Marches pour la vie à Paris et à Washington : en 2015, les pro-vie sont plus musclés

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Un message clair aux politiques. C’est ainsi que l’on pourrait résumer l’esprit des marches pour la vie qui ont eu lieu à Washington jeudi dernier, et à Paris, dimanche. En cette édition 2015, la participation a été importante de part et d’autre de l’Atlantique, et le mode d’expression plus musclé. Certes, il s’agit à vues humaines d’une lutte du pot de terre contre le pot de fer : la culture de mort dispose du pouvoir, des médias, de l’argent, les pro-vie n’ont pour eux « que » la justice de leur cause. Mais la participation sans cesse croissante à Washington comme à Paris rend compte d’une vague de fond qui enfle : 500.000 marcheurs « pour la vie » au moins, peut-être 800.000 aux Etats-Unis cette année, 45.000 à Paris, c’est du jamais vu. C’est la vraie bonne nouvelle du jour : le temps n’a pas émoussé l’indignation, et un nombre croissant de jeunes refuse les lois de mort.
 
Telle est la marque de la Marche pour la vie de Washington qui en est à sa 42e édition. En pleine semaine, des milliers et des milliers d’Américains posent des jours de congé s’ils travaillent, manquent les cours – ou viennent carrément avec leurs écoles – s’ils sont élèves ou étudiants, bravant le froid et le mauvais temps qui sévissent souvent dans la capitale des Etats-Unis à cette période de l’année. Cette fois, le temps était exceptionnellement beau et doux. Si tous les âges sont représentés – même des grand-mères de 90 ans font le voyage de Washington – la proportion de jeunes adultes et d’adolescents est impressionnante. C’est l’avenir de l’Amérique qui se dessine dans cette nouvelle tendance de la jeunesse américaine. Les familles généreuses dans l’accueil de la vie sont en train, petit à petit, de remodeler le visage de la société à la fois sur le plan moral et sur le plan numérique. Elle devient pro-vie.
 

Washington : l’espoir des pro-vie

 
Cette année les manifestants de Washington espéraient que leur Marche pour la Vie 2015 coïnciderait avec le vote devant la Chambre des représentants d’une proposition de loi visant à interdire la quasi totalité des avortements aujourd’hui autorisés au-delà de 20 semaines de gestation : la « loi de protection des enfants à naître capables de ressentir la douleur ». L’objectif de la Marche pour la vie américaine est clairement d’obtenir l’interdiction totale de l’avortement : c’était la condition imposée par Nellie Gray, fondatrice de la Marche dès le lendemain de la décision Roe v. Wade de la Cour suprême libéralisant l’accès à l’avortement. « Pas d’exceptions, pas de compromission »… Cela n’a pas empêché les pro-vie américains de soutenir tout ce qui, petit à petit, détricote la légalité du meurtre de l’enfant à naître.
 
Une volte-face des Républicains qui disposent pourtant de la majorité à la Chambre comme au Sénat est venue doucher l’optimisme de la Marche pour la vie de Washington : à la veille du rassemblement, les leaders républicains ont décidé de remettre le vote à plus tard, à la suite de désaccords sur une exception maintenue pour les femmes victimes de viol. Pour elles, l’avortement resterait possible au-delà des 20 semaines – près de 5 mois de grossesse tout de même – à condition que le viol fasse l’objet d’un signalement à la police. Cette condition a été jugée trop « restrictive » par certaines élues républicaines.
 

En 2015, les pro-vie américains veulent des actes

 
Grande colère des pro-vie. Jill Stanek, infirmière et bloggeuse pro-vie reconnue, a parlé d’un coup de poing dans la figure du mouvement pro-vie, à moins de 24 heures de la Marche de Washington. D’autres se sont demandé ce que les Républicains étaient vraiment capables de faire s’ils n’avaient même pas la volonté d’empêcher des avortements à plus de 20 semaines, opérations particulièrement barbares sur des êtres humains capables de ressentir la douleur. Du côté du Family Research Council, lobby pro-vie à Washington, on a regretté l’atermoiement, tout en se félicitant de ce que les Républicains aient maintenu une proposition de loi visant à interdire le financement de l’avortement par le contribuable.
 
