Evêque auxiliaire de l’archidiocèse de Maria Santissima à Astana (Kazakhstan), Mgr Schneider a publié le 24 avril la première critique substantielle en provenance de la hiérarchie de l’exhortation apostolique Amoris Laetitia donnée par le pape François. Il y déplore la confusion et les interprétations contradictoires qu’elle suscite au sein même de l’Episcopat et lance un appel à la hiérarchie et aux laïcs pour prier le Pape de la clarifier et d’en donner une interprétation officielle en cohérence avec l’enseignement constant de l’Eglise.
Bien qu’il y voie, en divers aspects, un « trésor spirituel pour la vie chrétienne sur les questions matrimoniales et familiales », il avertit que certaines parties de l’exhortation « peuvent être raisonnablement utilisées pour légitimer l’abus » de donner la communion aux catholiques divorcés et remariés.
La confusion appelle une clarification rapide de l’interprétation
d’Amoris Laetitia
Le prélat établit une comparaison avec un traitement médical : « Lorsqu’on parle de vie ou de mort avec un patient, aucun médecin ne laisserait la moindre ambiguïté (…) La vie d’une âme immortelle est plus importante, car de la santé de l’âme dépend son destin pour toute l’éternité. »
L’évêque rappelle les conséquences logiques qui s’ensuivraient si l’on s’en tenait à une interprétation contraire à la tradition de l’Eglise : « Le 6ème commandement divin, qui interdit tout acte sexuel en dehors d’un mariage valide, ne serait plus universellement valide si des exceptions devaient être tolérées… Les paroles divines du Christ : « Que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a uni » (Mt. 19:6) ne seraient dès lors plus valides pour tous les couples sans exception. Il deviendrait possible dans un cas particulier de recevoir le sacrement de pénitence et la sainte communion tout en ayant l’intention de continuer à violer les commandements de Dieu. »
Pour Mgr Schneider, l’ambiguïté pourrait induire une modification dans la doctrine
Le prélat avertit donc les prêtres et évêques : « On prive ainsi les divorcés remariés de la possibilité d’une conversion totale allant dans le sens de l’obéissance à la volonté de Dieu (…) en leur laissant entendre, qui plus est de manière présomptueuse, que leurs actes ne constituent pas un péché grave ; on choisit le chemin de la facilité, celui qui évite le scandale de la croix. A ceux qui vont dans ce sens, Jésus répond encore maintenant : « Arrière de moi, Satan ! Tu m’es en scandale, car tes pensées ne sont pas les pensées de Dieu, mais celles des hommes ! (…) Si l’un d’entre vous veut me suivre, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive. » (Mt. 16 : 23-25)
L’évêque compare la confusion actuelle grandissante à l’Arianisme, hérésie qui entraîna presque toute l’Eglise dans l’erreur. La confusion actuelle est selon lui d’autant plus dangereuse que des deux côtés du débat, on considère que la doctrine de l’Eglise n’a pas été modifiée. Pour lui, une clarification de la part du pape François est urgente si l’on ne veut pas que la confusion se propage à l’ensemble de l’Eglise.