Deux photos, façon Dr Jekyll et Mr Hyde.
D’un côté, un jeune garçon noir souriant, tiré à quatre épingles, cravate club sur fond de chemise ciel et portant le classique blazer blasonné des écoles britanniques. C’est le type de photo qui a circulé dans la presse lorsque Axel Rudakubana a été arrêté pour avoir tué au couteau trois fillettes britanniques à Southport, le 29 juillet dernier. Pas question de parler d’attentat terroriste à ce moment-là, et les « de souche » qui ont protesté bruyamment contre l’immigration et les attaques islamistes ont été traités de racistes et soumis à une spectaculaire répression. D’ailleurs, la police n’a pas changé d’avis depuis lors, même après qu’un manuel d’entraînement d’Al-Qaïda a été retrouvé parmi ses affaires.
De l’autre, une photo plus récente. C’est le mugshot d’Axel Rudakubana, le regard agressif, les cheveux dressés en couronne désordonnée autour du visage, tel un rasta qui aurait oublié de se coiffer en sortant du lit. Le jeune homme (il avait 17 ans au moment des faits) a plaidé coupable lundi au premier jour de son procès pour meurtre des trois petites victimes, Elsie Dot Stancombe, Bebe King, Alice da Silva Aguiar qu’il est allé tuer lors de leur cours de danse, et de la tentative d’en poignarder huit autres.
Axel Rudakubana plaide coupable du massacre de Southport
Ce fut une surprise de dernière minute. Elle ne le sauve pas de la condamnation à perpétuité. Et elle pose de nombreuses questions. En renonçant à se défendre face aux 16 accusations de crimes dont il fait l’objet, Rudakubana rend un énorme service aux forces de l’ordre, à la justice britannique et au pouvoir : voilà qui les dispense de mettre au jour les faits dans toute leur horreur. Ce sont des faits qui, d’ores et déjà, les accusent : d’incurie, de mensonge, voire de racisme à l’envers. Ils ont jugé coupables les « petits Blancs » qui ont protesté d’autant plus violemment qu’on les empêchait de dénoncer des évidences.
Le « plaider coupable » de Rudakubana stoppe net le procès. Empêche de creuser plus loin au sujet de ses motivations idéologiques, dont l’absence affirmée par les autorités a justifié de ne pas considérer comme un terroriste selon le droit, mais simplement comme un ado ivre de violence.
Les dites autorités – Keir Starmer en tête – vont-elles devoir s’expliquer un jour sur la manière dont a été traité ce « fait divers », minimisé, occulté, étouffé ?
Quelques éléments ont fini par filtrer, en effet. On a su que l’angélique écolier de la photo présentée au public comme celle d’un jeune né au Royaume-Uni, portant un prénom chrétien, avait en réalité, bien avant le massacre, fait l’objet de trois signalements distincts à l’organisation « Prevent », mise sur pied par le gouvernement du Royaume-Uni pour contrer la violence terroriste. L’un de ces signalements soulignait l’intérêt potentiel du jeune homme pour les tueries d’enfants à l’école. Mais aucune suite n’avait été donnée. On a estimé qu’il ne posait pas un risque terroriste.
Le meurtrier plaide coupable, on passe à autre chose
On a également su, lors de l’audience de lundi, que le propre père de Rudakubana avait empêché son fils de se rendre à son ancienne école où le massacre a été perpétré.
On a su qu’au jour fatidique, Axel Rudakubana a visionné les images d’une attaque terroristes, avec des images vraies d’un homme hurlant « Allahu Akhbar » avant de poignarder un évêque à la tête, au cou et au torse. C’est aussitôt après qu’il est monté dans un taxi pour se faire conduire au cours de danse, qu’il s’y est tranquillement introduit, et qu’il a commencé à frapper des fillettes de moins de dix ans avec son couteau, systématiquement, « autant qu’il a pu, avant qu’elles ne puissent s’échapper ». Bilan : trois tuées, onze blessées.
On a su que quelques heures à peine après le carnage, la police savait déjà que Rudakubana était « connu de la police » et venait de regarder des vidéos de décapitation. On ne sait pas, en revanche, à quel moment une substance qu’il conservait dans sa chambre, de la ricine, un poison hautement toxique et pouvant servir de « bombe biologique », a été identifiée par les enquêteurs, ni le moment où le manuel de combat islamiste a été découvert.
Mais on sait que le Premier ministre travailliste Keir Starmer était au courant au fur et à mesure, et que rien n’a été dit publiquement, que le tueur a été inculpé en moins de deux jours, et qu’à partir de là, le secret de la procédure a été invoquée pour condamner au titre de l’outrage à la cour tout citoyen osant poser des questions.
Après le massacre de Southport les autorités ont occulté la vérité
Voulait-on empêcher les troubles à l’ordre public de la part d’une population scandalisée, outrée de ce que le crime ait été en quelque sorte « déclassé » ? Le défaut de réaction des autorités aux viols de mineures blanches par des bandes de Pakistanais ou d’Iraniens à Rotherham et ailleurs était encore dans les esprits.
On se souvient des condamnations sévères qui ont sanctionné des tweets ou des manifestations accompagnées d’appels haineux, ou simplement un peu vifs à l’égard des migrants. La peur, la colère d’une population abandonnée qui s’est sentie agressée n’a pas été prise en compte – alors même que l’agression était d’une violence inimaginable. Le mensonge délibéré a répondu aux questions légitimes, et la tension n’en a été qu’exacerbée. Elle ne peut l’être que davantage maintenant que la duperie a été dévoilée.
Aujourd’hui, Keir Starmer promet que la vérité sera faite, et va même jusqu’à dire que l’Etat a failli. La presse française salue ses annonces de modification de la loi et ses paroles fortes… mais il est en mode gestion de crise. Il assure n’avoir rien dit l’été dernier de ce qu’il savait pour ne pas porter préjudice aux droits des victimes et de leurs familles dans le cadre du procès qui aurait pu « s’effondrer » dès lors que l’accusé aurait pu se prévaloir de la publicité indûment donnée. Nigel Farage l’accuse aujourd’hui de se cacher derrière ces règles : « Cela n’est pas vrai, le pays avait besoin de connaître la vérité sur ce meurtrier et de savoir qu’il était connu des autorités. »
L’enquête publique qui s’annonce part mal. La confiance est rompue.