En Espagne et en Grèce, la gauche de Sipras et Sanchez impose l’immigration au peuple. En Allemagne, le peuple s’impose contre l’immigration à la gauche de Sarah Wagenknecht. En France Mélenchon est pris entre ses électeurs idéologues et ses espoirs populaires.
Le drame de Mélenchon, c’est la France et les Français. En Espagne, Podemos et les socialistes dirigés par Sanchez ont réussi à détourner l’attention des Espagnols de l’immigration pour leur faire croire que leurs maux ont une origine purement économique et sociale. Sipras a réussi la même chose avec Syrisa. Les deux ont ainsi capté la colère populaire pour se propulser au pouvoir, où ils mènent tranquillement une politique conforme aux vœux de Bruxelles et ouvrent leurs frontières à l’immigration. Josep Borrel, ministre des affaires étrangères espagnoles salue même le « sang neuf » qu’elle apporte à l’Espagne.
L’Allemagne refuse l’immigration : Sarah Wagenknecht s’adapte
Les choses se passent moins bien pour les fanatiques de l’immigration dans le reste de l’Europe. L’Italie, l’Autriche et le groupe de Visegrad la rejettent, et leurs gouvernements sont très populaires pour cela. En Allemagne au contraire, Angela Merkel et sa coalition sont très impopulaires pour avoir voulu garder les frontières ouvertes. La gauche s’est effondrée avec la droite, le peuple manifeste et l’AfD, l’Alternative für Deutschland, le parti anti-immigration, grimpe en flèche. C’est pourquoi, désireuse de sauver les meubles, la patronne de l’extrême gauche (Die Linke) au Bundestag, Sarah Wagenknecht, a décidé de critiquer l’immigration et de fonder pour cela un nouveau parti Aufstehen.
La gauche cherche une NEP de l’immigration, Mélenchon aussi
Elle cherche à capter les voix du peuple, à reprendre la main. Ce que l’extrême gauche espagnole et grecque a réussi, allécher l’électeur sur le seul désir de changement, contre le seul bouc émissaire des « gros », n’est plus possible une fois les yeux du peuple ouverts sur la catastrophe globale qu’induit l’immigration. Il lui faut donc faire avec, et, quoique l’idéologie d’extrême gauche souhaite et postule une immigration massive et sans limite, mettre la pédale douce là-dessus le temps qu’il faudra pour amadouer le populaire. C’est une sorte de NEP migratoire, ou plutôt de NIP (nouvelle immigration politique). Evidemment, cela perturbe un peu les vieux gauchos orthodoxes. Mais Sarah Wagenknecht a trouvé un moyen de faire passer la pilule. Aufstehen signifie debout. Contre le fascisme. On peut fermer un peu les frontières, si c’est pour lui couper l’herbe sous le pied.
Pas de solution Tsipras ou Sanchez possible pour Mélenchon
Mélenchon se trouve confronté au même problème et a trouvé une solution intermédiaire. Il vient de refuser de signer un manifeste pour l’accueil des migrants rédigé par Mediapart, Politis et Regards, porté par 150 personnalités du monde artistique, politique et militant, et déjà signé par plus de 30 000 noms. Parmi eux Clémentine Autain, l’une de ses plus vivaces camarades insoumises.
Mélenchon se trouve pris entre deux feux. A sa droite, le peuple, qui ne veut plus d’immigration. C’est à lui qu’il s’adresse quand il ne veut pas « faire comme si l’immigration était quelque chose de naturel, de désirable, de souhaitable (…) Le slogan “Vivre et travailler au pays”, c’est pas juste pour les bobos en France ». Il l’avait dit lors de l’université d’été de la France insoumise au mois d’août : « Honte à ceux qui organisent l’immigration par les traités de libre-échange et qui l’utilisent ensuite pour faire pression sur les salariés. »
La solution Sarah Wagenknecht impossible aussi pour Mélenchon
Mais Mélenchon, vieil apparatchik du PS habitué aux louvoiements doit aussi compter sur sa gauche et ses camarades de la France insoumise. Tous mondialistes à fond. Certains ont même lu Marx et savent qu’il était chaud partisan du libre-échange. Et puis il y a aussi le gros des électeurs de Mélenchon. Comme son appareil et ses bailleurs de fonds, ils n’ont rien à voir avec le peuple français. C’est le tissu des associations profondément imbibées d’idéologie immigrationniste, ce sont les bobos de même nuance. Mélenchon peut, comme Sarah Wagenknecht, dire qu’il ne faut pas abandonner la question de l’immigration à l’extrême droite, il peut, comme Tsipras saupoudrer son discours de considérations marxistes sur la stratégie du grand capital, mais, dans les circonstances présentes, prendre un virage à 180 degrés à la manière Wagenknecht lui est impossible, il se caraméliserait en une minute à moins d’un an des européennes. Il ne lui reste qu’à tirer des bords, entre flou et contradictions, pour espérer gagner sur les deux tableaux.