Le “non” des Pays-Bas au referendum sur l’Ukraine

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Affiche dans le métro d’Amsterdam sur laquelle le chef de l’extrême-droite néerlandaise embrasse Vladimir Poutine. De nombreux commentateurs estiment que le « non » est une victoire pour le président russe.

 
Le « non » l’a emporté mercredi lors du referendum néerlandais sur l’accord d’association entre l’Union européenne et l’Ukraine. Si les Pays-Bas ont ainsi exprimé quelque réserve vis-à-vis de l’actuelle question ukrainienne, tout le monde s’accorde à dire que l’expression de ce scrutin, sans application réelle, est surtout la marque d’une méfiance envers l’Union européenne
 
Le fait que le quorum requis (à savoir 30 % de participation) pour que le scrutin soit déclaré valide n’ait été atteint que de justesse à près de 32 % n’aura eu, en l’affaire, que peu d’importance. Comme le fait que le vote lui-même ne soit que consultatif. Car l’écrasante victoire du « non » (à plus de 60 % des suffrages exprimés) marque, avant même la question de la crise ukrainienne, la délicate situation dans laquelle se trouve aujourd’hui une Union européenne qui est de plus en plus boudée par les citoyens des vingt-huit Etats-membres qui la composent.
 

Les Pays-Bas et le referendum sur l’Ukraine

 
Le fait même du caractère purement consultatif de ce scrutin, qui explique partiellement le peu de participation des Néerlandais, vient renforcer cette idée de défiance. Avant de penser aux questions en cause dans l’accord sur l’Ukraine soumis à leur interrogation – commerce, politique, défense, etc. – les Néerlandais ont manifestement pensé d’abord au peu de cas que l’on fait de leur voix dans la démocratie à la mode européenne.
 
De fait, aujourd’hui, les Pays-Bas sont le seul pays à n’avoir toujours pas ratifié cet accord, et donc la seule voix qui manque à son application ; et l’on peut douter que le gouvernement néerlandais prenne le risque de ne pas s’aligner, à ce sujet, sur l’avis exprimer par ses vingt-sept partenaires. Et tant pis pour le peuple…
 
Pourtant, le premier ministre néerlandais Mark Rutte se trouve désormais face à un écueil – d’autant plus que son pays assure ce semestre la présidence tournante de l’Union européenne. S’il s’affirme comme le représentant du seul pays à s’opposer à cet accord avec l’Ukraine, il prend le risque de déclencher une nouvelle crise européenne alors même que l’Union accumule, ces derniers temps, les signes d’une faiblesse grandissante.
 
Si, en revanche, il décide de faire appliquer le traité en ajoutant sa voix au concert de ses partenaires contre l’avis populaire, il renforce les critiques de plus en plus fortes quant au déficit démocratique au sein de l’Union européenne.
 

Un “non” qui peut faire vaciller Bruxelles sur ses bases

 
Les paramètres sont, en l’occurrence, délicats : il y a, à l’est, Vladimir Poutine qui surveille la question comme le lait sur le feu ; à l’ouest, les eurosceptiques britanniques qui renforcent leurs batteries contre Bruxelles à deux mois d’un autre referendum qui, très certainement, et quel qu’en soit l’issue, va ébranler la maison Europe et ses certitudes.
 
La question est d’autant plus compliquée que les Néerlandais ont encore en mémoire le referendum du 1er juin 2005 sur le projet de Constitution européenne, ou leur « non » de l’époque fut aussi mal traité que celui des Français. Réitérer cet acte de déni démocratique risquerait d’agrandir, dans un pays où l’euroscepticisme a été jusqu’ici contenu dans les urnes, le fossé existant entre les politiques et les citoyens.
 

François le Luc