NKM candidate : des primaires façon US pour une France New Age

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Nathalie Kosciusko-Morizet, alors candidate à la mairie de Paris, pose le 17 février 2014.

 
NKM est candidate pour porter les couleurs de la « droite » à la prochaine présidentielle. Avec Montebourg qui se prépare à gauche, cela promet des primaires à la mode US, avec à la clef un abaissement de la fonction qu’ils briguent. Nathalie Kosciusko-Morizet a une vision tout à fait New Age de la France et de la politique.
 
Ils sont peut-être quatre à « gauche » (Hollande, Valls, Macron et Montebourg qui vient de se proclamer « au-dessus de la mêlée », ce qui est une entrée en campagne classique), et sûrement dix « à droite et au centre » (Juppé, Copé, Fillon, Le Maire, Mariton, Poisson, Nadine Morano, Lefebvre, Hammou, plus NKM qui vient de se déclarer candidate) à concourir aux primaires qui désigneront les champions des partis à la présidentielle de mai prochain. Avec Nicolas Sarkozy qui se décidera « autour de l’été », on arrive à « l’équipe de foot » dont se moquait naguère Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du PS. Quant à Michèle Alliot-Marie, MAM pour les amateurs d’acronymes, qui laisse encore planer un suspens insoutenable, elle fera la remplaçante dans les buts.
 

Des primaires contraires à l’esprit des institutions

 
Ce phénomène est radicalement opposé à l’esprit des institutions de la cinquième république. Le général De Gaulle avait institué la présidentielle au suffrage universel direct pour en faire le sacre populaire d’un homme indépendamment des partis, de leurs réseaux et de leur argent. Il se plaçait d’ailleurs sans le dire dans la tradition de l’ancienne France, que la troisième république avait partiellement respectée. On se souvient que sa constitution avait prévu le poste de président de la république, sous la pression parlementaire des royalistes et bonapartistes majoritaires à l’assemblée, afin de ménager au prétendant au trône de France l’occasion de l’occuper. La durée du mandat, sept ans, et les prérogatives qui lui étaient attachées, en faisait une fonction à part, trace (et promesse ?) de l’ancienne monarchie.
 
L’installation de primaires à la mode US se situe dans un processus de liquidation de cette tradition de la France monarchique et d’abaissement de la fonction présidentielle qu’avait ouvert le remplacement du septennat par le quinquennat. Et confirme le même alignement sur les Etats-Unis.
 

A quoi sert NKM ?

 
La candidate NKM n’y trouve rien à redire. Elle a déjà publié, c’est une maladie politique bien de chez nous, un livre, qu’elle a sobrement intitulé Nous avons changé le monde : elle entend maintenant changer la France et la politique selon le modèle US. En se déclarant candidate le huit mars, journée mondiale de la femme, elle saucissonne l’électorat et vise une csp particulières, celle qui porte jupe. Et d’expliquer qu’elle est pour la « vraie subversion », qui consisterait à tenter le « pouvoir féminin » dans une France « profondément machiste ». Parmi d’autres déclarations à l’emporte pièce, NKM a lancé : « A nous d’enfoncer les portes, de briser les murs, de prendre les Bastilles qui enferment le génie français. C’est d’une insurrection française dont nous avons besoin ».
 
Derrière ces mâles paroles de Sans-culotte, quel peut être le projet de NKM ? La question se pose deux fois. D’abord, dans le jeu de billard qui se livre depuis plus de deux ans « à droite et au centre » et qui durera jusqu’aux primaires, quelle est son ambition, quelle est son utilité ? Il faudrait être devin pour le savoir, ou plutôt testeur de sensibilité politique dans l’électorat modéré : à qui profitera l’émiettement des candidatures aux primaires ? Vers qui se réfugieront les plus nombreux ?
 

Une révolution US contre la France

 
L’autre question est moins futile, et d’une réponse moins aléatoire. NKM prend date, vraisemblablement, pour 2022 : alors, que veut-elle ? Elle se décrit comme « visionnaire » par opposition aux « réactionnaires ». Bourgeoise jusqu’au bout des ongles, descendante d’un petit marchand juif polonais venu faire fortune sous la monarchie de juillet d’une part et d’un grand père communiste de l’autre, elle n’a nulle sympathie pour l’ancienne France. Elle combat toutes les « vaches sacrées » et les « vieilles lunes », elle est l’adepte enthousiaste d’un « monde qui change plus vite que nous ». Elle veut bouleverser la France de sorte que ne puissent être élus que ceux, le président en particulier, qui « auront accepté de n’être qu’un maillon utile et renoncé à l’illusion qu’ils sont l’incarnation de l’histoire ». Du passé, faisons table rase. Le président ne sera plus la continuation de la tradition royale, la France doit oublier son histoire pour se faire à des manières venues d’ailleurs et se couler dans un système de gouvernance mondiale.
 

NKM candidate New Age

 
Voilà qui révèle une mentalité très US, mais plus encore New Age. Dans sa déclaration de candidate aux primaires, NKM a exposé ses ambitions profondes : « Je suis candidate pour donner à chaque Français la maîtrise de sa vie (…) pour permettre à chacun d’aller vers ses objectifs et ses rêves. » Cela dit très clairement deux choses. La première est que la candidate NKM considère la France comme une somme d’individus, non comme une entité politique et historique. Elle ne parle nullement de la grandeur, ou de l’identité, ou de la prospérité, de la France, des moyens d’y faire régner la justice, d’augmenter sa puissance, etc.… Elle s’engage pour des individus. Et elle nous parle de leur épanouissement dans des termes qui sonnent décidément New Age. « Permettre à chacun d’aller vers ses objectifs et ses rêves » n’est pas seulement une promesse à l’eau de rose d’une grande bobo nunuche, c’est aussi l’usage d’un vocabulaire spécifiquement New Age qui fait référence à une certaine spiritualité globale s’inspirant de philosophies exotiques, soufisme, bouddhisme, shintoïsme, etc., mises à la mode notamment par le Dalaï Lama : il s’agit pour tout individu de « réaliser la part de divin  qui est en soi ». Quant à la France, la candidate NKM n’en a strictement rien à battre. Les autres candidats aux différentes primaires non plus, d’ailleurs.
 

Pauline Mille