Sarkozy ayant vendu en 2011 deux navires Mistral à la Russie, l’Amérique, l’Angleterre et l’Allemagne ont fait pression sur la France pour qu’elle soit annulée à cause de l’affaire ukrainienne. Hollande a cédé, il décide un report de livraison. Simple comédie pour complaire à ses partenaires, ou rupture effective du droit international ?
Ce devaient être des Mistral gagnants, ces navires de protection et de commandement devaient rapporter des devises (1,2 milliards d’euros) et remplir le plan de charge des chantiers de Saint Nazaire. Mais, comme dans une autre chanson de Renaud, ce n’est pas le Mistral qui a pris la mer, c’est la politique qui prend le Mistral en otage. L’Amérique et ses supplétifs, engagés dans une stratégie dangereuse en Ukraine, n’ont pas supporté le contre-jeu de la Russie, et obligent en conséquence la France à revenir sur un contrat signé en 2011.
Le report de livraison décidé par Hollande, bien dans sa manière, peut signifier deux choses, et il déconsidère la France dans les deux cas.
En cas de rupture du droit international, un sacré mistral soufflerait sur la France
Ou bien il se termine par l’annulation de la vente. C’est le souhait des Anglo-Saxons qui préconisent le rachat des Mistral par le Canada ou l’OTAN. Alors la parole de la France n’a plus de valeur, les contrats ne sont qu’un chiffon de papier et Paris donne l’exemple du mépris du droit international : c’est accepter, c’est préconiser que désormais la loi de la jungle régisse les relations entre Etats. Paradoxal pour une démocratie qui fait si grand cas de l’Etat de droit.
Subsidiairement, c’est nier la capacité de la France à honorer d’autres contrats puisqu’elle varie au gré des pressions qui s’exercent sur elle. Ce n’est pas seulement abandonner toute indépendance politique, c’est ruiner notre politique commerciale, notre industrie, et par voie de conséquence l’emploi. Les syndicalistes de Saint Nazaire s’en rendent compte.
C’est aussi choisir la voie de l’affrontement, en suivant servilement les Etats-Unis qui dressent l’Europe contre la Russie.
La comédie du report de livraison : inutile et dangereuse
Ou bien, il faut espérer que c’est le cas, il s’agit d’une simple comédie pour apaiser des partenaires en émoi, un report de livraison qui se borne à repousser l’échéance de quelques mois, le temps que les choses se tassent. Notre diplomatie aura fait passer le message à la Russie en sous-main.
Mais même ainsi la France n’en sortira pas grandie. Ses coups de menton ne pourront plus être pris au sérieux. Et il restera toujours un soupçon, pour d’éventuels acheteurs de biens stratégiques, que notre pays n’a pas la maîtrise de ses actes. Mais que peut-on attendre, en toute hypothèse, d’un président aussi peu maître de lui-même ?