Margarine ou Camembert AOP ? L’OMS, la FAO et l’OMC imposent leurs normes mondiales

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L’organisation mondiale de la santé (OMS) a un plan contre la margarine. L’industrie laitière a obtenu que l’appellation d’origine protégée (AOP) du camembert soit modifiée pour répondre aux normes de l’organisation mondiale du commerce (OMC) et de la FAO (ONU de l’alimentation).
 
Le camembert est né de la collaboration, sous la révolution, d’une pieuse fermière normande, Marie Harel, et d’un prêtre réfractaire qui fuyait la Brie. Il y retrouva le goût et le fondant des bries, avec un je ne sais quoi de plus qu’apportait la forme particulière qu’elle avait donné au nouveau fromage. Ainsi le calendos, le fromage républicain par excellence, fut-il inventé par des ennemis de la république. Ça ne l’empêcha d’être populaire, donc pas cher. Deux amis bidasses sans le sou déjeunaient jusqu’à l’abolition du service militaire d’un camembert, deux baguettes et une bouteille de vin rouge.
 

Marie Harel, reviens, le camembert et l’AOP sont devenus fous !

 
Marie Harel et ceux qui l’imitèrent fabriquaient leur camembert avec du lait cru en le moulant à la louche. C’est ainsi que les ferments agissent le mieux. Sagement, l’INAO (l’institut national des appellations d’origine) décida, que, si un fromage entendait se vendre sous le nom de camembert et bénéficier de l’AOP, il devait être fabriqué en Normandie, avec du lait cru, et moulé à la louche.
Cependant les gros industriels de l’agro-alimentaire, souhaitant agrandir le marché et augmenter leurs profits, commencèrent voilà quelques dizaines d’années à produire en masse une sorte de pâte molle de seconde catégorie, que l’on ne saurait définir proprement qu’en allemand : französicher Weichkäse, fromage français doux et mou. On avouera que c’est loin de ce qu’évoque pour un odorat formé le camembert. La chose plaît aux palais étrangers et, se composant de lait pasteurisé, satisfait aux normes tatillonnes de l’OMC.
 

OMC, FAO, OMS, les organisations mondiales disent la norme

 
L’OMC mène depuis des lustres une véritable guerre contre le lait cru, qu’elle rend responsable des pires maux, la listeria n’étant que le plus connu. Elle, et les grands pays protectionnistes tels les Etats-Unis, se fondent sur le Codex Alimentarius, recueil de normes et recommandations émises en commun par la FAO et l’OMS. Le Codex Alimentarius n’a rien contre bourrer le bétail d’antibiotiques et d’hormones de croissance, mais tombe en pâmoison à la vue d’un camembert ou d’un vieux salers.
 
La grosse industrie laitière française a fait pression sur l’INAO pour qu’un camembert puisse s’appeler camembert et bénéficier de l’AOP même s’il est fabriqué à partir de lait pasteurisé. A priori, elle n’y a aucun intérêt. Elle vend déjà ses salades en grande quantité sous le nom de camembert, et la concurrence du camembert au lait cru, plus cher, réduit peu ses profits. En outre, la cohabitation de deux recettes de production sous une même AOP donne, on l’a vu partout où elle a été expérimentée, de Pont l’Evêque à Munster, des résultats catastrophiques. Alors, quel est ce mystère ?
 

Un camembert AOP est forcément nauséabond

 
Alors il s’agit d’une guerre morale et intellectuelle. Plusieurs grands cuisiniers, sommeliers et fromagers viennent de publier une défense du camembert où ils rappellent l’INAO à ses devoirs. L’INAO est en principe le garant d’usages « ancestraux, loyaux et constants », il est le gardien d’une origine et d’une identité. C’est cette identité qui gêne, d’autant plus qu’elle est ancestrale. Si les AOP et les AOC gênent le grand business de l’OMC, le véritable camembert de Normandie inquiète le grand mélange de l’ONU. Il a quelque chose, si j’ose dire, de nauséabond, d’où la nécessité de le pasteuriser.
 
