L’ONU incite les pays les plus riches à réduire leur consommation de viande pour lutter contre le changement climatique

ONU réduire consommation viande
 

Pour la première fois, l’Organisation des Nations unies (ONU) publie un document engagé pour la réforme des systèmes alimentaires mondiaux, résolution issue du processus initié lors de la COP28. Elle y suggère, entre autres, que les Etats les plus riches « peuvent bénéficier d’une consommation réduite d’aliments d’origine animale » (pas seulement la viande, donc), pour que les pays les plus pauvres jouissent d’un meilleur accès à ces aliments. L’ONU a la noble ambition, affichée, de nourrir toute la planète, mais de la façon dont elle le souhaite, pour servir l’objectif climatique… Et il est martelé que cela répondra aussi, dans le même temps, bien sûr, à des considérations de santé, qui sont surtout préoccupantes parce que les individus en moins bonne forme coûtent davantage au système.

Une « transition juste », donc, pour un « rééquilibrage mondial », soit une répartition du Nord vers le Sud – cela devient un classique du « changement » mondialiste.

 

L’ONU veut offrir de la bonne nourriture pour tous, aujourd’hui et demain

Dans un grand document, l’ONU livre une feuille de route, pour « orienter notre parcours mondial vers un avenir où la subsistance, l’équité et la gestion de l’environnement convergent harmonieusement ». C’est le but affiché. Ou plutôt les buts, puisqu’il faut faire se rejoindre plusieurs objectifs qui s’opposent a priori : produire davantage pour nourrir une population croissante qui devrait atteindre 10 milliards (selon l’ONU) d’ici à 2050 est une gageure pour qui veut réduire les émissions d’autant.

Mais le climat, merveilleux outil, se révèle être à la fois le moyen et le but. Il faut des mesures climatiques pour sauver l’alimentation (un tiers de la nourriture mondiale pourrait être menacée par le réchauffement climatique, nous affirme le texte). Mais il faut aussi un changement d’alimentation pour sauver le climat (mis à mal par les systèmes alimentaires responsables d’un tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre, nous dit toujours le texte).

L’ONU nous parle d’une « relation symbiotique ». Il ne reste plus grand choix que d’avancer sous cet alpha et oméga du monde post-moderne. Bien sûr, le plan n’est pas immédiatement contraignant. Mais il nous fait deviner ce qui pourrait l’être demain.

 

Réformer la manière dont les aliments sont produits et consommés

L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) cherche donc un équilibre entre atteindre l’objectif « faim zéro » d’ici 2030, tout en limitant le réchauffement climatique à 1,5 degré Celsius au-dessus des niveaux préindustriels. « Les changements transformateurs dans les habitudes alimentaires ont un impact direct sur la pression exercée sur les ressources naturelles et les ramifications climatiques entraînées par l’alimentation de la population mondiale », proclame-t-elle.

Pas d’hésitation : il faut réformer la manière dont les aliments sont produits et consommés dans le monde. Et c’est là, un point plutôt nouveau par rapport aux conférences précédentes.

Le plan se concentre sur dix domaines : l’élevage, le gaspillage alimentaire, les sols et l’eau, les cultures, les forêts et les zones humides, l’énergie propre, ainsi que la pêche et l’aquaculture. Des objectifs en chiffres : réduire de 25 % les émissions de méthane provenant de l’élevage d’ici à 2030, réduire de 50 % les déchets alimentaires mondiaux par habitant, faire de l’agriculture une industrie qui absorbe plus de carbone qu’elle n’en émet d’ici à 2050, etc.

Attention, le premier objectif affiché est toujours de bien et mieux nourrir les populations, de celles qui sont sous-alimentées (735 millions aujourd’hui) jusqu’à celles qui n’ont pas une alimentation saine, soit parce qu’elles n’en ont pas les moyens, soit parce qu’elles sont « désinformées » (l’ONU dresse là, un peu en l’air, le chiffre de trois milliards d’individus).

 

La viande : la cible du changement climatique pour « rééquilibrer les systèmes alimentaires mondiaux »

Certaines régions du monde surconsomment des protéines, d’autres n’en ont pas assez… Il faut régler ces inégalités en visant « une répartition plus équitable sans opposer les pays développés aux pays en développement ». « Le rééquilibrage mondial ne consiste pas à stimuler la production dans des endroits improductifs mais à la déplacer vers des régions » de la manière la plus efficace ou vers des zones ayant « un grand potentiel ».

Cela implique donc la réduction de la consommation de viande, mais aussi de toute alimentation d’origine animale dans les dits pays développés. La FAO parle même de changer le cheptel : « Le passage des grands ruminants aux petits ruminants pour les produits carnés, et des ruminants aux animaux monogastriques, en particulier le poulet, réduira les impacts GES [gaz à effet de serre] des produits alimentaires d’origine animale. » On s’étonne même de ne pas avoir entendu d’appel à taxer les produits carnés.

Si le bon sens enjoint de ne pas surproduire et de bien produire, de ne pas gaspiller et de préserver la nature allouée par Dieu à notre usage, tel n’est pas le ton onusien qui en fait un moyen de contrôle et de nivellement des niveaux de vie, toujours via la peur et le souci apparent des personnes.

 

Clémentine Jallais