Une douzaine d’écoles entièrement financées par l’Etat à Baltimore, dans le Maryland, affichent aujourd’hui un triste record : aucun élève sorti de leurs murs n’a réussi à passer un examen de connaissances de base en mathématiques. C’est certainement le signe d’un gaspillage terrifiant des fonds publics – mais pour les élèves eux-mêmes comme pour la société américaine en général, le message est bien plus grave encore, puisque des écoles bénéficiant de dépenses parmi les plus élevées par élève aux Etats-Unis se révèlent incapables d’enseigner les savoirs élémentaires. Sur les 39 écoles publiques de Baltimore, cela représente une sur trois.
Selon le Project Baltimore qui publie ces statistiques, le tableau dans les autres écoles publiques de la ville n’est guère plus reluisant. Six d’entre elles affichent un misérable score d’un pourcent d’élèves ayant réussi le test de mathématiques, pourtant peu compliqué. Soit au total, pour les 19 écoles concernées en bas de tableau, 14 élèves sur plus de 3.800.
Le décervelage dans les écoles publiques américaines est endémique
Même une école bénéficiant d’un statut « charter » – plus libre sur le plan pédagogique tout en étant financée à 100 % par des fonds publics – et vantée comme un modèle de « progrès » a réussi à former moins de 15 % élèves ayant des compétences adéquates en mathématiques. Mais dans cette école non-mixte, pour garçons, on est tout de même passé de 9 % de réussite à 14,4 %…
Le directeur de cette école signale que parmi les garçons noirs de Baltimore City, 90 % n’arrivent pas à lire au niveau théorique de leur classe. L’illettrisme fonctionnel touche des proportions effarantes de la population : plus de la moitié des élèves des écoles publiques de Californie ; deux tiers des adultes à Washington DC de l’aveu même d’un rapport de l’agence de l’Education de l’Etat.
A Baltimore, pas un seul élève à niveau en maths dans une école publique sur trois
L’explication, comme le signale Alex Newman du New American, se trouve dans la persistance du recours aux méthodes globales d’apprentissage de la lecture, dont l’inefficacité a été constatée « il y a plus de 150 » ans. C’est au nom du « Common Core » (la variante américaine du « socle commun ») que ces méthodes sont partout appliquées.
A Baltimore, les mauvais résultats ont provoqué la réponse habituelle : les responsables demandent plus de moyens et plus de temps. Ce que les familles américaines adeptes du home-schooling parviennent à transmettre sans difficulté relève de la mission impossible pour eux, et ils semblent tenir à ce que les choses en restent là.
Si ce n’est pas délibéré, au pays du pragmatisme, c’est incompréhensible…