En apparence et à s’en tenir à la gastronomie, l’industrie agro-alimentaire vient d’imposer à la bureaucratie républicaine de soumettre la vertu à la norme du vice. Il ne lui suffit pas de vendre sa crotte, elle entend se prévaloir pour la vendre des atours du bien. Mais cette perversion morale grave, dont des fonctionnaires sans conscience ont assuré le triomphe, est, vue de plus haut, de Sirius, avec une lunette mondialiste, un progrès politique. Au bout du compte, l’ONU a normalisé les fromages qui puent.
 

Margarine bonne, margarine mauvaise, l’OMS décide

 
La margarine est une autre question. Les partisans du lait pasteurisé mettent souvent en avant un prétexte valorisant, le souci de la santé des consommateurs. Or toutes les études fines montrent que les accidents sont dûs non au lait cru, mais à une faiblesse de la chaîne du froid et de la conservation : des fromages au lait pasteurisé, ou d’autres aliments, peuvent être en cause. Cependant le public est sensible à l’argument santé, qui est utilisé depuis des décennies par le commerce alimentaire et encouragé par l’OMS.
 
Dans les années soixante, par exemple, le beurre était présenté comme un aliment dangereux, on recommandait à sa place l’usage de la margarine, huile végétale solidifiée aux vertus exotiques. Aujourd’hui, les vertus du coprah semblent fanées : l’OMS part en guerre contre la margarine et les autres « acides gras trans industriels ». Ils seraient responsables ( ce type de statistiques fait toujours mes délices) de 500.000 décès par an, pas un de plus, pas un de moins, années bissextiles exclues.
 
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’OMS formelle : inutile de tuer nos enfants à la margarine !

 
Un groupe Resolve to save lives s’est associé à l’OMS pour cette campagne. Il s’agit d’interdire la margarine partout dans le monde. C’est déjà fait à New York depuis dix ans, et au Danemark. Elle devra avoir disparu de la surface de la terre d’ici à 2023. Le docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS propose à cet effet six actions stratégiques signalées par l’acronyme anglais REPLACE : REview, passer en revue les sources alimentaires d’acides gras, Promote, promouvoir leur remplacement, Legislate, faire des lois pour les interdire, Assess, évaluer ensuite le changement, Create awarness, sensibiliser les politiques, les producteurs et le public, Enforce, veiller à la bonne application de la norme. Il y a dans ces astuces mnémotechniques et ces recommandations quelque chose d’à la fois infantile et implacable. L’OMS et ses satellites décrètent que la margarine étant un « produits chimique toxique, inutile et meurtrier », nul n’a le droit d’y soumettre « nos enfants ». Qui pourrait se soustraire à ce devoir ?
 

Pas de camembert pour Big Brother, la FAO n’aime pas le lait cru

 
Je ne suis ni chimiste ni médecin. J’ignore donc si les chimistes et les médecins de 1950 avaient raison et ceux d’aujourd’hui tort, ou l’inverse, ou encore s’ils ont tous tort (la seule impossibilité logique étant qu’ils aient tous raison), mais je constate que leur superbe et leur propension à régenter le monde sont intactes. L’OMS a montré le beurre du doigt, l’OMS montre la margarine du doigt, l’OMC et l’OMS et la FAO se méfient du lait cru, les gros industriels se conforment à leur norme, l’Etat suit. Qu’ils soient médecins, chimistes, industriels tous agissent au nom du Bien du moment. Et procèdent à un gigantesque transfert. L’alimentation n’est plus l’affaire de la liberté et du jugement de chacun, elle ne dépend plus d’us enracinés, éprouvés au fil des siècles, qui établissent un rapport d’identité entre une population, un terroir, une manière de faire et d’être. Elle est décidée et imposée sous couleur de progrès par des organisations supranationales. C’est le même mondialisme qui nous a couverts de margarine et nous vole aujourd’hui le camembert.
 

Pauline Mille