Ce n’est rien, ce n’est qu’une femme qui se noie, disaient certains sots du temps de La Fontaine. De même aujourd’hui les partisans de la répression zéro estimaient-ils que les forces de l’ordre sont abusivement sensibles au refus d’obtempérer et au délit de fuite : ce n’est pas grand-chose, la vie d’un flic, face au terrible sort des banlieues et à leur désir de liberté ! Dans l’affaire Nahel Merzouk, par exemple, ce délinquant récidiviste tué en juin 2023 accidentellement par balle alors qu’il conduisait de façon très dangereuse et refusait pour la deuxième fois d’obtempérer. Pour tenter de justifier les terribles émeutes que ce fait divers a provoquées, le clan progressiste a fait un tintouin pas possible, accusant le policier qui avait arrêté le « petit ange » d’avoir au mieux perdu ses nerfs alors qu’il ne courrait aucun danger d’être blessé par la voiture qui redémarrait, au pire de l’avoir abattu par racisme. Or la mort d’un gendarme hier soir à Mougins, écrasé par un chauffard remet les pendules à l’heure : le refus d’obtempérer tue.
Des autorités très fermes en parole contre le refus d’obtempérer
Avant neuf heures du soir hier lundi, une BMW noire refusait un contrôle à la sortie de l’autoroute A8 à Mougins et percutait un gendarme du peloton chargé de l’opération. Une seconde, quelques gestes, quatre mots : un homme est tué. Le gendarme était adjudant. Agé de 54 ans, il laisse une femme et deux enfants âgés de douze et seize ans. Le conducteur a été retrouvé grâce à la géolocalisation de son téléphone portable, à Cannes, vers quatre heures du matin. Il était à pied, entouré de parents. Selon le ministre démissionnaire de l’Intérieur, Gérald Darmanin, c’est un homme originaire du Cap-Vert (au large du Sénégal), « qui est étranger régulier sur le sol national, qui avait son permis de conduire, mais qui avait de nombreux faits de délits routiers, notamment de refus d’obtempérer ». Le président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Renaud Muselier, a donné un coup de menton : « La sanction doit être exemplaire, et maximale, à l’encontre de ce tueur. »
A Mougins, l’homme qui tue a son permis malgré son casier
Ces déclarations appellent quelques commentaires. Renaud Muselier est un guignol : quand il s’agit d’agir, il va toujours dans le sens de la démagogie et du laxisme. Elu président en 2021 avec les voix de toute la gauche y compris LFI, ce politicien étiqueté à droite a renvoyé l’ascenseur aux dernières législatives et a participé à la grande alliance anti-RN qui a sauvé les meubles de Macron et du Nouveau Front populaire, amenant l’impasse où se trouve la politique française. Il n’a jamais voulu prendre les moyens d’une répression sérieuse de la délinquance et du crime. Quant à Gérald Darmanin, pourrait-il nous expliquer comment un conducteur qui a commis de nombreux délits routiers, notamment des refus d’obtempérer, peut être régulièrement en possession de son permis de conduire ? Quand on sait combien de points coûte un simple dépassement de vitesse, cette possibilité laisse la conductrice que je suis un peu rêveuse.
La Nouvelle France qui refuse d’obtempérer a fait les émeutes de 2023
On sourirait s’il n’y avait pas derrière ce fait divers la mort d’un homme et un grave problème politique. Le refus d’obtempérer est en effet un grave problème politique. Entre 2016 et 2023, il y a eu en moyenne 25.700 refus d’obtempérer par an sur les routes françaises, en légère baisse depuis 2021. Ils sont commis, selon les statistiques de la police, à 97 % par des hommes, et à 75 % âgés de 15 à 29 ans. Il y a donc une classe d’âge de jeunes mâles qui se rebelle contre les forces de l’ordre, et c’est elle qu’on a vue à l’œuvre dans les émeutes de 2023, c’est elle le fer de lance de la « Nouvelle France » dont Jean-Luc Mélenchon nous apprend qu’elle s’est forgée dans les grands ensembles urbains ces deux dernières générations et qu’elle a vu dans ces émeutes l’occasion de reconquérir des « territoires » dont policiers et gendarmes seraient les « occupants ». C’est une affaire cruciale. Le refus d’obtempérer n’est pas une simple infraction. Toujours selon le ministère de l’Intérieur, un sur cinq (soit plus de 5.100 par an) met en danger la vie de « une ou plusieurs personnes ». Autrement dit, l’affaire de Mougins le rappelle tristement, il tue, et il ne tue pas n’importe qui : il tue d’abord les représentants de l’Etat. C’est une arme de guerre civile à bas bruit.