Migrants sans papiers : après l’incitation par l’appli CBP Home, Trump agite les amendes

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Depuis son retour à la Maison Blanche, Trump met tout en branle pour tenir ses promesses en matière d’immigration. Après s’être servi de l’application CBP One – qui permettait aux sans-papiers d’obtenir une libération conditionnelle sous Biden – pour les inciter au contraire à quitter le sol américain, la nouvelle administration les menace désormais d’amendes et de la saisie de leurs biens. Quelque 1,4 million d’immigrés clandestins dont l’expulsion a été ordonnée par un juge de l’immigration sont ainsi concernés par ces nouvelles sanctions économiques.

Une réponse musclée aux politiques permissives et même incitatrices de l’administration Biden qui a ignoré la loi américaine et a permis à des centaines de milliers de Cubains, Vénézuéliens, Nicaraguayens, Haïtiens, Mexicains et autres d’entrer aux Etats-Unis, les mains dans les poches. Le bras de fer commence.

 

Des amendes magistrales et des saisies de biens

Trump n’invente rien, il se sert de ce qui existe, à savoir une loi de 1996 qui a été appliquée pour la première fois en 2018 pendant son premier mandat. Il avait, grâce à elle, imposé des amendes totalisant des centaines de milliers de dollars à neuf migrants qui avaient cherché refuge dans des églises – sans qu’elles aient vraiment abouti. Biden avait soigneusement révoqué tout cela dès 2021. Mais le nouveau président remet aujourd’hui le couvert, en imaginant de nouvelles sanctions économiques contre les immigrés sous le coup d’un mandat d’expulsion qui n’auraient pas quitté le territoire : ils sont, cette fois, plus d’un million…

Ces sanctions pourraient représenter un coût journalier de 998 dollars. Appliquées rétroactivement pour une période pouvant aller jusqu’à cinq ans, elles conduiraient à des amendes dépassant le million de dollars, selon Reuters. Des sommes folles pour les sans-papiers dont le niveau de vie n’atteint généralement pas des sommets (selon l’institut Migration Policy Institute, 26 % des ménages comptant des immigrés non autorisés avaient des revenus inférieurs au seuil de pauvreté fédéral en 2019). Mais justement, il s’agit d’être dissuasif, avant que le couperet ne tombe : la date exacte de mise en application de ces sanctions n’a pas encore été confirmée.

« Les étrangers en situation irrégulière doivent utiliser l’application CBP [Customs and Border Protection] Home pour s’expulser et quitter le pays dès maintenant. S’ils ne le font pas, ils en subiront les conséquences », a déclaré la porte-parole du département américain de la sécurité intérieure.

 

Comment Trump a récupéré l’appli CBP, détournée pour blanchir l’immigration illégale

Nous avions déjà eu le loisir d’évoquer ici, sur RiTV, la fameuse application CBP One.

Initialement, elle avait été lancée en 2020 pour aider à gérer les flux légitimes de personnes et de marchandises à la frontière, rappelle le Daily Express. Mais en 2023, le président Biden s’en était saisi pour inclure les migrants : il leur suffisait d’y déposer une demande de rendez-vous dans le but d’obtenir l’asile, de soumettre une photo, et ils étaient quasiment assurés de gagner une libération conditionnelle et un permis de travail, et de ne plus jamais repartir. On leur donnait un point d’entrée bien précis sur le sol américain, y compris un aéroport. Et tout le monde était content !

Plus d’un million d’étrangers sont entrés ainsi aux Etats-Unis, officiellement, sans commettre le moindre délit : les clandestins n’étaient plus des clandestins puisque rentrés sous la bénédiction de l’administration. Sauf que cette dernière outrepassait gravement ses droits. Car l’application CBP One donnait une apparence de légalité à l’entrée massive aux Etats-Unis d’étrangers qui n’y étaient pas admissibles.

Le principe de libération conditionnelle invoqué existe peut-être depuis les années 1950, mais il n’a jamais concerné que des victimes de persécution, non des migrants économiques. En octobre dernier le magazine National Review citait le Centre d’études sur l’immigration (CIS) qui résumait ainsi la situation : « N’enfreignez pas la loi, nous le ferons pour vous. »

 

Rentrez chez vous !

Trump a revu l’histoire à sa sauce. Non content d’avoir révoqué l’application CBP One dès son arrivée au pouvoir, il l’a réactivée le 10 mars en la rebaptisant « CBP Home » ! Sa nouvelle fonctionnalité, « soumettre une intention de départ », permet aux immigrants illégaux de quitter volontairement le pays plutôt que d’être expulsés par les services de l’immigration et des douanes des Etats-Unis. Changement de programme ! C’est le voyage du retour qui leur est offert !

« Nous rétablissons l’intégrité de notre système d’immigration, a déclaré la secrétaire à la sécurité intérieure [en donnant] aux étrangers la possibilité de partir maintenant et de s’expulser, afin qu’ils aient encore la possibilité de revenir légalement dans l’avenir et de vivre le rêve américain. S’ils ne le font pas, nous les retrouverons, nous les expulserons et ils ne reviendront jamais. »

Environ 900.000 migrants avaient utilisé CBP One pour entrer aux Etats-Unis par la frontière sud. L’application avait également servi aux plus de 500.000 immigrants arrivés aux Etats-Unis par avion grâce au programme controversé CHNV de l’administration Biden en 2022 et 2023 (Cuba, Haiti, Nicaragua, Venezuela Parole Program). Le système avait été tellement fraudé, rapporte le National Review, que le maximum de 120.000 immigrés promis par Biden avait été copieusement dépassé. Et encore : 3 millions de demandes de CHNV avaient été déposées, dont 80.000 pour des étrangers résidant hors des pays couverts par le CHNV…

La « CPB Home » de Trump aura sûrement moins de succès ! Mais elle applique, elle, la loi, et renverse à bon escient les politiques immigrationnistes de gauche.

 

Clémentine Jallais