Donald Trump a prononcé à l’ONU un discours hégémonique et brutal. Macron a pris une posture à la De Gaulle pour le contrer point par point. Mais anti-Trump et pro-Macron le reconnaissent : c’est l’Américain qui a défendu la cause des nations, et le Français celle du supranationalisme planétaire.
Dans le Macron, moins que dans le cochon, mais un peu quand même, il y a du bon, qu’on peut saisir en tendant l’oreille. Par exemple, aux expatriés Français de New York, il a jeté : « Revenez, irriguez (…) la terre de conquête, c’est la France ». Il est conscient que l’émigration des jeunes cerveaux de souche, coïncidant avec la submersion des migrants, est une catastrophe pour notre pays, et cela tranche heureusement sur la nigauderie de François Hollande, qui s’extasiait devant le nombre de Français à Silicone Valley. Or cette lucidité nouvelle inspire une partie de son discours à l’ONU conçu explicitement en réponse à celui de Trump.
La posture anti-Trump d’Emmanuel Macron
Lui qui ailleurs a diffamé la France et nié son identité, est arrivé à l’ONU avec la conscience de ce que nous devons à « l’histoire ». En son langage pédantouille de deuxième de la classe, il s’est extasié de l’ampleur de « nos contributions à l’ONU » en ces termes : « La place que la France occupe dans le concert des nations est presque aujourd’hui un miracle ! Une rémanence, une persistance rétinienne (…) ».
Macron exagère. S’il s’intéressait un peu plus aux armées et à la diplomatie, il saurait que la France paie son strapontin de membre permanent au Conseil de sécurité avec le sang de ses soldats versé tout autour du monde. Mais du moins a-t-il occupé la tribune de l’ONU avec une certaine fierté nationale, le sentiment folklorique, sans doute, de succéder à Dominique de Villepin lors de son fameux discours d’opposition à Bush lors de la guerre d’Irak, et une posture à la De Gaulle : moi, Tintin, le petit qui n’a pas peur des grands, je défie Trump et je le reprends point par point.
Quant Macron joue à De Gaulle devant l’ONU
Sur l’Iran, ou la Corée, on pourra s’en féliciter. Préférer le contrôle des usines nucléaires ici, la négociation là, à la menace de guerre, semble de bon sens. On ignore quels sont les actes de Trump, notamment vis à vis de la Chine, et donc quels seront les résultats qu’il obtiendra : mais ses mots à l’emporte pièce ne sont pas forcément plus séduisants que la langue de sacristain commune au milieu diplomatique. Cet homme, intéressant par plusieurs points, est décidément remarquablement mal élevé.
Mais pour le reste, sur le fond, Emmanuel Macron s’est montré beaucoup moins anti-Trump qu’anti De Gaulle. Malgré les commentateurs sots ou stipendiés qui saluaient la « position traditionnelle de la France » et la « défense du multilatéralisme ». Malgré sa posture, malgré sa prétention à parler au nom des petits, des sans-grade, des sans-voix, du tiers monde (« Bana, la petite Syrienne, Ousman le Malien, Kouamé le migrant » ), Macron a pris le contre-pied du général De Gaulle, de son action, de sa pensée.
Trump anti-ONU, Macron contre l’héritage de De Gaulle
Dans la guéguerre Trump Macron (une guéguerre qui n’intéresse que Paris : aucune des grandes chaînes américaines n’a transmis le discours de Macron à l’ONU), c’est Trump qui a pris le rôle de De Gaulle et Macron celui de la « communauté internationale ». C’est Trump qui a exprimé son dédain pour l’ONU et sa « bureaucratie inutile », à laquelle il entend couper les vivres (De Gaulle parlait du « machin »), c’est encore Trump qui a exalté la souveraineté des nations – à commencer par celle des USA.
Et face à l’hégémonie américaine, Macron n’a nullement invoqué la grandeur ou les intérêts de la France, il a chanté « nos valeurs (…) et le bien commun de la planète ». C’est ce bien commun global, maçonnique et socialiste, qui anime l’action et le discours de Macron, qu’il s’agisse de géopolitique, de droits de l’homme ou de l’environnement : « Nous somme tous frappés par l’emballement du climat ». De Gaulle se servait des non alignés pour défendre la souveraineté nationale, Macron parle de « multilatéralisme » et de « concertation des nations » pour s’aligner sur le supranationalisme dominant à l’ONU, promouvoir « l’interdépendance » et en finir avec le vieux monde des Etats. Il est significatif qu’il ait demandé une réforme du droit de veto au conseil de sécurité pour faciliter l’ingérence tous azimuts de l’ONU au nom des droits de l’homme. En somme, Macron a affecté une posture gaullienne face à Trump pour mieux servir la cause du mondialisme.