Marie et Colomban, parents du petit Emile disparu en juillet, ont donné un entretien à “Famille chrétienne”. Une leçon de foi et d’espérance

Marie Colomban Emile entretien
 

Ils ont décidé de s’exprimer publiquement. Après près de deux mois de silence médiatique – que les grands médias n’ont pas voulu comprendre – Marie et Colomban, les jeunes parents du petit Emile, 2 ans et demi, disparu inexplicablement dans les Alpes de Haute-Provence le 8 juillet, ont choisi une revue catholique très lue dans les familles, Famille chrétienne, pour répondre à toutes les erreurs, les inventions et parfois les mensonges qui ont circulé dans la presse à l’occasion de ce drame abominable qui les touche. On ne sait pas où est Emile, s’il est mort ou vivant : l’enquête des gendarmes se poursuit. Mais plus qu’une réponse, la conversation de Marie et Colomban avec Samuel Pruvot, journaliste plein d’expérience et de finesse, est une vraie leçon de foi et d’espérance.

Il faut lire cet entretien où les deux jeunes parents parlent avec simplicité et profondeur de l’impensable qui leur est arrivé, et qu’ils continuent de vivre jour après jour alors qu’ils restent dans cette angoissante ignorance au sujet de leur petit garçon. Ils ont voulu remercier tous ceux qui les ont aidés, soutenus, matériellement et spirituellement – et comment ne pas avoir les larmes aux yeux devant les témoignages d’affection qu’ils évoquent, même de la part de parfaits inconnus – et lancer encore un appel, qui clôt la conversation : « Nous demandons à tous ceux qui veulent faire quelque chose pour nous de continuer à prier. »

 

Marie et Colomban donnent un entretien bouleversant

La disparition d’Emile a eu un effet immédiat, porté par sa bonne petite bouille, d’émouvoir les cœurs. Mais il y en a eu un autre, extraordinaire, massif, on pourrait presque dire mondial, dont le témoignage est venu de Géorgie et de Dubaï, des Etats-Unis et du Gabon, d’Arménie et d’ailleurs : les honnêtes gens sont tombés à genoux, et ont prié. Telle cette caissière de supermarché évoquant Emile avec une cliente, et avouant qu’elle était retournée à l’église où elle n’avait pas mis les pieds depuis bien longtemps, pour prier pour lui…

Chapelets, nuits d’adoration, pèlerinages spontanés, jeûnes, messes offertes et célébrées pour le petit garçon et ses parents… On ne compte pas les initiatives ; et la mobilisation continue, avec le lancement d’une neuvaine pour la Nativité de la Vierge Marie organisée par la page Facebook « Prions pour Emile ».

Marie raconte :

Une vieille institutrice non croyante, amie de la famille de papa, nous a confié : « Pour Emile, j’ai compris ce que voulait dire la ferveur dans la prière… » C’était bouleversant.

Colomban renchérit :

Une de mes collègues s’est mobilisée dès le dimanche sur le terrain pour les battues. Elle m’a demandé ce qu’elle pouvait faire de plus pour nous. J’ai répondu : « Priez si vous le pouvez, sinon essayez. » Elle n’est ni croyante ni pratiquante à ma connaissance, mais elle a répondu immédiatement : « Oui, je ne fais que ça ! » Je pense aussi à l’une de mes tantes qui ne pratique plus depuis longtemps, et qui a retrouvé le chemin de l’Eglise.

 

Prier pour Emile : l’enquête continue, mais chacun peut apporter sa prière

Marie parle encore, parmi d’autres anecdotes similaires, d’un message reçu par son père de la part d’un de ses patients (il est ostéopathe) « de confession juive » :

Il sortait de la cathédrale d’Aix-en-Provence : « Je suis allé prier pour vous au pied de la Vierge. » Un autre a écrit : « Pensons fort à vous deux et à la famille… »

Il y a eu aussi les prières des enfants, innombrables, avec les petits sacrifices pour les souligner, comme le rapporte Marie :

Nous sommes très touchés par la prière des enfants. Beaucoup de gens nous ont rapporté que leurs enfants prient pour nous. Des agriculteurs nous ont rapporté : « Nos petites filles prient pour vous. La fille aînée a dit à la seconde : “Ce soir, on va au lit sans parler, on obéit tout de suite pour le petit garçon, pour son papa et sa maman !” »

Ces jeunes parents, fidèles de la messe traditionnelle qu’ils « n’ont pas honte d’aimer », disent-ils, expliquent aussi leur désarroi : « Les premiers jours, c’était très dur de prier… » Plus facile grâce aux messes qui ont pu être célébrées quotidiennement au Haut-Vernet, le petit village où Emile s’est volatilisé… Et Marie témoigne :

C’est bien joli de parler de la Croix, mais quand on y est… On dit souvent que Jésus nous aide à porter la Croix, mais nous, nous l’avons vraiment senti !

Les deux parlent de « l’expérience de la grâce », de la force qui leur venait « d’En-haut ».

 

Prier Benoîte Rencurel, la voyante de Notre Dame du Laus

L’appel de Marie via Facebook, quelques jours après la disparition, d’invoquer la vénérable Benoîte Rencurel, mystique et voyante du Laus au XVIIe siècle, apôtre de la confession et de la réconciliation avec Dieu au temps du jansénisme, a fait couler beaucoup d’encre dans les journaux mainstream qui ont voulu y voir la preuve d’un illuminisme béat, d’une inquiétante accusation voire d’un aveu alors que Marie évoquait les moments où Benoîte (qui eut des apparitions de la Sainte Vierge pendant 54 ans) était transportée dans les montagnes par le démon qui la persécutait, et que « les anges ramenaient ».

La famille de Marie va régulièrement en pèlerinage à Notre-Dame du Laus, et c’est vers elle, et vers la simple voyante dont le procès de béatification est en cours, qu’elle a voulu tourner les regards de ceux qui prient pour Emile. Un miracle ? Les jeunes parents veulent y croire, même s’ils avouent savoir que le pire est possible… Marie cite une phrase de la Vierge à Benoîte, qui l’a touchée au cœur : « Je vous remercie de ne pas vous être impatientée. »

Malgré lui, et simplement à travers ce qui lui est arrivé, le petit Emile est devenu apôtre : apôtre de la confiance, de l’abandon et de la prière. Alors que les choses vont si mal, que l’Eglise, épouse de Notre Seigneur, souffre si terriblement, la souffrance de ses parents et de toute sa famille est venue toucher des cœurs à travers le monde et les ouvrir à la prière, apportant la conviction qu’aucune prière n’est vaine, même si elle semble n’avoir pas été entendue, ou pas assez vite.

« Cela ne nous fait pas peur de demander à Dieu un miracle », conclut Marie.

Dieu peut tout : pour un petit garçon arraché à sa famille de manière incompréhensible, comme pour le monde et pour l’Eglise, qu’Il n’abandonnera jamais. A la Croix, succèdent la Résurrection et la joie du Ciel. Tôt ou tard : même la mort ne peut rien contre cette espérance.

 

Jeanne Smits