Un mois après l’amnistie des immigrés clandestins qui annonce leur régularisation, Obama renoue avec Cuba qui n’avait plus de relations diplomatiques avec les Etats-Unis depuis un demi- siècle. Par une double révolution interne et externe, ce président d’inspiration trotskiste a pour objectif la fusion du Nord et du Sud, de l’Est et de l’Ouest, afin d’aboutir à la gouvernance globale par la connexion de toutes les économies. Avec l’aide d’une Europe neutralisée.
« Somos todos Americanos », a déclaré Barak Obama en annonçant son coup d’éclat, et son coup d’Etat, mondial. La manœuvre engagée a trois aspects, un purement intérieur, par lequel le président trotskiste entend bouleverser l’équilibre traditionnel des Etats-Unis tout en relançant les Démocrates pour la prochaine présidentielle, un rétrospectif, par lequel il récrit l’histoire de la guerre froide pour exonérer le communisme, et le troisième prospectif, par lequel il prépare l’avènement d’une gouvernance globale.
Une amnistie révolutionnaire à l’intention des « défavorisés »
Commençons par la politique intérieure américaine, que Barak Obama n’oublie jamais. Reinformation.tv a plusieurs fois analysé comment ce politicien formé aux idées du trotskiste Alinski, a, dès ses débuts, utilisé les minorités dites défavorisées pour déstabiliser les institutions américaines, et comment il continue à le faire depuis la Maison Blanche, en s’aidant notamment du pouvoir judiciaire pour contourner les élus du peuple. Ce faisant, il entend également modifier l’identité des Etats-Unis en se débarrassant de leur tradition historique. L’un des passages de son discours qui a été mis en avant par son service de presse le montre sans fard : « L’Amérique a décidé de couper les menottes du passé. » Obama rompt significativement avec cinquante ans de politique américaine face à Cuba juste après avoir rompu avec la tradition américaine en matière d’immigration. Et ce n’est pas un hasard s’il a annoncé cette rupture en espagnol. Il vise, aussi, la population hispanophone des Etats-Unis, minorité « défavorisée » dont il augmente considérablement le poids politique, ce qui aura pour effet d’accélérer l’émiettement centrifuge des USA, tout en rééquilibrant, espère-t-il, la balance électorale qui penche trop fort à son goût en faveur des Républicains.
Cependant, le rétablissement des relations diplomatique avec Cuba s’adresse surtout au monde entier et participe d’une politique globale. Il vise d’abord à réécrire l’histoire. On le voit dans ses propres paroles et par la façon dont l’information a été traitée en Europe. Ses déclarations sont tout à fait explicites : « Nous allons mettre fin à une approche datée qui a échoué et faire avancer nos intérêts ». Ce n’est pas de la repentance mais ça y ressemble : cela signifie clairement que la politique de ses prédécesseur était inefficace et mauvaise. Et c’est bien ce qu’ont mis en musique les médias occidentaux. Il était particulièrement intéressant d’observer la façon dont LCI a présenté la chose, parce que c’est la chaîne de télévision payante de TF1, la chaîne des spécialistes de politique étrangère, des grandes entreprises liées à l’Etat, donc en tout point la chaîne du système. Or LCI a présenté l’histoire des relations entre Cuba avec les Etats-Unis d’une façon simpliste, en « oubliant » bien des faits qui permettent au spectateur de se faire une opinion différente de celle d’Obama. Ces relations sont anciennes et complexes. Depuis l’écrasement de l’Espagne par les USA en 1898, Washington a toujours souhaité exercer un protectorat sur le nouvel Etat, politique parfois, économique toujours, et le soulèvement mené en 1959 par le bourgeois espagnol Fidel Castro avait donc un côté national et anti yankee. Mais ce serait une imposture de nier que ce fut aussi et avant tout une révolution communiste. Le fait est pourtant à peine rappelé. De même le débarquement manqué de la baie des Cochons contre le régime dictatorial de Fidel Castro ne fut-il pas mené par des « mercenaires », comme on le dit, mais par des anti castristes convaincus, même s’ils avaient évidemment cherché un appui logistique auprès de la CIA. Barak Obama a pris soin de relever qu’il n’avait qu’un an lorsque fut lancée la « calamiteuse » opération de la baie des Cochons. Enfin et surtout, le régime communiste installé par Fidel Castro ne fut pas seulement dictatorial et meurtrier, il fut aussi inefficace : le retard économique de Cuba, dont les touristes s’enchantent, n’est donc pas dû à l’embargo commercial jeté par les Etats-Unis, comme on le répète à satiété, mais à l’idéologie mortifère du régime et à l’incapacité notoire de ses dirigeants.
