Oxford s’oriente vers le confinement climatique avec un permis de circuler entre quartiers

Oxford confinement climatique permis
 

L’idée que l’on puisse un jour être bloqué dans son quartier sans permission d’en sortir en voiture au nom de la lutte contre le réchauffement climatique, dans les fameuses « villes du quart d’heure », a été largement ridiculisée et traitée de complotiste. C’est pourtant très exactement ce que veut faire la municipalité d’Oxford au Royaume-Uni, et à l’heure où les grands de ce monde sont en train de lâcher un peu de lest – ce que Pauline Mille a qualifié de « Pause dans le Green Deal européen » – on apprend que ce plan de confinement climatique existe bel et bien. Inutile de dire que les habitants d’Oxford se sont mobilisés contre cette remarquable entreprise liberticide, au point que les responsables municipaux ont appelé la police pour se plaindre de messages « extrêmement injurieux » qui leur ont été adressés par leurs administrés.

Dans le cadre de la « Pause », Mark Harper, ministre des Transports du Royaume-Uni, lors d’une conférence du Parti conservateur lundi, a indiqué que le gouvernement envisage d’empêcher les municipalités qui ont prévu de punir d’amendes les contrevenants à ces réglementations de la « ville du quart d’heure » : elles sont accusées de vouloir abuser du système de manière « sinistre ». Elles pourraient se voir interdire l’accès aux bases de données regroupant toutes les informations sur les numéros de plaques minéralogiques, a averti le ministre.

 

Le confinement climatique à Oxford, ville du quart d’heure

Oxford est la première ville britannique à prétendre mettre en place un système de rationnement de la circulation automobile dans six quartiers, baptisés « zones climatiques ». Dès 2024, les conducteurs y seront contraints d’arborer un permis de circulation leur permettant de traverser les « filtres de trafic » installés en bordure de quartier, pour obtenir le droit de les traverser en voiture 100 jours par an, pas un de plus.

Dans le même temps, chaque quartier, où l’on doit pouvoir se déplacer à pied ou en vélo pour accéder au cabinet médical, à l’école, aux magasins sur place – adieu le libre choix – est censé devenir une sorte de ville en miniature et à taille humaine.

Inutile de dire que le plan a été mis en place par le Parti travailliste, les libéraux et les écolos du conseil municipal, qui ont déjà débloqué 6,5 millions de livres pour mettre en place des caméras ANPR capables de scanner les plaques minéralogiques – un essai qui permet de tester ce dispositif de reconnaissance des véhicules.

 

Un permis de circuler réservé à quelques-uns

Le système doit fonctionner 7 jours par semaine de 7 heures du matin à 7 heures du soir, permettant de verbaliser tout véhicule privé passant les frontières sans autorisation : échapperont seuls à l’amende de 70 livres (plus de 80 euros) les handicapés, les soignants et les détenteurs locaux du permis « 100 jours ». Les résidents du comté d’Oxfordshire pourront quant à eux obtenir un permis valable 25 jours par an. Et les autres ? Ils paieront, sans doute !

A Oxford, on dénonce largement ce confinement climatique, et on s’irrite contre cette folle dépense, alors qu’à bien moindres frais, la municipalité aurait pu construire des parkings gratuits en bordure de ville et mettre en place des transports vers le centre pour décongestionner celui-ci, pour ceux qui le souhaitent.

La municipalité d’Oxford a insisté pour dire qu’il n’y aurait aucune barrière physique, seulement des caméras capables d’identifier les voitures – comme si c’était une consolation !

 

Pas de barrières, mais des amendes automatiques pour les « sans-permis »

Le ministre conservateur Mark Harper a déclaré au cours de sa conférence qu’il n’y avait pas de problème à vouloir s’assurer que les gens puissent marcher ou prendre leur vélo pour aller faire leurs courses ou rejoindre les écoles. « C’est de la planification municipale traditionnelle », a-t-il dit. « Ce qui est différent et sinistre, et nous ne devons pas le tolérer, c’est que des municipalités locales puissent décider combien de fois vous pouvez aller faire vos courses, et qu’elles puissent rationner l’utilisation des routes dans le temps et selon les utilisateurs, et que tout cela soit vérifié par la vidéo-surveillance. »

A Oxford donc, il y a des chances que cela ne soit pas effectif en janvier 2024 comme prévu. Mais on aura bien compris que tous les outils existent pour que d’autres maires, sous d’autres cieux, mettent en place un tel plan.

A propos : n’oublions jamais qu’Anne Hidalgo fait partie des enfants chéris du Forum économique mondial pour ses efforts en vue de faire de Paris une « ville du quart d’heure ».

 

Anne Dolhein