Echec « vertigineux » : Oxford et Cambridge affichent un déficit d’étudiants noirs

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La diversité pour juger des meilleures universités au monde… C’est à cette aune que les prestigieuses institutions que sont Oxford et Cambridge sont aujourd’hui évaluées, et surtout condamnées par le gouvernement britannique. Le ministre aux universités, Sam Gyimah – lui même noir, élu premier président de couleur de la société de débat de l’Oxford Union en 1997 – vient de lancer un cri d’alarme en vitupérant contre les deux vénérables maisons qu’il accuse de n’avoir guère changé depuis qu’il y faisait lui-même ses études. Echec « vertigineux » que ce déficit d’étudiants noirs, a-t-il affirmé, de la part de facultés qui produisaient régulièrement des lauréats du prix Nobel sans arriver à régler leurs propres problèmes de recrutement.
 
Les mauvaises langues diront que ceci explique peut-être cela, puisque le recrutement est élitiste, fondé sur les résultats aux examens…
 
Mais c’est précisément cela qui est dans le collimateur de Sam Gyimah. Dans un entretien accordé au Telegraph de Londres, il déclare qu’« Oxbridge » n’en fait pas assez pour augmenter le taux d’admission des étudiants noirs britanniques. La solution ? Il faudrait selon lui « prendre en compte une série de facteurs élargie » qui ne se focalise plus sur la réussite académique des candidats.
 

Sam Gyimah, ministre aux universités, épingle Oxford et Cambridge pour leur manque de « diversité »

 
Voilà qui s’inscrit dans le contexte des admissions « contextualisées » aujourd’hui à la mode dans d’autres universités britanniques moins anciennes : UCL, King’s College, York… Elles affichent des exigences moindres en termes de notes pour les candidats venant d’un environnement « défavorisé », en vue de recruter davantage d’étudiants noirs ou issus des minorités ethniques.
 
En clair : de la discrimination positive – ou négative, selon la couleur, du racisme légal, revendiqué, « rationnalisé ».
 

Un déficit d’étudiants noirs qui se règle par la discrimination positive

 
Gyimah justifie son point de vue en expliquant que certaines écoles secondaires commencent dès le début de leur cursus à préparer les élèves à obtenir de bonnes notes aux « A-Levels » (équivalent du baccalauréat, elles sont le sésame pour l’enseignement supérieur). « Si vous fréquentez une école où cette pratique n’existe pas, vous allez avoir du mal à atteindre le niveau. Vous aurez beau être assez intelligent, avoir le potentiel, personne ne vous aidera », explique-t-il.
 
En clair : les écoles privées de l’élite sont toujours privilégiées parce qu’elles savent y faire.
 
Il faut donc d’une part que les meilleures universités apportent une aide aux écoles d’Etat pour qu’elles adoptent de bonnes tactiques, et qu’elles aient davantage recours aux admissions « contextualisées », affirme le ministre. Pour en finir avec les statistiques comme celle-ci : en 2017, Oxford a retenu 48 candidatures de diplômés du secondaire noirs sur 396, soit moins de 14 %, tout en recrutant près du quart des 8.908 Blancs qui avaient déposé un dossier.
 
Pour l’heure, les dossiers des membres des minorités ethniques sont dotés d’un système de signalisation qui alerte les recruteurs sur leur environnement défavorisé – et Oxford et Cambridge refusent d’aller plus loin.
 

Oxford et Cambridge menacés d’amende pour manque d’étudiants noirs

 
Mais il pourrait leur en cuire : Sam Gyimah invite les universités anglaises les plus historiques à revoir leur position, vu que le nouvel « Office des Etudiants » créé pour veiller à la conformité de leurs politiques aux exigences du gouvernement dispose d’outils efficaces pour les contraindre à modifier leurs pratiques – l’imposition d’amendes en particulier.
 
En attendant, Oxford et Cambridge se retrouvent sous une avalanche de critiques, accusées de favoriser les étudiants blancs, aisés et venant des régions les plus riches du pays. Contre lesquels il serait donc loisible de « discriminer » ?
 

Anne Dolhein