Cinq laboratoires des Centers for Disease Control américains ont subi des sanctions de suspension depuis 2003 pour avoir travaillé sur des pathogènes utilisables à des fins de bioterrorisme dans des conditions de sécurité insuffisantes. Cinq autres ont fait l’objet de signalements réguliers au Bureau de l’inspecteur général du Département de la santé depuis cette même date. Et tout récemment, un laboratoire des CDC a vu son autorisation de fonctionner retirée pour trois ans pour violation des règlements fédéraux relatifs à la manipulation de pathogènes bioterroristes.
C’est ce qui résulte d’une publication d’informations obtenue par le quotidien USA Today en application du Freedom of Information Act. Sous la pression du recours judiciaire, les CDC ont enfin avoué, mardi, la réalité de ces sanctions et signalements, tout en affirmant qu’« aucune de ces violations n’ont eu pour conséquence un quelconque risque pour le public ni de maladie chez les employés des laboratoires ».
Les pathogènes bioterroristes insuffisamment gardés et répertoriés par les CDC
Parmi les pathogènes étudiés dans les laboratoires des CDC – qualifiés d’« agents spéciaux » (select agents) – on peut trouver des virus, des bactéries et des toxines très dangereux comme ceux de la peste, de l’anthrax, Ebola ou encore la petite vérole, tous potentiellement utilisables comme armes chimiques ou bioterroristes. Le programme de recherche se fait conjointement par les CDC et le Département de l’agriculture.
Les CDC ont tout fait pour dissimuler l’identité des laboratoires concernés, mais selon USA Today il s’agit notamment d’unités de Kansas State University, l’université de Hawaii et de Brigham Young University.
Parmi les violations, il doit y en avoir tout de même d’assez graves puisqu’elles entraînent des sanctions importantes pour certaines. On sait ainsi qu’un laboratoire géré par les CDC à Fort Collins, Ohio, a fait l’objet d’une suspension de trois ans en 2007 pour manipulation et transfert non conformes du virus de l’encéphalite japonaise.
Trois signalements portaient sur l’envoi de pathogènes insuffisamment désactivés vers des unités qui n’avaient pas les licences nécessaires pour les accueillir. Dans deux autres cas, on a trouvé des pathogènes dans des zones non autorisées dans des laboratoires des CDC. On relève également des problèmes d’inventaire ou de non-enregistrement des pathogènes détenus.
Négligence des laboratoires : des lourdes sanctions aux promesses de mieux faire
Cinq affaires ont été clôturées et les laboratoires ont recommencé à fonctionner après que les CDC ont apporté la preuve qu’ils avaient renforcé les procédures de sécurité « afin d’éviter de nouvelles occurrences ». Un cas reste ouvert.
En 2014, les insuffisances des laboratoires des CDC avaient déjà été portées à l’attention du public à propos de la manipulation des agents de l’anthrax, d’Ebola et de la grippe ; un employé avait même dû subir un dépistage d’Ebola – heureusement négatif – en raison d’une exposition potentielle au virus.
Les CDC affirment aujourd’hui avoir amélioré leurs procédures de sécurité et se sont « engagés à tout faire » pour protéger les employés de laboratoire tout en « soutenant les avancées scientifiques afin de combattre des menaces qui évoluent ». L’homme de la rue n’a de toute façon pas d’autre choix que de leur faire confiance…