Le « pacifiste » attaquant du Louvre

Pacifiste attaquant Louvre
 
Abdullah Reda El Hamahmy l’a déclaré aux enquêteurs : en se rendant au Louvre, il entendait surtout, il entendait d’abord s’en prendre aux œuvres d’art. D’où, n’est-ce pas ?, la peinture. Pas autre chose puisque, il l’affirme, il est « pacifiste ». Pacifiste, mais attaquant…
 
Ce propos soulève d’emblée plusieurs incohérences. La première est qu’il se soit précipité sur des militaires en criant « Allah Akbar ! » A moins qu’ayant subi l’influence d’une culture millénaire, il n’ait vu en eux des hauts-reliefs trois-quarts. Et de profil.
 

Un « pacifiste » en visite au Louvre

 
La seconde est sa déclaration d’être parti sans espoir de retour. A moins que la destruction d’œuvres d’art ne soit très sévèrement réprimée chez lui, il y a fort à parier qu’il savait que, en France, une telle destruction ne lui vaudrait d’écoper que de quelques mois d’emprisonnement. A 29 ans, cela laisse le temps de voir venir… Le propos est d’ailleurs confus, puisqu’il semble qu’il avait tout de même acheté un billet de retour.
 
Reste les machettes – que l’on peut donc acheter sans difficulté en plein Paris, où elles semblent tout de même avoir moins d’utilité qu’à la campagne. Pour un prétendu « pacifiste », l’achat peut paraître curieux. Mais cela s’explique évidemment, de sa part du moins, davantage, si, à défaut de militaires, elles auraient pu servir à érafler le nez de la Joconde, la poitrine de la Vénus de Milo, la Grande Odalisque, ou quelque autre œuvre impie.
 
A moins que, plus prosaïquement, Abdullah n’ait été un spécialiste de la peinture au couteau…
 

Un attaquant d’œuvres d’art

 
Quoi qu’il en soit, la garde à vue d’Abdullah Reda El Hamahmy n’a pas été prolongée, son état de santé s’étant « fortement dégradé » mardi. Compte tenu de la riposte des militaires qu’il a agressés, et des trois ou quatre balles qui l’ont atteint, la chose peut paraître logique.
 
Mais cela empêchera peut-être de connaître le fin mot de l’histoire. Car l’homme prétend avoir agi seul, et de sa propre initiative. Une affirmation qui n’a pas convaincu les enquêteurs. Il faut dire que le dernier message du compte twitter de l’assaillant du Louvre évoque Abou Mohammed al-Adnani, chef opération, si l’on peut dire, de l’Etat islamique jusqu’à ce qu’il soit tué l’été dernier. Une « référence » qui donne évidemment à l’acte d’Abdullah Reda El Hamahmy, et aux motifs qui auraient pu être les siens, une coloration, c’est le moins que l’on puisse dire, assez peu « pacifiste ». D’autant qu’il affirme avoir voulu venger le peuple syrien, et que quelques coups de pinceaux mal placés sur une série d’œuvres d’art ne paraissent pas répondre à l’objectif.
 

Hubert Cordat