On sait, hélas, que les deux lois ont peu de chances de prospérer : au Sénat, il leur faudrait réunir une improbable majorité de 60 voix, et en tout état de cause Barack Obama y opposerait selon toute vraisemblance son veto. Mais le fait de pouvoir en discuter et d’obtenir des votes favorables à n’importe quel stade est important, ne serait-ce qu’en forçant les uns et les autres à exprimer clairement leur position. En France, de telles propositions seraient inimaginables.
 
Aux Etats-Unis, on se demande, cela dit, si la stratégie de la lutte pro-vie a un avenir au niveau fédéral. The New American signale que la proposition de Ron Paul visant à faire reconnaître l’incompétence fédérale en la matière permettrait enfin de déjudiciariser la question, à l’heure où de nombreux Etats adoptent des législations pro-vie – qui sont barrées par les juges et se heurtent aux sentences de la Cour suprême. Il suffirait que le Congrès prive celle-ci du droit de s’exprimer sur une matière – comme l’avortement – qui ne fait pas partie de ses compétences originelles.
 

La Marche pour la vie 2015 à Paris contre l’avortement et l’euthanasie

 
Le problème se pose un peu de la même manière en Europe et donc en France, où la question de la législation de l’avortement relève des compétences nationales mais où l’Union européenne, à travers ses résolutions parlementaires et les pressions de la Commission fait pression pour faire « avancer » les lois de mort, et où le Conseil de l’Europe, à travers la Cour européenne des droits de l’homme, va dans la même direction.
 
A Paris, la Marche pour la vie 2015 a marqué le 40e anniversaire de la loi Veil dépénalisant l’avortement dans un contexte où les lois, au contraire de ce qui se passe aux Etats-Unis, ne cessent d’aggraver la situation. Les gouvernements successifs de François Hollande ont pris des mesures pour faciliter l’« IVG », en faire un « droit » à part entière, pour le revaloriser et pour le rembourser à 100 %, en attendant un nouvel ensemble de mesures promis par Marisol Touraine à l’occasion de ces 40 ans.
 
C’est pourquoi les organisateurs de la Marche pour la vie ont décidé de la faire démarrer sous le signe du « deuil » en 2015, avec davantage de gravité et de solennité que les années précédentes. La Marche a démarré dans le silence complet, par un temps de recueillement. A mi-parcours, les participants ont été invités à faire éclater les ballons noirs qui leur avaient été distribués ; un grondement de tonnerre et de colère à la fois, alors que le massacre légal a déjà tué plus de 7 millions enfants à naître.
 

Paris : des pro-vie plus musclés et sans complexes

 
C’est une Marche pour la vie sans complexes que l’on a découvert en cette édition 2015 : slogans, bannières, pancartes étaient « libres », nombre de drapeaux français marqués du Sacré-Cœur étaient brandis par des jeunes qui comprennent de mieux en mieux ce qu’il en coûte à une société de reléguer Dieu à la sphère privée.
 
La Marche pour la vie de Paris a également pris la mesure des menaces qui pèsent sur la vie finissante avec le projet de loi sur la fin de vie soutenue par François Hollande et son gouvernement, et diverses propositions pour la légalisation de l’euthanasie ou du suicide assisté. Là encore, la clarté de la mobilisation rend compte d’un esprit plus musclé. En prenant fait et cause pour Vincent Lambert, menacé de mort par privation de nourriture et d’hydratation dans le cadre de l’actuelle loi Leonetti sur la fin de vie, les organisateurs et les porte-parole – Cécile Edel, Jean-Marie Le Méné de la Fondation Jérôme-Lejeune et bien d’autres – apportent la preuve d’un clair refus de toute compromission, ne craignant pas de s’opposer à l’« unanimisme » autour d’une loi aussi ambiguë.
 
C’est là encore signe d’espoir : en 2015, c’est peut-être sur ce plan que le mouvement pro-vie français a marqué le plus de points.