Marie Co-rédemptrice et médiatrice de toutes grâces : au fond, une évidence

Marie Co-rédemptrice médiatrice grâces
 

Elle est la Vierge Immaculée, pleine de grâce dès sa conception, la plus belle de toutes les créatures. Par son oui, libre et amoureux, elle est « cause de salut pour elle-même et pour tout le genre humain », comme l’affirmait avec force saint Irénée ; elle est la Fille obéissante du Père, la Mère du Fils de Dieu, l’Epouse de l’Esprit Saint qui la prit sous son ombre quand elle eut consenti à l’Incarnation… Comment, si tout cela est vrai (et c’est bien ce que l’Eglise nous demande de croire), Marie ne serait-elle pas co-rédemptrice et médiatrice de toutes grâces ? Par elle, grâce à elle, Jésus-Christ, notre unique Salut, est entré dans le monde pour y réaliser l’œuvre de la Rédemption. Marie a consenti à son sacrifice, elle s’y est associée librement et sans réserve, elle donne son Fils par tout son être, de toute son âme et de tout son corps.

Et d’ailleurs s’il est demandé à chacun de nous-autres, pauvres pécheurs, d’achever dans sa chair ce qui manque à la passion du Christ, c’est-à-dire de coopérer à l’œuvre de la Rédemption, combien plus peut-on dire que Marie la toute sainte y a coopéré de manière unique et prééminente ? Si on ne peut dire qu’elle est co-rédemptrice, notre propre coopération au salut n’existe plus…

Mater Populi Fidelis, la note du Dicastère pour la Doctrine de la foi qui refuse d’attribuer explicitement ces titres de co-rédemptrice et de médiatrice de toutes les grâces à la Très Sainte Vierge Marie, suggère qu’ils ne sont pas erronés, mais qu’il ne faut pas les dire. Notamment parce qu’ils exigent quelques explications. Nul ne conteste ce dernier point, mais est-ce vraiment une raison acceptable pour refuser de proclamer une vérité ? Nous savons bien que le mystère nous dépasse et que son expression exige des explications claires. Le dogme se définit…

 

Marie Co-rédemptrice et médiatrice de toutes grâces : une évidence « inopportune » ?

La Note affirme donc que la proclamation de ces titres est « toujours inopportune ».

Comme si la chose n’était pas importante, comme s’il n’était pas urgent de dire et redire, sur tous les tons, avec amour et parce qu’il nous faut honorer père et mère, le rôle incomparable, quoiqu’évidemment subordonné, joué par la Vierge dans l’économie du salut… S’il est une co-rédemptrice et une médiatrice de toutes les grâces, c’est cela précisément qui nous dit que nous devons aller à Jésus par Marie. C’est le secret de Marie qu’enseigne encore et toujours saint Louis-Marie Grignion de Montfort. Totus Tuus disait à sa suite la devise de Jean-Paul II…

Marie est Mère de Dieu. En faisant l’offrande de son Fils au temple, elle a consenti à toute la volonté de Dieu, de la Sainte Trinité, au sujet de son plan de salut. Au glaive qui transpercerait son âme et aux clous et à la lance qui transperceraient le corps de Jésus.

Marie est Médiatrice. Au jour des noces de Cana, alors que l’heure de la mort de notre Seigneur n’était pas encore venue, elle a présenté les besoins des époux à son Fils, et elle a obtenu la grâce du bon vin, figure du sang qui allait être versé par le Crucifié.

Marie la toute innocente est Avocate au pied de la Croix. Elle a vu le plus innocent des hommes torturé et souffrant avant de subir cette mort à laquelle elle a consenti. Dans n’importe quel procès humain, elle aurait été considérée comme partie civile, en droit de dénoncer l’iniquité de la crucifixion, et demander réparation. Mais non, elle plaide pour nous, pauvres pécheurs qui lui demandons, dans chaque Ave Maria, grâce pour les malfaiteurs que nous sommes. Pour que nos fautes dont elle a si cruellement souffert soient effacées et réparées.

 

Marie Co-rédemptrice et médiatrice parce qu’elle est Mère

Marie est Mère au pied de la Croix, elle a compati aux souffrances de son fils. Toute femme ayant donné la vie comprend qu’une mère souffre presque autant que son enfant de la douleur et des souffrances qui le frappent. Marie a été véritablement associée au sacrifice rédempteur. Elle y a participé d’une manière inconcevable pour le commun des mortels, car il n’y a en elle, pleine de grâce, qu’amour de Dieu.

Marie est Mère de tous les hommes depuis l’instant où Jésus a exprimé cette dernière volonté. Quelle mère serait-elle si elle ne donnait pas à ses enfants qui l’implorent les grâces obtenues par son Fils du fait de son indispensable « oui » à elle ?

Elle est Mère de l’Eglise qui nous distribue et communique son Fils lui-même. Hors de l’Eglise, point de salut. Ne pourrait-on pas dire dès lors : « Fors Marie, point de salut ? » On n’a pas l’une sans l’autre…

Elle est Reine du Ciel et Reine de l’Univers – ce Cosmos dont je me plais à penser qu’il fut sa dot, de telle sorte que le Créateur le conçut merveilleusement beau…

Elle est la Reine-Mère de Notre Seigneur qui est notre Roi… N’est-il pas vrai que dans l’Ancien Testament, c’est la mère du roi qui est assise à sa droite et que même le roi se lève à son entrée ? N’est-ce pas elle qui est chargée de présenter les demandes du peuple, et que le Roi les honore non par devoir, mais par amour filial ?

« Faites tout ce qu’Il vous dira », dit la Vierge Mère à Cana, car elle sait qu’elle sera elle-même entendue, écoutée, exaucée.

Par amour filial à notre tour, et parce qu’elle nous donne Dieu lui-même, nous honorons en elle la Co-rédemptrice et la Médiatrice de toutes grâces.

 

Jeanne Smits