Mgr Philip Wilson, 67 ans, a reçu mardi une sentence d’emprisonnement ferme du tribunal d’Adelaïde, une peine de 12 mois de prison qu’il purgera vraisemblablement sous forme de résidence surveillée avec port d’un bracelet électronique si la justice en décide ainsi lors de l’audience de fixation des modalités de la peine, le 14 août prochain. L’archevêque australien était poursuivi pour n’avoir pas signalé des abus sexuels commis par un confrère prêtre dans les années 1970.
Le jugement qui le déclare coupable remonte à mai dernier et s’inscrit dans une logique de traque des prêtres catholiques en Australie, légalement obligés depuis peu dans certaines régions du pays de briser le secret de la confession s’ils ont connaissance d’une agression sexuelle sur mineure.
Dans le cas de Mgr Wilson, les faits remontent à une quarantaine d’années. Tout jeune prêtre, Philip Wilson aurait omis de signaler les abus dont deux enfants de chœur étaient victimes de la part d’un autre prêtre de la même paroisse.
En Australie, la justice traque ceux qui sont accusés de ne pas avoir signalé des abus sexuels sur mineurs
Tout repose sur la parole des deux victimes, aujourd’hui d’âge mûr. Le premier plaignant, Peter Creigh, affirme aujourd’hui qu’il a tout raconté, dans les moindres détails, au P. Wilson cinq ans après l’agression, une conversation dont aujourd’hui Mgr Wilson affirme qu’il n’en a aucun souvenir : « Je crois que je n’aurais pas oublié cela », déclarait-il au tribunal au mois d’avril.
La deuxième victime, dont le nom n’a pas été divulgué, assure quant à lui qu’il avait parlé de l’agression lors d’une confession en 1976, et que le prêtre l’avait renvoyé avec une pénitence, affirmant qu’il mentait. Mgr Wilson a déclaré au tribunal qu’il n’aurait jamais accusé quelqu’un de mensonge au tribunal, et qu’il ne se souvenait pas du tout d’avoir vu le garçon en 1976.
Le prêtre agresseur, James Fletcher, a pour sa part été condamné en 2006 pour neuf agressions au total ; il est mort en prison cette même année.
Mgr Philip Wilson condamné à un an de prison alors qu’il affirme n’avoir rien su des agissements d’un confrère
Mgr Wilson, qui est toujours archevêque d’Adelaïde – il est simplement secondé par un administrateur apostolique nommé début juin par le pape François – serait selon ses avocats affecté de la maladie d’Alzheimer, ce dont le tribunal n’a pas accepté de tenir compte.
Quoiqu’il en soit du prêtre prédateur qui était accusé d’avoir agressé des garçons prépubères et adolescents – le schéma classique chez les prêtres homosexuels abuseurs d’enfants – et de sa culpabilité qu’il niait, mais que la justice a estimé établie, les poursuites contre Mgr Wilson plus de quarante ans après les faits sont d’une autre nature et relèvent, pour autant qu’on puisse en juger, d’une sorte d’acharnement anticatholique. Comment apporter la preuve, en effet, qu’il « savait », dans le cas de la première victime ? Le cas de la seconde est encore plus grave parce qu’il est uniquement question de propos tenus dans le confessionnal, que le prêtre ne peut révéler sous peine d’excommunication.
Se pose également la question des dénonciations calomnieuses : Mgr Wilson, en recevant ces confidences terribles, les aurait-il tenues pour sérieuses il y a quarante ans, époque à laquelle le scandale des prêtres agresseurs n’était pas connu du plus grand nombre ?