Musiques ! Echos de l’Antiquité est la grande exposition temporaire proposée par le Louvre-Lens. Elle relève avant tout de l’archéologie, même si elle touche évidemment à l’histoire et à la musicologie. Le Louvre-Lens s’appuie sur les immenses réserves du Louvre à Paris, très riches en ressources antiques. L’exposition propose un véritable sujet, les pratiques anciennes de la musique, dans une perspective comparative entre quatre civilisations antiques : mésopotamienne, égyptienne, grecque, romaine. Les instruments de musique égyptiens et mésopotamiens sont les plus anciens attestés, depuis -3000, et s’avèrent souvent comparables, avec notamment beaucoup de harpes. Les Romains sont largement héritiers des Grecs, chose connue, et la tibia romaine ressemble beaucoup à l’aulos grec, sorte de hautbois, mais avec des détails qui diffèrent.
Les instruments de musique antiques ont pour leur très grande majorité disparu évidemment. Mais certaines parties ont survécu. Le climat égyptien, constamment désertique, a permis d’en préserver toutefois certains, en un matériau pourtant périssable. En Mésopotamie, relativement plus humide, n’ont souvent traversé les âges que des décors d’instruments, comme des têtes de bœufs en pierres précieuses. Les instruments grecs et romains en métal, souvent en bronze, ont parfois traversé les millénaires, en morceaux ou du moins jamais parfaitement entiers ou intacts. Or pour les trompettes ou cornes, les pièces fragiles situées près de la bouche du joueur ont un rôle absolument essentiel dans la production du son et ont malheureusement disparu.
Musiques ! Echos de l’Antiquité, une exposition passionnante
Depuis le XVIIIème siècle, nombreuses ont été les tentatives de restitutions de ces instruments, d’après les pièces originales ou des scènes les représentant. De nombreuses scènes dans les quatre civilisations évoquées ont montré des instruments utilisés par les musiciens lors de scènes funéraires ou sacrificielles en particulier. Ces tentatives de reconstitutions, et de jeu, sont présentées et commentées. L’exposition a popularisé l’histoire des trompettes d’Aida, reconstitution pensée spécialement pour l’opéra égyptien de Verdi, à partir de supports de brûle-parfums pris à tort pour des trompettes. Les reconstitutions ont été nombreuses dans la première moitié du vingtième siècle dans le genre des péplums ; tout en restant classique, la partition fait appel à quelques sons un peu originaux tirés d’instruments antiques plus ou moins crédibles.
Quelques partitions antiques, ou ce qui s’en rapproche, ont été retrouvées. Mais ce fait est rarissime, et ne concerne surtout que la mise en musique de tragédies grecques. La musique s’appuie sur la musicalité naturelle du grec antique, en l’accentuant de diverses façons. Beaucoup moins précis que notre notation moderne, ce système donne une bonne idée des interprétations antiques. Ces spectacles grecs ont eu lieu dans tout l’Empire romain ou presque. Des artistes grecs ont chanté à Nîmes ; on a retrouvé leurs tombes.
L’exposition Musiques ! Echos de l’Antiquité est passionnante. Elle s’adresse aux connaisseurs comme au grand public. Rappelons simplement, pour les parents, que les Anciens n’avaient pas la notion de la pudeur chrétienne, et que les décors de certains vases grecs ne sont pas adaptés au plus jeune public.
Hector JOVIEN
Exposition du 13 septembre 2017 au 15 janvier 2018.
Ouvert tous les jours de 10h à 18h, sauf le mardi.
Fermée le 25 décembre et le 1er janvier.
Gratuit pour les moins de 18 ans / 18-25 ans : 5 € / tarif plein : 10 €.