Médias : les réseaux sociaux, premier moyen d’information

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Une étude du Pew Research Center le prouve, les réseaux sociaux sont en train de gagner leur match contre les médias classiques et deviennent le premier moyen d’information. Un constat triplement inquiétant : la matière en est très sommaire, concentrée en peu de mains, et facilement orientée, comme l’ont prouvé de récents scandales chez Facebook et Twitter.
 
Le Pew Research Center est un think tank indépendant financé par une fondation philanthropique fondée après guerre, les Pew charitable trusts. Son étude porte uniquement sur les États-Unis et le Canada, qui, en matière de consommation de médias et d’internet ont quelques années d’avance sur la tendance européenne. Intitulée La consultation de l’actualité sur les réseaux sociaux en 2016, elle établit que 62 % des Américains cherchent leur information sur les réseaux sociaux. Parmi ceux-ci (Facebook, Twitter, Instagram, YouTube et Snapchat et quelques autres ont été observés), c’est Facebook qui tient la corde. Quel que soit le critère choisi : le plus grand nombre d’utilisateurs actifs en Amérique du Nord (222 millions), la plus forte proportion d’utilisateurs qui choisissent leur réseau social comme moyen d’information (66 %), et la plus forte progression depuis la précédente enquête, qui date de 2013 (de 47 % à 66 %).
 

Victoire totale des réseaux sociaux sur les médias classiques

 
On voit par-là la rapidité du phénomène, qui indique une victoire rapide des réseaux sociaux sur les médias traditionnels. Cette croissance est un peu moins marquée chez Twitter (59 % contre 52 % voilà trois ans), et plus marquée au contraire sur un site inconnu en Europe, Reddit (70 %), mais son public est tout petit par rapport à Facebook. L’étude se penche aussi sur le profil des consommateurs d’information sur les réseaux sociaux. Sans surprise, Linkedin, que 19 % de ses utilisateurs choisissent pour moyen d’information, a un niveau de formation universitaire élevé (65 % contre 28 % en moyenne aux États-Unis), alors que les accros à YouTube ont le plus bas, Facebook et Instagram ont un public féminin (respectivement 57 % et 65 %), et Instagram particulièrement jeune. Snapchat, qui s’adresse aux jeunes et s’occupe surtout de musique, est quand même le moyen d’information exclusif de 17 % de ses fans.
 

Le premier et le pire moyen d’information

 
Les médias traditionnels, que ce soit la presse ou l’audiovisuel, auront du mal à se rassurer temporairement en notant que 39 % des utilisateurs de Facebook continuent à regarder l’information locale à la télé, et que 15 % lisent même le journal. Ce que ne font plus que 8 % des fous de Twitter. La tendance est sans mystère. Et elle n’inquiète pas que les propriétaires de médias classiques. Les réseaux sociaux sont en effet concentrés en très peu de mains, et ces mains ne sont pas très nettes. Récemment, Reinformation TV s’en est fait plusieurs fois l’écho : Twitter a été pris en train de déréférencer l’information qui ne lui plaisait pas, et Facebook a été accusé, pièces justificatives en main, d’établir un filtre idéologique sur les contenus qu’il met en ligne. Le navire amiral des réseaux sociaux, qui devient peu à peu le premier moyen d’information de masse au monde, a naturellement nié, mais a ensuite modifié ses procédures, ce qui constitue un aveu. On croyait avoir touché le fond avec les grands médias actuels, on va sans doute découvrir pire avec les réseaux sociaux : l’avenir de l’information n’est pas rose.
 

Pauline Mille