de droite, n’ont pas manqué de remarquer ces dernières heures que, en 2011, le candidat à la primaire socialiste Manuel Valls avait proposé de « déverrouiller les 35 heures »…
 

Le Parti socialiste, combien de divisions ?

 
Il va de soi que, lorsqu’on est la vingt-cinquième roue du carrosse, il faut oser des propositions que l’on n’oserait faire lorsqu’on est devenu premier ministre. Surtout lorsqu’on est premier ministre – car, par définition, le socialiste est un pragmatique, un homme (ou une femme, bien sûr) à la mémoire courte.
On ne sait si Manuel Valls sera entendu – d’autant que François Hollande semble, ces jours-ci, faire le mort ; ce qui constitue certainement son meilleur rôle.
 
En attendant, la tension demeure vive. Jean-Christophe Cambadélis affirme qu’il rencontrera Emmanuel Macron en début de semaine prochaine pour « une amicale, franche et déterminante explication ».
 
Bien. Mais le ministre, qui n’a pas sa carte du PS, affirme ne pas avoir été invité à l’université d’été. Jean-Christophe Cambadélis dément (le verbe, hein ! pas l’adjectif).
 
Bref ! il n’est pas sûr que les choses s’apaisent aussi facilement que cela, simplement parce que le premier ministre croit avoir sifflé la fin de la récréation.
 
Après tout, pourquoi souligner qu’Emmanuel Macron n’est pas socialiste ? François Mitterrand non plus n’était pas encarté (en outre, il avait reçu la francisque, même si Jean Pierre-Bloch a pu déclarer qu’il s’agissait d’une manœuvre) ; et, sans lui, le Parti socialiste français n’existerait sans doute plus…
 

François le Luc