La lutte contre le racisme doit être « sans merci » pour être efficace, a annoncé lundi le directeur de la division du conseil et des mécanismes des traités du bureau du haut-commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, Adam Abdemoula. Il a fait cette déclaration lors de l’ouverture de la 93e session du Comité pour l’élimination de la discrimination raciale (CERD) à Genève au siège des Nations unies.
« Nous vivons une époque inquiétante où le racisme est en voie de réhabilitation, justifié au nom de la sécurité et du nationalisme », s’est-il lamenté.
L’ONU et le racisme
178 Etat sont parties à la Convention internationale sur l’élimination de toute forme de discrimination raciale, qui a fêté ses 50 ans l’an dernier : il s’engage à mettre fin à toute forme de discrimination que la convention définit comme étant constituée par « toute distinction, exclusion, restriction ou préférence fondée sur la race, la couleur, l’ascendance, ou l’origine nationale ou ethnique », une formulation qui facilite la mise hors-la-loi de la préférence nationale.
Adam Abdemoula a particulièrement dénoncé le retard de nombreux pays membres à produire leur rapport sur la situation de leurs efforts dans ce domaine. L’ONU n’étant jamais à court de comités Théodule, le CERD s’appuie sur un Programme de renforcement et d’amélioration de l’organisation qui est en mesure d’apporter son soutien aux pays membres pour faire leur autocritique et les aider à mieux remplir leurs obligations contractuelles.
Mais CERD ou non, les résultats concrets dans le domaine de la lutte contre le racisme se font attendre, a déploré Anastasia Crickley, porte-parole du comité. « D’un côté il n’y a que peu de place désormais pour l’espoir, mais de l’autre, on voit un peu de lumière au bout du tunnel à travers les gens qui s’aident les uns les autres et ceux qui pensent qu’il est possible de parvenir à un monde juste et équitable », a-t-elle déclaré.
Les responsables ? Ceux qui répandent le « discours global toxique » demandant une meilleure sécurité à travers le monde, notamment par ce qu’elle appelle le « profilage global des musulmans ». Anastasia Crickley estime également que le vieux legs de l’esclavage suit encore les personnes origine africaines en même temps que les « hiérarchies de l’oppression ».
Le CERD va se pencher cette année sur le cas du Koweït, de la fédération de Russie, les Emirats arabes unis, de l’Equateur, du Tadjikistan, Canada et de la Nouvelle Zélande, pour mesurer la conformité de leurs politiques et pratiques en matière de la discrimination raciale.
Une lutte sans merci… contre certains
Il est caractéristique que les représentants du comité dénoncent le racisme anti-musulman ; on les entend nettement moins parler des persécutions antichrétiennes, même lorsqu’elles sont institutionnelles, et le régime de la dhimmitude propre aux pays islamiques. La lutte contre le racisme, c’est jusqu’à un certain point seulement.