Nouvelle visite, économique et politique, d’Angela Merkel en Chine

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Le chancelier allemand Angela Merkel a entamé une nouvelle visite en Chine ce dimanche par un discours à l’université de Najing, dont elle a été faite docteur honoraire. Le chancelier allemand, qui doit rencontrer le président Xi Jinping, refuse toujours d’octroyer le statut d’économie de marché à Pékin, afin de conserver des droits de douane élevés et de contrer, autant que faire se peut, le dumping commercial. Mais au-delà de l’aspect économique, cette visite a également un caractère politique affirmé, comme le montrent les liens de plus en plus étroits tissés entre l’Empire du Milieu et l’Union européenne.
 
Angela Merkel est donc en Chine pour sa neuvième visite officielle – ce qui en dit déjà long sur les liens existant entre les deux pays – pour participer aux quatrièmes consultations gouvernementales germano-chinoises. Mais ces discussions semblent devoir se dérouler dans une atmosphère plus tendue que par le passé. Dès son arrivée, Angela Merkel a en effet tenu à évoquer le nécessaire respect de l’Etat de droit, et critiqué les difficultés générales faites aux ONG. Elle a également évoqué indirectement un dossier économique sensible, particulièrement en Allemagne, celui de l’éventuelle reprise par un investisseur chinois, Midea, de la PME Kuka, spécialisée en robotique, un secteur économique considéré comme stratégique par les Allemands. Les réactions sont très vives à Berlin, puisque même le vice-chancelier et ministre de l’Economie Sigmar Gabriel s’est élevé contre.
 

Nouvelle visite d’Angela Merkel en Chine

 
« Personne n’a intérêt à ce que des guerres commerciales d’ampleur soient déclenchées. Pour les éviter, nous devons parler ouvertement des problèmes existants », a déclaré le nouveau docteur.
 
De fait, comme ils le font d’ailleurs un peu partout en Europe, les Chinois semblent se ruer sur l’Allemagne. Trente-six entreprises allemandes ont été reprises par des sociétés chinoises l’an dernier. Kuka n’est donc qu’un exemple, particulièrement sensible sans doute compte-tenu de sa spécialité, mais aussi, d’un point de vue purement économique, parce que Berlin peine à trouver un repreneur local.
 
Angela Merkel a donc plaidé, de façon plus élargie, pour une meilleure réciprocité, à savoir pour une plus grande ouverture du marché chinois aux étrangers.
 
Certes, le rachat d’entreprises en difficulté et qui connaissent, de ce fait, un regain d’activité a donné une bonne image à ces reprises dans les milieux industriels et syndicaux. Mais leur montée en puissance suscite néanmoins des craintes à Berlin, qui ne tient pas, pour autant, de peur notamment d’affoler les marchés, à renforcer sa loi sur les investissements étrangers ce qui permettrait de bloquer certaines opérations.
 

Des questions économiques et politiques

 
On est déjà fort loin de la question de l’Etat de droit qui, manifestement, n’était qu’une manière d’introduction obligatoire pour la galerie internationale, mais sans réel impact, le dossier important étant bien sûr économique.
 
C’est d’autant plus vrai que la Chine accueillera le sommet du G20 en septembre – et que l’Allemagne en sera l’hôte en 2017. Le conseiller d’Etat chinois Yang Jiechi a d’ailleurs rencontré en fin de semaine dernière Federica Mogherini, Haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, qui a manifesté le soutien de Bruxelles à la présidence du G20 cette année. Une bonne entrée en matière pour les deux parties qui souhaitent, toutes deux, approfondir leurs liens stratégiques.
 
Ces relations pèsent évidemment sur l’actuelle visite d’Angela Merkel, puisque la Chine estime que l’Allemagne, membre central de l’Union européenne, est un élément important, pour ne pas dire davantage, du bon développement des relations économiques et commerciales avec l’Union européenne.
 

Raison et commerce

 
Pékin en profite d’ailleurs pour souligner quelques points de friction sur lesquels elle aimerait bien que les Européens se montrent raisonnables, tels la question de l’acier, ou celle du dumping commercial.
 
Lors de la rencontre bruxelloise avec Federica Mogherini, les deux parties se sont d’ailleurs entendues pour dire que, en tant que puissances mondiales, la Chine et l’Union européenne partageaient des intérêts communs, et accordaient une importance prédominante à la paix, aux réformes et à la diversité de la civilisation globale.
 
Comme d’habitude, à l’aide de grandes idées généreuses mais floues, on est prêt à s’entendre sur tout… et son contraire.
 

François le Luc