Confus ? Egaré ? Déficient ? Rien de tout cela, martèle la Maison Blanche, à l’approche du premier débat de la présidentielle, inhabituellement précoce dans le cycle des élections générales américaines. Joe Biden a 81 ans, il en aurait 86 à la fin d’un second mandat. Et de nombreuses vidéos affichent un homme déjà vieux, passablement déphasé : trois d’entre elles récemment publiées ont engendré l’ire des Démocrates qui ont fustigé des « cheap fakes », des « contrefaçons bon marché », soit un énième moyen de désinformation pour nuire à sa réélection. Mais qui trompe qui dans l’histoire ? Car il y a de bonnes raisons de douter de l’aptitude physique et mentale de Joe Biden à conduire un nouveau mandat. Tellement qu’Obama lui-même, inquiet sur l’issue, revient dans la course pour épauler le président sortant. Tellement que beaucoup réclament des tests de dopage avant le débat de ce jeudi 27 juin.
Même les Américains en sont conscients, dont 73 % pensent que Biden n’a pas la santé mentale et cognitive nécessaire pour repartir à la présidence, selon une enquête du New York Times/Siena College réalisée en mars. Qui voudrait d’un président piqué aux hormones ? Les Démocrates sont prêts à tout pour dégager Trump. La confusion de leur vieux poulain ne les arrêtera pas.
Confusion de la campagne présidentielle
Des vidéos qui montrent un Biden désœuvré, ça ne date pas d’hier. Mais le temps aidant, ou ne l’aidant pas justement, il est de plus en plus facile d’en dénicher, malgré la vigilance du service de communication et des médias mainstream au service du Bureau ovale. Trois d’entre elles ont fait le tour du web ces derniers jours, publiées entre autres par le New York Post (relayées ici par The Telegraph). Des vidéos non trafiquées, mais seulement zoomées, pointant une confusion gênante du président.
Lors d’un concert à la Maison Blanche le 19 juin, on voit un président entouré de gens qui dansent, complètement figé, les bras en avant, comme une marionnette oubliée dans sa position pendant trente longues secondes. A la levée de fonds, le 15 juin dernier, Obama a dû prendre Biden par le poignet pour le faire sortir de la scène où il restait impassible et hagard sous les applaudissements. Enfin, le 16 juin pendant le Sommet du G7, c’est le Premier ministre italien, Giorgia Meloni, qui est venu le recaler sur l’objectif du moment.
Alors bien sûr, oui, Joe Biden souffre d’une mobilité physique limitée. Oui, certain cadrage a peut-être été exagéré (notamment dans le dernier épisode cité). Mais le seul argument de la Maison blanche a été d’accuser « la mauvaise foi » des critiques de droite et un manquement aux règles en matière d’éthique journalistique… Parce que, précisément ces moments choisis sont trop flagrants et qu’ils ne peuvent les balayer d’un revers de main, ils sont obligés de les traiter, et ils le font de manière agressive et trompeuse, envahissant le réseau de X de déclarations tous azimuts.
Une énième façon de désinformer de la part des… Démocrates
Ils ont surtout déclaré que ces vidéos étaient des « cheap fakes », des « contrefaçons bon marché », que c’était le dernier exemple en date de la manière dont la technologie pouvait être utilisée de manière trompeuse…
Ce « mot valise », comme le note Newsmax, déjà employé plusieurs fois par le Washington Post, est parfaitement déroutant et porte à confusion, car le mot « fake » est employé indûment. Cette manipulation par le langage a l’avantage de pouvoir coller d’office ces vidéos dans la catégorie « désinformation » : on raconte à qui mieux mieux que ces extraits érodent la distinction entre ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas, fournissent un carburant artificiel à « un faux récit » sur Biden. Or, à aucun moment, l’IA ou tout autre processus de manipulation à part le zoom, n’est utilisé dans ces vidéos qui demeurent de vrais films. On noie le poisson.
Comme le disait Becket Adams du National Review, il est pourtant certain que « le Joe Biden de 2024 n’est pas le Joe Biden de 2012 ou de 2008. Loin de là. Il est à peine le Joe Biden de 2020. Le président marmonne et tâtonne, semblant souvent confus. Il a tendance à divaguer de manière absurde ou à se figer complètement. Il a du mal à effectuer des activités physiques de base ». Contexte ou pas, on ne peut pas nier la réalité. Mais les Démocrates n’hésitent jamais à le faire : on l’a vu avec le fameux ordinateur d’Hunter Biden lors des dernières élections présidentielles.
Pour le représentant républicain Ronnie Jackson, ancien médecin de la Maison Blanche, il est même certain que Joe Biden sera dopé pour le débat présidentiel et que c’est la raison même de son absence de la scène publique, en ces jours précédant la rencontre avec Trump. A Camp David où il réside cette semaine, « ils doivent faire des tests pour obtenir les doses idéales » afin de « traiter sa cognition ». C’est la raison pour laquelle il veut exiger « au nom de plusieurs millions d’Américains inquiets qu’il se soumette à un test de dépistage de drogues avant et après ce débat »… Trump l’a d’ailleurs demandé publiquement lundi.
Obama à la rescousse du vieux Biden
C’est dire si tout cela rend nerveux les Démocrates.
Selon un modèle publié en juin par The Economist publié en juin, Trump a environ deux chances sur trois de réaliser le plus grand retour politique de la politique américaine moderne. Et c’est pourquoi Obama traîne dans le sillage de Biden, nous rappelle Breitbart, depuis plusieurs mois déjà, et qu’il est de plus en plus impliqué dans sa campagne.
Il donne des conseils sur la stratégie budgétaire numérique, participe au travail pratique de relations publiques avec des célébrités hollywoodiennes et collecte des fonds pour le président, a rapporté le New York Magazine. Tout en restant très prudent, car une quelconque inquiétude ou complaisance manifestée par lui pourrait jouer aussi en défaveur du candidat démocrate. L’ex-président a néanmoins déjà rapporté plus de 65 millions de dollars à Biden, selon un Démocrate au fait des chiffres de la campagne…
Mais ce n’est pas lui qui sera sur le plateau de CNN, ce jeudi. Pour éviter toutes les invectives qui avaient rendu chaotique le débat de 2020, la chaîne a refusé tout public et a annoncé qu’elle couperait le micro adverse à chaque prise de parole. La prestation mentale de Biden risque d’être plus que jamais scrutée.