Le Mot : Urgence vs Transparence

Mot Urgence vs Transparence
 

Plusieurs ONG britanniques ont examiné les contrats publics passés au Royaume-Uni avec des entreprises privées liés au covid pendant le covid, afin de déterminer si les dépenses étaient conformes à la loi. En particulier l’ONG Transparency International UK (TIUK) a examiné 5.000 gros contrats portant sur 48,1 milliards de livres sterling, dont près d’un tiers, 14,9 milliards, versés par le ministère de la Santé et des Affaires sociales. Selon TIUK, des anomalies importantes ont été relevées dans 135 contrats portant sur 15,3 milliards. L’ONG a déterminé des « drapeaux rouges », des signaux d’alerte dont l’accumulation laisse prévoir qu’un acte de corruption est probable : par exemple, l’attribution sans concurrence, ou à un fournisseur en relation avec l’acheteur depuis moins de cent jours, etc. Quand le contrat se signale par trois drapeaux rouges ou plus, il est déclaré suspect « à haut risque » : c’est le cas de 135 gros contrats covid. 28 contrats d’une valeur de 4,1 milliards de livres ont été attribués à des entreprises ayant des liens politiques connus, 51 d’une valeur de 4 milliards à des entreprises recommandées par des députés ou des pairs, ce que la Haute Cour anglaise juge illégal. D’une manière générale, TIUK constate que les deux tiers, en valeur, soit 30,7 milliards de livres d’achats de masques et d’équipements médicaux ont été attribués « sans aucune concurrence » !

C’est à dire de manière parfaitement arbitraire et sans aucune transparence, en contradiction avec les règles ordinaires d’attribution des marchés publics. En effet, les garanties normales conçues pour protéger le processus d’appel d’offres de la corruption ont été suspendues pendant la pandémie. Pourquoi ? A cause de l’urgence alléguée. Boris Johnson, alors Premier ministre, a justifié cela à l’époque par la nécessité de raccourcir le processus afin d’accélérer la fourniture d’articles indispensables. Mais dans le gouvernement mondial par la peur qui s’installe, l’urgence (ici pandémique, là climatique ou terroriste) sert justement à liquider toute transparence dans un premier temps, puis toute liberté. TIUK a justement remarqué qu’elle coûtait cher aux finances publiques et minaient la confiance du public dans les institutions politiques. TIUK écrit au National Audit Office, au Public Accounts Committee et à la Chancelière Rachel Reeves pour leur fournir un aperçu détaillé des conclusions et des contrats concernés.