L’ONU adopte le « Pacte pour l’avenir », feuille de route vers la gouvernance mondiale

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La grande presse n’y a prêté que peu d’attention, sinon pour suggérer que la Russie et quelques autres seraient opposés à la « construction d’un avenir meilleur » ; ou encore que tout cela ne va pas très loin, mais ce qui s’est passé dimanche et lundi à l’ONU à New York se veut une étape majeure vers la mise en place d’une gouvernance globale. Le Pacte pour l’avenir a été adopté en deux jours par un large consensus (en d’autres termes, mollement mais sans protestation) à la fin du Sommet pour l’avenir dont RITV vous a dit les dangers : la marche vers une « ONU surmultipliée ». L’événement a été suivi sur place par Alex Newman et Andrew Muller de The New American, avec difficulté comme ils l’ont expliqué dans un entretien avec Paul Dragu puisque les journalistes (de tous bords) sont à peine tolérés et pistés à chaque pas par des accompagnateurs, privés d’interviews et de possibilité de filmer et de photographier. Véritable feuille de route pour le « nouvel ordre collectiviste », comme l’annonçait déjà en mai Clémentine Jallais sur RITV, le Pacte visait d’emblée aussi bien les Objectifs du développement durable qu’une meilleure « répartition des richesses » au niveau mondial (entendez : socialisme globalisé) que diverses formes de « gouvernance mondiale ».

Ses 67 pages, denses, comprennent le Pacte proprement dit ainsi qu’un Pacte numérique visant notamment à assurer l’accès de tous à l’intelligence artificielle (IA) et une Déclaration sur les générations futures qui compte notamment instrumentaliser « les enfants et les jeunes » comme des « agents de changement ». Il s’agira notamment d’« éliminer tous les vestiges des inégalités historiques et structurelles », à quoi s’engagent les Etats. Le mot « gouvernance », accompagné ou non du qualificatif « internationale » ou « mondiale », apparaît 46 fois.

 

Le Pacte pour l’avenir de l’ONU : pas seulement des vœux pieux

Voilà qui fait pâlir l’agitation actuelle autour de la constitution d’un nouveau gouvernement en France. L’essentiel se passe ailleurs. Car il ne s’agit pas seulement de vœux pieux (ou plutôt impies) : on voit bien au jour le jour comment les lois environnementales, les directives en matière d’éducation sexuelle ou de normalisation LGBT, la promotion de l’antiracisme façonnent déjà le droit interne des pays.

Bien sûr, ceux qui mènent la danse à New York, tel l’ancien président de l’Internationale socialiste et actuel Secrétaire général Antonio Guterres, promettent monts et merveilles si seulement cette ONU « 2.0 » devient réalité. Paix, prospérité, fraternité globale : c’est le boniment classique pour obtenir l’abandon des souverainetés. Or il suffit de regarder autour de soi pour voir que l’ONU, au cours de sa longue histoire, n’a pas apporté ce qu’elle avait promis. Cela ne fonctionne pas ? Eh bien, rajoutons-en une couche !

Au cours des réunions plénières qui ont attiré 130 dirigeants mondiaux et des messages bienveillants de quelques autres comme Biden et Lula, le président de l’Assemblée générale de l’ONU, le Camerounais Philemon Yang, a affirmé que l’accord de l’ONU « jetterait les bases d’un ordre mondial durable, juste et pacifique – pour tous les peuples et toutes les nations ». Guterres a renchéri en expliquant que le Sommet de l’avenir de l’ONU représente « une première étape essentielle pour rendre les institutions mondiales plus légitimes, plus efficaces et mieux adaptées au monde d’aujourd’hui et de demain ».

C’est de la langue de bois pour recouvrir des objectifs précis. La transformation annoncée vise à doter l’ONU de nouveaux pouvoirs et de nouvelles responsabilités – avec en corollaire de nouveaux abandons de souveraineté de la part des pays membres – et cela s’est senti dans les discussions comme dans la rédaction du Pacte.

