Mondialisme : pourquoi la Chine veut voir les Etats-Unis rejoindre l’AIIB

Mondialisme Chine Etats Unis rejoindre AIIB
 
La lecture de la presse chinoise anglophone sous contrôle du gouvernement communiste central est toujours aussi instructive. Vient de paraître sur le site du Global Times un appel aux Etats-Unis à rejoindre la banque asiatique d’investissement pour les infrastructures, mieux connu sous son acronyme anglais d’AIIB. L’appel est lancé par un éditorialiste mais correspond nécessairement à une volonté de la Chine – sans quoi le site ne le publierait pas… Et il correspond à une nouvelle marche vers le mondialisme.
 
La mise en place de cette banque d’investissement à l’initiative de la Chine correspond à une manœuvre en vue de la création d’un monde « multipolaire », mais capable de se rassembler avec le cours du temps sous domination chinoise, et donc dans le giron socialiste, et toujours dans un cadre supranational.
 
Mei Xinyu explique les raisons de la création de l’AIIB : il s’agit « d’améliorer le système financier international existant plutôt que de le renverser ». La Chine a voulu mettre fin à une situation où le cadre existant « ne peut pleinement refléter la réalité des tendances de l’économie globale et la force financière des joueurs émergents », mais il ne s’agit pas du tout d’une confrontation tous azimuts vis-à-vis des Etats-Unis. L’idée est surtout de prendre le pas sur eux dans les organisations internationales.
 

L’AIIB, une banque d’investissement sous contrôle de la Chine

 
« Injuste », « inefficace », le système actuel, nous apprend l’éditorialiste, a empêché que la Chine se développe davantage et n’a pas répondu à ses légitimes demandes. On croit rêver. La Chine, aidée et assistée par le monde occidental et la haute finance, est passé en 30 ans de son arriération économique aux toutes premières places dans l’économie mondiale, captant une bonne part de l’industrie manufacturière, profitant à fond du libre échangisme mondial tout en conservant son organisation étatisée et communiste.
 
En créant l’AIIB, à laquelle de nombreux pays occidentaux se sont très rapidement ralliés, la Chine veut continuer de profiter de cet état de fait en répondant aux besoins du système actuel dont le Global Times affirme que, malgré ses défauts, il reflète le besoin de gouvernance internationale, en accord avec les exigences des lois économiques.
 
Le système actuel, la Chine veut à tout prix le conserver dans la mesure où il profite à son « développement économique et social » – et cherche donc à s’y engager de plus en plus activement en augmentant la taille du « gâteau économique mondial », affirme Mei Xinju.
 

Mondialisme : la Chine appelle les Etats-Unis à rejoindre son leadership

 
Ces engagements sont au service non d’un impérialisme chinois, assure l’auteur, mais d’une multiplication des relations commerciales multilatérales, notamment par le biais de la Route de la soie mais aussi du Partenariat transpacifique. Ce dernier risquant d’être mort-né, la Chine met en avant le caractère « inclusif » de l’AIIB… qu’elle dirige.
 
Son objectif est clairement d’attirer de l’argent frais en Asie dans un cadre où la Chine possède un droit de veto mais où les règles financières internationales soient conservées : d’ailleurs, la devise de base de l’AIIB est le dollar. Quant à l’équité de son organisation, elle est assurée selon l’éditorialiste par le fait que le bureau exécutif ne peut comprendre plus d’une personne de nationalité donnée.
 
Mais toujours sous impulsion chinoise, on l’a bien compris.
 
L’éditorial se finit sur ces mots : « En ce sens, étant donné l’objectif de retranchement stratégique de l’administration Trump, et considérant que l’administration Trump n’a pas tardé à organiser un échange de visites entre les chefs des deux Etats, et puisque Trump a reconnu l’expérience réussie de la Chine en matière de construction d’infrastructures, alors peut-être, les Etats-Unis doivent rejoindre l’AIIB. »
 

Anne Dolhein

 
Mondialisme Chine Etats Unis rejoindre AIIB