En récrivant l’histoire, le trotskiste Obama exonère le communisme et Cuba
En outre, l’URSS mena en Amérique latine au début des années soixante, une politique aussi agressive et dangereuse que mènent aujourd’hui les Etats-Unis en Ukraine, à savoir provoquer l’adversaire sur son glacis proche. Cette stratégie aventurée accumula des menaces qui culminèrent en 1962 par ce que l’on a nommé la crise des missiles de Cuba, Moscou ayant prévu d’installer des missiles porteurs de têtes atomiques à quelques miles de la Floride. La guerre mondiale fut évitée de justesse, et la politique dite de « détente » y succéda. C’est à ce moment-là que fleurirent des organisations pacifistes et des instituts où politiques de haut niveau et scientifiques de renom se sont mis à préparer ce qu’ils appelaient la « convergence des blocs», le rapprochement de l’Est et de l’Ouest, c’est-à-dire la fusion du socialisme et du capitalisme pour assurer la paix et l’unité de la planète. Rien de cela n’est évidemment rappelé par nos médias, et la présentation qu’ils font de la politique américaine d’alors ressemble fort à de la simple propagande soviétique.
En criminalisant la diplomatie de son pays durant la guerre froide, Barak Obama exonère en même temps le communisme à Cuba et prépare la suite de la convergence des blocs. Une convergence plus vaste que celle alors imaginée, une véritable fusion mondiale. En proclamant « Somos todos americanos », le chef de l’Etat le plus puissant d’Amérique, anglophone et du Nord, signifie à l’Amérique latine que l’opposition multiséculaire entre Gringos et Chicanos n’a plus lieu d’être. Il prépare, il officialise, il solennise la fusion économique du Mercosur et de l’Alena, les deux « marchés communs » qui régissent les deux Amériques. Mais le message envoyé par le président de la première puissance mondiale est plus fort encore : lui le métis du Nord, le coloured people non wasp, dit en espagnol, et non en anglais, à tous les métis du Sud, nous ne faisons qu’un – car Cuba, bien que située au nord de l’Equateur, est, par sa structure ethnique, sociale et économique, emblématique du Sud. On peut rapprocher ce message du choix à la tête de la francophonie de la Canadienne Michaëlle Jean : à ce poste traditionnellement réservé à un homme politique du Sud et africain accède une femme politique du Nord, et américaine comme Obama, mais elle aussi métisse et plongeant des racines en Afrique, puisqu’elle vient d’Haïti.
En marche vers la fusion globale Nord-Sud Est-Ouest
Cette fusion Nord Sud s’étendra demain à l’Afrique, où Obama pousse ses pions, la tectonique de la convergence globale annulant celle des plaques. Elle complète le traité transatlantique en préparation d’une part, et d’autre part les institutions internationales qui s’installent peu à peu en Asie et dans le pacifique. Pour n’en citer que deux, le TPP, Transpacific partnership, relie les puissances anglo-saxonnes non européennes, USA, Nouvelle Zélande, Australie, Canada, à des pays d’Asie ou d’Amérique (Chili, Mexique) ; l’APEC (Asia-Pacific Cooperation) touche une zone géographique encore plus vaste, comprenant à la fois la Russie et la Chine. Ici encore, Barak Obama a tenu à préciser que les Etats-Unis ont déjà des liens avec des pays communistes tels le Vietnam et la Chine. La caractéristique d’organisations telles que le TPP ou l’APEC, c’est qu’elles regroupent des pays du Sud et du Nord, de l’ancien bloc de l’Est et de l’ancien bloc de l’Ouest, capitalistes et communistes, de haut niveau de vie ou à peine émergents. Bref, ils préfigurent la grande fusion globale d’inspiration socialiste, visant à une péréquation par laquelle les pays riches, en sacrifiant une part considérable de leur développement, prétendent assurer celui des autres, sous l’autorité d’une gouvernance mondiale.
On notera pour finir deux détails significatifs. D’abord, Barak Obama a invoqué une lutte commune contre « Ebola » et « le terrorisme » pour justifier son rapprochement avec Cuba. Cela confirme de manière éclatante la fonction occupée par les grandes peurs médiatiques : la prétendue pandémie d’Ebola a tué cinq mille humains (contre vingt millions au moins pour la grippe espagnole), le califat islamique a été couvé par les Etats-Unis, et leur exploitation permet de justifier la fusion globale dont Cuba est le signe précurseur. C’est un chef-d’œuvre de propagande trotskiste. Ensuite, le pape François aurait joué un rôle prépondérant dans les conversations qui ont permis au différend entre Cuba et les Etats-Unis de se dénouer. Le pape a une excellente image dans les médias internationaux grâce au progressisme qu’on lui prête en matière ecclésiale et au tiers-mondisme dont on le crédite en matière politique. Voilà maintenant que Barak Obama le félicite urbi et orbi pour son rôle dans ce nouveau pas vers la grande fusion trotskiste. Il faudra bien se demander un jour à quoi sert ce pape, ou, autrement dit, qui instrumentalise l’Eglise.