 

La « gouvernance mondiale » est au cœur de ce Pacte

Comme en témoigne Alex Newman : « “Nous ne pouvons pas créer un avenir digne de nos petits-enfants avec des systèmes construits pour nos grands-parents”, a poursuivi M. Guterres, une phrase qui a été imprimée sur des panneaux géants dans tout le siège de l’ONU alors que les délégués discutaient de la “réforme” du puissant Conseil de sécurité de l’ONU dans le but d’éliminer à terme les droits de veto des membres permanents. »

Le Pacte pour l’avenir, avalisé par la quasi-totalité des gouvernements de la planète, concrétise ces idées : « Nous reconnaissons que le système multilatéral et ses institutions, avec les Nations unies et leur Charte au centre, doivent être renforcés pour suivre le rythme d’un monde en mutation… Nous renouvelons notre engagement en faveur du multilatéralisme et de la coopération internationale… Nous transformerons la gouvernance mondiale et renforcerons le système multilatéral. »

Un mot sur le « multilatéralisme » (qui fait penser à la promotion de la « multipolarité » par la Russie de Poutine et ses alliés – et ce n’est pas un hasard) : dans le langage onusien, il s’agit de renforcer l’internationalisme, ou le globalisme, au détriment des pouvoirs nationaux. Parlant de la nécessité d’éviter « l’échec du multilatéralisme » apparemment très redouté dans les hautes sphères, Guterres a salué en ouvrant le Sommet dimanche « un tournant vers un multilatéralisme plus efficace, plus inclusif et fonctionnant plus en réseaux ».

A son programme : « une grande réforme de l’architecture financière internationale », des institutions mondiales « plus efficaces », la lutte contre les « inégalités colossales » qui « freinent le développement durable », « l’élimination progressive des combustibles fossiles », une réforme du Conseil de Sécurité sous peine de le voir « perdre toute crédibilité », l’actualisation et la réforme de « la coopération internationale afin de la rendre plus interconnectée, plus équitable et plus inclusive ».

 

Le Pacte pour l’avenir donne davantage de pouvoir à l’ONU

Guterres a encore salué un « engagement inédit des gouvernements à écouter les jeunes et à les faire participer à la prise de décision, aux niveaux national et mondial », la marche vers une « gouvernance internationale de l’intelligence artificielle », la protection de « la diversité culturelle et l’égalité des genres ». Et, sans surprise, « face à la montée de la misogynie et au recul des droits des femmes en matière de procréation », le fait que les gouvernements se soient « expressément engagés à lever les obstacles sociaux, économiques et culturels qui empêchent les femmes et les filles de s’épanouir dans tous les domaines ». Derrière les mots, l’avortement et la contraception dont l’ONU se fait le champion.

C’est à cette lumière qu’il faut lire le Pacte pour l’avenir. Alex Newman souligne qu’il réclame clairement un renforcement du mondialisme :

« Un “engagement renouvelé en faveur d’une coopération internationale fondée sur le respect du droit international”, dit le pacte, est nécessaire, la coopération internationale, comme le “multilatéralisme”, servant de synonyme au mondialisme. “Ce n’est pas une option, mais une nécessité”, poursuit le texte.

« En fait, l’accord affirme spécifiquement que les nations et leurs gouvernements ne peuvent pas gérer les prétendus problèmes auxquels l’humanité est confrontée sans l’ONU. “Les défis que nous devons relever sont profondément interconnectés et aucun Etat n’a les moyens d’y faire face seul”, affirme le pacte. “Il faut s’y attaquer collectivement, par le biais d’une coopération internationale forte et soutenue.” »

Alex Newman note encore :

« Le terme “gouvernance mondiale”, souvent utilisé pour désigner un gouvernement mondial, est mentionné à plusieurs reprises dans le document, toujours comme un élément positif à faire progresser. Sous le titre “transformer la gouvernance mondiale”, par exemple, le pacte appelle à une expansion spectaculaire de ces mécanismes de gouvernance de l’humanité.

« “Aujourd’hui, notre système multilatéral, construit au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, est soumis à une pression sans précédent”, affirme le pacte, qui souligne les “résultats remarquables” supposés (et non spécifiées) des 80 dernières années. “Mais nous ne sommes pas dupes au sujet de l’avenir de notre ordre international et nous savons que l’immobilisme n’est pas une option.” »

Cela passera notamment par le renforcement de la Cour internationale de justice, que Newman qualifie de « Cour suprême mondiale », au service d’un gouvernement des juges dont les dégâts se font déjà tellement sentir au niveau des pays. « Nous entendons nous acquitter de l’obligation qui est la nôtre de nous conformer aux décisions de la Cour internationale de Justice », affirme ainsi le Pacte.

