Dans une interview controversée qui fait réagir à droite comme à gauche, le gouverneur de Californie n’a pas su dire si changer de genre, à savoir subir des interventions irréversibles, pour un garçon de huit ans, était envisageable ou non. Enchaînant les bafouilles, se dérobant à une réponse claire, il a ménagé la chèvre et le chou dans une lamentable opération politique qu’il aurait voulue à son bénéfice, pour l’horizon 2028 des élections présidentielles (c’est vrai qu’il a déjà fait financer par les contribuables un joli buste en bronze !).
Sauf que personne n’en est sorti satisfait. Surtout, on se souvient que le très démocrate Gavin Newsom a tout fait, depuis son investiture en 2019, pour faire de la Californie le premier « Etat sanctuaire » pour les mineurs s’identifiant comme transgenres souhaitant subir ces opérations chirurgicales et voulant « se protéger » de leurs parents réticents… Il a multiplié les lois en ce sens, et tout d’un coup, il réaliserait, maintenant qu’il a un enfant de 9 ans, que ce n’est finalement pas si évident ?
Ce qui est certain, c’est que cette question arc-en-ciel est devenue un « problème majeur », selon ses propres mots, pour les Démocrates puisqu’elle a contribué à faire perdre Kamala Harris. C’est surtout pour ça qu’elle est un problème.
« Cette idée de soins aux enfants qui affirment leur genre, c’est dur », dit Gavin Newsom
« Et vos valeurs ? Huit ans, est-ce trop jeune pour faire une transition ? » a demandé au gouverneur le conservateur Shawn Ryan qui présente l’un des podcasts les plus écoutés aux Etats-Unis.
« Oui, je veux dire, maintenant que j’ai un enfant de 9 ans – il vient de les avoir. Allez, mec, je comprends », a déclaré Newsom. « Vous savez, c’est intéressant, rien que la question de l’âge. En tant que personne qui s’intéresse beaucoup à l’égalité au sens large – les droits LGBT, en particulier le mariage homosexuel –, la question trans, pour moi, est également nouvelle. Ces dernières années, j’essaie de comprendre, autant que quiconque, toute cette histoire de pronoms, d’essayer de comprendre tout ça. »
Mais encore ?
Est-il vraiment si difficile d’imaginer impossible un changement de genre pour un petit garçon de 8 ans, celui qui grimpe dans les arbres, construit des cabanes et découvre le monde, à commencer par lui… ? Il faut croire que oui. Surtout quand on a un « swing state » de plus de 14 millions d’électeurs. Et Gavin Newsom l’affirme : la question est « très difficile ».
Un homme réfléchi qui commence tout juste à « comprendre » ?! La bonne blague
Il a même osé déclarer qu’en fait son premier mouvement avait toujours été de contrer la rhétorique anti-trans de la droite, cette résistance qui venait de gens « opposés aux droits fondamentaux » selon ses mots. C’est pour cette raison qu’il n’a « pas encore approfondi la question » ! C’est pour cette raison qu’il dit le sujet « intense », « dur », mais ne lui donne aucune réponse claire et distincte…
Sans doute faudrait-il rappeler à cet hypocrite toute la politique qui a été la sienne depuis 6 ans ? Il a été champion en la matière et LifeSiteNews en offre un aperçu. Dès 2020, le gouverneur a signé la SB 123, qui obligeait à envoyer les détenus transgenres dans la prison de leur choix. En 2022, il signait la SB 107 qui défendait aux professionnels de santé de divulguer des informations médicales en réponse à des assignations à comparaître hors de l’Etat où de telles procédures (souvent à l’origine de l’un des deux parents) sont interdites, ainsi que la SB 923 qui exige que les professionnels de santé reçoivent une formation sur les soins d’affirmation de genre.
En 2023, il a fixé un calendrier pour la formation obligatoire aux compétences culturelles LGBTQ+ pour les enseignants et le personnel des écoles publiques et a obligé les tribunaux à préserver la confidentialité des demandes de changement d’identité sexuelle déposées par des mineurs. Partout dans l’Etat, il a fait en sorte que les élèves dits « LGBTQ+ » soient soutenus par des initiatives spécifiques. L’année dernière, il a même fait de la Californie le premier Etat à interdire aux districts scolaires d’exiger du personnel qu’il informe les parents si leur enfant change d’identité de genre ou demande l’utilisation d’un nom ou d’un pronom différent : non seulement leurs enseignants peuvent faire œuvre de dissimulation mais ils sont, en ce domaine, protégés par la loi californienne.
Qui plus est, son jeu gestuel lors de cette interview, dixit certains commentateurs experts, est typique d’une personne mal à l’aise, qui ne dit pas la vérité. Gavin Newsom a toujours œuvré volontairement et consciemment pour la dictature arc-en-ciel – jusque dans les magasins de jouets !
Changer de sexe pour les mineurs : une question de l’idéologie arc-en-ciel qui mine les Démocrates
Depuis plusieurs mois, on l’a vu, il tente de mettre de l’eau dans son vin. En mars dernier, comme le rapportait la BBC, il a modéré sa position, lors d’un entretien, sur la transidentité masculine dans le sport féminin, en avouant que c’était « profondément injuste ». Ce qui avait fait réagir immédiatement toute la communauté trans habituée à plus de soin de sa part.
Il faut dire que le contexte est de moins en moins porteur. Selon une enquête menée en février par le Pew Research Center, les Américains sont de plus en plus favorables aux restrictions visant les personnes transgenres : 66 % pensent qu’il faudrait obliger les athlètes transgenres à concourir dans des équipes correspondant à leur sexe assigné à la naissance et 56 % pensent qu’il faudrait interdire aux professionnels de santé de prodiguer des soins liés aux transitions de genre aux mineurs.
C’est d’ailleurs, et un certain nombre de Démocrates en sont persuadés, un point qui a contribué à la victoire de Trump. Dans l’entretien avec Shawn Ryan, Newsom a évoqué cette publicité de campagne qui avait fustigé le soutien de Harris aux opérations chirurgicales trans financées par les contribuables pour les détenus californiens, y compris les immigrants illégaux : il a concédé que c’était « incroyablement percutant » et que « politiquement, c’est un problème majeur pour le Parti démocrate ».
Nous y sommes : un problème pour le parti – pas pour les enfants.
Il apparaît ainsi fort probable que Gavin Newsom aimerait se distancer de son bilan politique global pour se rendre plus modéré et donc plus acceptable aux yeux d’une majorité d’électeurs. Car il est évident qu’il brigue la place pour la présidentielle 2028. Cela montre, une fois de plus, l’importance qu’a pris outre Atlantique, la question « culturelle » ou plutôt les enjeux woke. En tout cas, pour la girouette Newsom, ça tombe bien à plat.