L’Inde est à l’honneur cette année au Forum économique mondial qui se déroulera du 23 au 26 janvier à Davos, en Suisse. Alors que la Banque mondiale vient de lui prédire un avenir doré, le Premier ministre Narendra Modi sera le premier chef de gouvernement indien à s’y rendre depuis deux décennies. Le fondateur et président du Forum économique mondial, l’Allemand Klaus Schwab, voit une grande place pour l’Inde dans un monde de plus en plus multipolaire et « multiconceptuel ». Ses atouts ? Son « dividende démographique unique », la montée de l’esprit d’entreprise, ses innovations omniprésentes et ses réformes structurelles. « Le pays possède un mécanisme institutionnel robuste pour compenser avec dextérité sa diversité omniprésente tout en projetant une seule et même identité, un fait vecteur de leçons importantes pour le monde qui se bat pour trouver un équilibre et avancer vers une existence multiconceptuelle harmonieuse », s’enthousiasme Klaus Schwab dans une novlangue impeccable. L’Inde est un pays modèle de la mondialisation.
La Banque mondiale prédit un bel avenir à l’Inde, alors que Narendra Modi va assister au Forum de Davos
En termes de croissance économique, l’Inde devrait, grâce à un « gouvernement ambitieux qui entreprend des réformes complètes », dépasser la Chine au cours des années à venir, prévoit de son côté la Banque mondiale. Le PIB chinois à crû de 6,8 % en 2017 contre 6,7 % pour l’Inde, mais tandis que la croissance chinoise devrait décélérer, l’Inde devrait atteindre des taux annuels de croissance du PIB de l’ordre de 7,3-7,5 %. Narendra Modi est un excellent élève : n’a-t-il pas pris l’an dernier le risque de démonétiser largement l’argent physique pour imposer les paiements électroniques à tous les niveaux, rêve de tout Big Brother qui se respecte… et du fisc ?
Ayhan Kose, directeur du groupe chargé des prévisions de développement à la Banque mondiale, cite en outre comme facteurs clés de ce dynamisme indien ses réformes du marché du travail, de la fiscalité et du système de soins de santé, ses progrès en matière de scolarisation secondaire et aussi un « profil démographique favorable ».
Inde, pays modèle de la mondialisation dont elle profite à plein
Le « profil démographique favorable » cité par le responsable de la Banque mondiale, c’est le « dividende démographique » dont parle le président du Forum économique mondial : l’Inde a encore une population jeune mais une natalité qui décroît. C’est autant de charges en moins pour la population active.
Ce n’est pas la première fois que cette situation est avancée comme étant à l’origine du boom économique indien et les pays en développement sont encouragés à faire naître moins d’enfants par les organismes internationaux. On en paie le prix plus tard, comme en Chine où la population active rétrécit déjà…
La Banque mondiale et le Forum de Davos ne comparent l’Inde à la Chine qu’en termes économiques, mais il existe une autre comparaison moins glorieuse : comme la Chine, l’Inde pratique l’avortement à très, très grande échelle et les filles sont plus souvent victimes de ces pratiques mortifères que les garçons.