Un demi-million de manifestants selon les chiffres avancés par le Visegrád Post présent sur place, et les photos de la mobilisation sont effectivement impressionnantes. Comme tous les ans à cette date, le 15 mars la Hongrie commémorait la révolution pour l’indépendance de 1848-49. Cette année, la fête nationale a été l’occasion d’une grande Marche de la Paix à trois semaines des élections : une manifestation europhile quoi qu’en diront les médias mainstream occidentaux, puisqu’elle déployait des slogans pour la défense de l’identité hongroise mais aussi des nations européennes.
En 2012, cette fête nationale avait donné lieu déjà à une manifestation monstre de soutien des Hongrois à leur Premier ministre qui venait d’être attaqué sans vergogne au Parlement européen par des gens de la trempe de Daniel Cohn-Bendit. Un Cohn-Bendit qui avait alors prétendu que ses amis juifs à Budapest lui disaient avoir peur sous le gouvernement Orbán. Le Fidesz avait ensuite répété l’exercice de mobilisation en 2013 et 2014 mais avait cessé cette pratique les années suivantes. Le 8 avril prochain, il y aura des élections. Après une défaite électorale locale en février du candidat du Fidesz face à une opposition pour une fois unie, et ce dans une commune considérée comme un bastion des conservateurs, Zsolt Bayer, un des dirigeants du Fidesz qui est aussi une figure de la télévision hongroise, a été chargé de convoquer à nouveau pour ce 15 mars une grande manifestation de soutien au gouvernement.
Le succès de la grande manifestation patriotique du 15 mars en Hongrie renforce le Fidesz à trois semaines des élections législatives
En réalité, si la coalition conservatrice formée par le Fidesz et les chrétiens-démocrates n’obtiendra probablement pas le 8 avril prochain une majorité constitutionnelle des deux tiers à l’Assemblée nationale hongroise contrairement à ce qui s’était passé en 2010 et 2014, elle est quasiment assurée d’avoir la majorité absolue face à une opposition certes soutenue par l’argent des Rockefeller, Gates et autres Soros mais divisée entre les nationalistes du Jobbik à droite du Fidesz et plusieurs partis de gauche incompatibles entre eux. Viktor Orbán ne veut toutefois apparemment pas prendre de risque et il a clairement exposé les vrais enjeux dans le discours prononcé jeudi devant ses partisans. « Lors des élections dans trois semaines, il ne s’agit pas de voter pour les quatre années à venir […], c’est l’avenir du pays qui est en jeu », a clamé le Premier ministre hongrois au demi-million de manifestants, en évoquant « ceux qui veulent nous prendre notre pays ».
Le discours de Viktor Orbán pour la fête nationale hongroise : une défense vibrante pour la sauvegarde des nations européennes sur le point de disparaître
Extrait du discours : « Ils veulent que nous donnions notre pays à des étrangers venus d’autres continents, qui ne parlent pas notre langue, qui ne respectent pas notre culture, nos lois et notre mode de vie (…). Jour après jour, nous voyons les grandes nations européennes perdre leur pays : petit à petit, quartier par quartier et ville par ville. La situation est telle que ceux qui n’arrêtent pas l’immigration à leurs frontières sont perdus (…). Des forces extérieures et des puissances internationales veulent nous imposer cela avec l’aide de leurs alliés dans notre pays. (…) Nous ne voulons pas seulement gagner une élection mais notre avenir. L’Europe, et au sein de l’Europe les Hongrois, sont arrivés à un tournant de l’histoire du monde. Les forces nationales et les forces mondialistes ne s’étaient encore jamais opposées aussi ouvertement. Nous, les millions de personnes avec des sentiments nationaux, sommes dans un camp. Les élites “citoyennes du monde” sont dans l’autre camp. Nous, qui croyons aux Etats-nations, à la défense des frontières, à la famille et à la valeur du travail, sommes dans un camp. Face à nous, il y a ceux qui veulent une société ouverte, un monde sans frontières et sans nations, de nouvelles formes de familles, un travail dévalorisé et des travailleurs bon marché, le tout gouverné par une armée de bureaucrates de l’ombre qui ne rendent aucun compte. »
Avant le départ de la Marche, Zsolt Bayer avait décrit les centaines de milliers de personnes présentes en déclarant qu’il s’agissait de ceux qui savent encore ce que sont « Dieu, la nation et la patrie, ceux qui savent ce qu’est la famille et ce que représentent les enfants, et ceux qui savent distinguer les deux sexes ». Viktor Orbán a commencé son discours en saluant les Polonais venus nombreux à Budapest ce jour-là et en déclarant que « la Marche de la Paix de cette année n’est pas qu’une affaire nationale, c’est également un soutien à la Pologne ».
Les vrais termes du conflit qui déchire aujourd’hui l’Union européenne sont posés. Chacun en Europe choisira son camp.