Kyle Smith, du New York Post, observait samedi dernier dans un article d’analyse sur la révolution culturelle en cours : « Les personnes qui désiraient que le mariage homosexuel soit traité de la même manière que pour les couples d’homme et de femme étaient 39 % il y a neuf ans, ils sont 60 % aujourd’hui, selon un sondage Gallup. Pas plus tard qu’en 2010, une large majorité était encore opposée au mariage homosexuel. Aujourd’hui, une large majorité le soutient. » Comment cela a-t-il pu se faire en si peu de temps ? Le journaliste s’intéresse aux signes avant-coureurs proches – mais la réalité doit être cherchée plus loin. La « révolution sociétale » – pour reprendre les mots de Christiane Taubira – plonge ses racines dans une révolution culturelle déjà ancienne.
En 2001, les Américains étaient majoritairement opposés au « mariage » homosexuel, ils ne le sont plus
Le journaliste s’étonne lui-même de son constat. « A la question de savoir si les relations homosexuelles sont moralement acceptables, 40 % disaient “oui” en 2001. Aujourd’hui, le nombre est passé à 63 %. » Kyle Smith insiste : il y a dix ans, la majorité des Américains pensaient que l’homosexualité était un phénomène culturel, 51 % sont aujourd’hui persuadés qu’elle est innée.
Il est significatif que Barack Obama ait attendu 2012 pour annoncer publiquement qu’il soutenait le « mariage » homosexuel. Chose qu’il avait déjà affirmée en 1996 – mais il s’était par la suite opposé à sa légalisation pour des motifs électorales : les Américains n’étaient pas « prêts ».
Une révolution culturelle déjà ancienne
Pour Kyle Smith, l’origine de ces changements est difficile à identifier. Certes, comme il le souligne, les Américains âgés ont tendance à mourir : ainsi va toute chair… Avec eux disparaissent des réflexes plus traditionnels. Il observe que la culture populaire est portée par de très nombreux personnages homosexuels. (Pourquoi ?) Mais il ne remonte pas plus loin que 2001. Date arbitraire…
Dès 1990, l’activiste et psychologue Marshall Kirk et l’expert en techniques de persuasion Hunter Madsen écrivaient un livre (After the Ball), dans lequel ils expliquaient que les Américains serait désensibilisés à l’homosexualité grâce à un « flot continu de publicités liées à l’homosexualité », une « conversion des émotions de la population américaine moyenne, de son avis, de ses désirs par le biais d’une attaque psychologique, sous forme d’une propagande nationale par les médias ».
Le mariage homosexuel est une conséquence du déclin de la foi chrétienne et de la montée du relativisme
A quoi s’ajoute évidemment le déclin de la foi chrétienne et sa conséquence : la montée du relativisme moral. Elle remonte, elle, bien plus loin.
Pour l’organisme de recherche NORC, de l’Université de Chicago, « le changement sur l’acceptation de l’homosexualité a commencé dans les années 1980 ». Mais c’est encore trop proche.
Gilbert Keith Chesterton écrivait déjà en 1926 : « La prochaine grande hérésie sera simplement une attaque contre la moralité, et plus particulièrement contre la moralité sexuelle… La folie de demain n’est pas à Moscou mais bien plus à Manhattan. » En 1926, on était au cœur des Années folles, avec le féminisme, les jeunes filles délurées et leur décadence ; l’époque tentait d’oublier la profonde déchirure de 14-18…
La révolution culturelle, c’est d’abord le rejet de la loi de Dieu
Il est loin le temps où l’Occident, terre de chrétienté, pensait que le mariage était divinement ordonnancé comme l’union d’un homme et d’une femme, et que l’homme ne devait pas séparer ce que Dieu à uni.
Puis est venu le divorce, en attendant le divorce « facile ». A force de détricoter le mariage, les hommes l’ont réduit à un cadre où l’on se sent bien. Où il faut se sentir bien. Le mariage n’est plus qu’un contrat : ce que l’homme a uni, l’homme peut le séparer. Le mariage homosexuel n’est au fond que la conséquence de cet hédonisme. Un hédonisme qui gouverne maintenant toute la sexualité humaine, et en a fait une activité purement récréative.
Et voilà que le mariage devient affaire de plaisir et de goût. Comme des goûts et des couleurs, on ne discute pas, à chacun de choisir sa variété. Le « mariage » homosexuel est l’enfant naturel d’une sexualité qui n’est plus ordonnée à la procréation par l’union indissoluble d’un homme et d’une femme.
Les modernes ont du mal à comprendre et à reconnaître ces symptômes-là… Mais il est une chose bien plus grave que de ne pas reconnaître les symptômes, c’est de prendre la maladie pour la norme et pour la bonne santé. C’est exactement ce qu’a permis cette insidieuse « révolution culturelle ».