Nigeria : « Dans certaines régions, il n’y a plus aucun chrétien »

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Dans un entretien accordé cette semaine à l’AED, Mgr Oliver Dashe Doeme, évêque de Maiduguri (nord-est du Nigéria) a demandé une intervention occidentale d’urgence, la seule possible désormais, selon lui, pour lutter efficacement contre les militants de Boko Haram, aujourd’hui alliés à l’État islamique. Il a parlé d’une armée nigérienne incompétente, gangrenée par la corruption et l’infiltration de Boko Haram dans ses propres rangs. Il a également appelé à l’arrestation des soutiens clandestins étrangers du groupe terroriste islamiste, précisant : « Le gouvernement [nigérian] sait qui parraine Boko Haram ». Les milliers de morts ne font apparemment pas le poids face aux enjeux politiques.
 

« Dans certaines régions, il n’y a plus aucun chrétien »

 
Et Mgr Doeme sait de quoi il retourne. Son diocèse est au cœur du territoire du groupe terroriste islamiste. En quelque cinq années, les incursions dévastatrices de Boko Haram ont causé la destruction de plus de cinquante églises et chapelles et l’abandon de plus de deux cent églises. Selon lui, au moins mille de ses fidèles ont été tués, dont bon nombre par les islamistes. « [Les extrémistes] pointent un pistolet ou un couteau sur eux, en leur disant que s’ils ne se convertissent pas, ils sont tués. Et certains d’entre eux ont été tués pour avoir refusé de se convertir ».
 
Depuis 2009, près de 70.000 des 125.000 catholiques de son diocèse de Maiduguri ont fui leurs maisons, soit plus de la moitié. « La menace à laquelle nous devons faire face est signe d’un avenir très sombre pour l’Église. Beaucoup de nos membres sont dispersés et d’autres ont été tués. Dans certaines régions, il n’y a plus aucun chrétien (…) La chose la plus importante est de prier pour notre peuple ».
 

Le Nigéria, grand absent à la réunion régionale de Niamey

 
Demander l’aide occidentale, parce que la gérance du gouvernement laisse à désirer… Le Nigéria n’a envoyé aucun émissaire à la grande réunion régionale contre Boko Haram qui se tient depuis quelques jours à Niamey, en présence des représentants de treize pays de la région du lac Tchad. Le but de cette entrevue est d’empêcher collectivement le déploiement meurtrier et expansionniste de la secte islamiste. Et de décrocher à terme le soutien logistique et financier de l’ONU.
 
Le président Goodluck Jonathan est bien plus occupé des toute prochaines élections (15 février) pour lesquelles il ne veut pas laisser de chance à son rival, l’ex-général Muhammadu Buhari, qui a dirigé le pays à la tête d’une junte militaire dans les années 1980 et a été trois fois candidat à la présidentielle par le passé. Aucun des deux ne place Boko Haram dans ses objectifs premiers. La population risque d’être tentée par le candidat qui n’a pas encore été vu à l’œuvre face à la terreur islamiste. Mais Buhari est un musulman conservateur du Nord – Jonathan, un chrétien du Sud : on peut à juste titre se demander quelle sera la nature de ses relations avec Boko Haram…