En tournée dans le Sud-Est asiatique la semaine dernière, Mike Pence, vice-président des Etats-Unis, a profité d’une escale en Indonésie pour y louer la culture islamique dans le pays. Flanqué du président de la nation islamique la plus peuplée au monde, il s’est rendu dans la plus grande mosquée de la région, où sa femme et ses filles se sont courtoisement déchaussées avant de revêtir voile et châle pour visiter le monument.
Si cette marque de respect pour les croyances religieuses de leurs hôtes n’avait en soi rien de très choquant, en revanche, les paroles du vice-président Pence étaient plus contestables, tant elles tendaient à gommer les différences entre la culture chrétienne et la culture islamique. « En tant que deuxième et troisième démocratie au monde, nos deux pays ont beaucoup de valeurs communes, y compris la liberté, l’état de droit démocratique, les droits de l’homme, et la diversité religieuse », a ainsi déclaré Mike Pence. « Les Etats-Unis sont fiers d’être en partenariat avec l’Indonésie. L’Indonésie promeut et protège ces valeurs », a-t-il assuré.
Mike Pence salue la culture islamique « modérée » de l’Indonésie
Un simple discours diplomatique des plus convenus ? Vu la suite, on peut craindre que non. Mike Pence semble pleinement adhérer au mythe de l’aggiornamento de l’islam, dont la restructuration est souhaitée par le mondialisme en vue de le rendre compatible avec le relativisme moderne, et mieux encore, avec un syncrétisme reposant sur une spiritualité partagée. Mythe, parce que l’islam modifié ne serait plus l’islam…
Le vice-président américain a en effet ajouté : « La tradition d’islam modéré de l’Indonésie est clairement une source d’inspiration pour le monde et nous vous rendons hommage à vous et à votre peuple. Dans votre nation comme aux Etats-Unis, la religion unit, elle ne divise pas ».
L’idéologie de l’ONU – et celle de l’UNESCO notamment – insiste lourdement sur le fait que les traditions et les religions sont les éléments qui produisent la guerre et les malheurs de l’humanité. Pour qu’elles cessent de le faire, il faut qu’elles changent de nature, c’est-à-dire, qu’elles cessent de se penser et de se présenter comme vraies…
Le vice-président des Etats-Unis rêve un islam respectueux du christianisme
Les paroles du vice-président Pence ont fortement irrité l’évangélique brésilien Julio Severo qui présente avec indignation les propos de son coreligionnaire. Il l’accuse notamment d’affirmer à tort que la cohabitation entre islam et autre religions se passe bien en Indonésie. Et de donner des exemples : 120 maisons brûlées, trois églises et une école détruite, 56 chrétiens blessés et quatre assassinés lors du soulèvement de musulmans de la ville de Saleman en Indonésie le 2 mai 2008. Sur les quatre assassinats, trois eurent lieu par égorgement.
Selon l’Union des églises protestantes en Indonésie, la violence religieuse contre les chrétiens a quasi doublé entre 2010 et 2011 dans le pays.
Et lorsqu’il n’y a pas de violences, les 10 à 13 % de chrétiens qui composent la population indonésienne ont à souffrir de pressions sociales, de justiciers, de milices et d’agissements des gouvernements locaux. Même la commission des Etats-Unis sur la liberté religieuse internationale a pu constater ces dernières années un nombre croissant d’attaques contre des églises chrétiennes.
Mike Pence et l’islam : un modèle pour la pensée unique
Les paroles de Mike Pence ont certainement des motivations commerciales, et visent à améliorer les relations entre les Etats-Unis et l’Indonésie sur ce plan.
Mais Julio Severo critique également les démarches de Mike Pence et, dès son entrée à la Maison Blanche, de Donald Trump qui ont cherché à s’entendre, qui avec l’Arabie saoudite, qui avec l’Indonésie, pour promouvoir la lutte contre le terrorisme. « Aujourd’hui, le terrorisme islamique est la plus grande menace au monde. Comment Pence peut-il vouloir un partenariat avec l’Indonésie islamique pour combattre le terrorisme ? En guise de comparaison, comment les Etats-Unis auraient-ils pu vouloir un partenariat avec l’Allemagne nazie pour combattre le nazisme ? Ou un partenariat avec l’Union soviétique pour combattre le marxisme soviétique ? »
La réponse est pourtant simple : la pensée unique empêche d’agir autrement, puisqu’il est interdit d’assimiler l’islam et le terrorisme, et même seulement de mettre en lumière des liens entre les deux.