 

La gouvernance mondiale s’en prend même à la Haute Finance

Les Nations unies espèrent également étendre leur pouvoir dans le domaine la fiscalité, puisque les signataires du Pacte s’engagent à « étudier les possibilités » en vue d’une « coopération internationale » en matière fiscale, en particulier, pour l’imposition des personnes « très fortunées ». « Nous sommes déterminés à renforcer le caractère inclusif et l’efficacité de la coopération fiscale à l’Organisation des Nations unies », affirme l’accord de l’ONU, qui vise clairement l’objectif déjà ancien de mettre en place une fiscalité mondiale.

« Une transformation de la gouvernance mondiale s’impose pour garantir que les progrès positifs que nous avons constatés dans les trois piliers de l’action menée par l’Organisation des Nations unies au cours des dernières décennies ne soient réduits à néant. Nous ne laisserons pas cela se produire », affirme ainsi le pacte.

Alors que la confiance à l’égard de l’ONU est en berne, et que le rejet des visées mondialistes s’exprime notamment dans les urnes avec la montée de ce que les mondialistes appellent « les populismes », la recherche d’outils en vue de tordre le cou à l’expression de l’opposition aux visées du Pacte. Cela passe par le contrôle de l’information, et là encore le Pacte ne cache rien de ses intentions : « Nous renforcerons la coopération internationale afin de remédier au problème que constituent la mésinformation, la désinformation et les discours de haine en ligne et d’atténuer les risques de manipulation de l’information et ce, dans le plein respect du droit international. »

 

L’ONU veut contrôler l’information et Internet

Les Etats s’engagent ainsi, « d’ici à 2030 », à « concevoir et mettre en place des programmes d’éducation aux médias et à l’information numériques, afin de doter tous les utilisateurs et utilisatrices des compétences et connaissances leur permettant d’aborder et d’utiliser en toute sécurité et de façon critique les contenus et les sources d’informations et pour renforcer leur résilience face aux effets néfastes de la mésinformation et de la désinformation ».

Alex Newman cite à cet égard un mémo confidentiel de l’ONU obtenu par The New American au début de l’année : petit manuel de propagande…

« “Le Sommet de l’avenir est un moment clef de notre agenda”, indique le mémo, ajoutant que le Département de la communication globale de l’ONU “veut s’assurer que nous emmenons les médias avec nous – en commençant par des notes d’information sur des parties spécifiques du programme”. Pour ce faire, l’ONU s’est par le passé associée à Google pour masquer les informations contraires à son discours, en particulier sur des questions telles que le climat.

« “Le Sommet disposera d’un livret de messages clefs et de récits pour aider le personnel à comprendre comment communiquer sur ces questions”, précisait le mémorandum. “Il existe un groupe de plus en plus important de personnes qui se mobilisent pour dépasser le cynisme, mais certaines problématiques sont difficiles à vendre. Faire fonctionner le multilatéralisme est une chose que nous devons vendre. Les agences de publicité sont ravies d’apporter leur aide – nous devons réfléchir à la manière dont nous pouvons ‘inonder l’internet’ de campagnes positives et factuelles.” »

Le journaliste dénonce l’un des principaux leviers mis en œuvre par le Pacte pour permettre la prise de pouvoir par l’ONU : c’est celui des « chocs mondiaux complexes », qu’il s’agisse du climat, de problèmes économiques, de crises environnementales, voire d’événements imprévisibles de type cygne noir.

 

Le Pacte pour l’avenir joue sur les « chocs mondiaux complexes »

Ces derniers éléments ne figurent pas tous textuellement dans le Pacte pour l’avenir, mais ils avaient été détaillés dans un document d’orientation intitulé « Notre avenir commun » publié en 2023 par Guterres pour exposer les cas où l’ONU prendrait les rênes afin de gérer les urgences internationales, réelles ou imaginaires, qu’il serait d’ailleurs chargé d’identifier et de définir. La proposition appelait les nations, les entreprises et tous les secteurs de la société à reconnaître le « rôle primordial des organes inter-gouvernementaux [tels que les agences de l’ONU] dans la prise de décision ».

Nous en avions eu un avant-goût avec l’affaire du covid…

Alex Newman souligne :

« Bien que l’accord final conclu cette semaine ne contienne pas tout ce que le document d’orientation avait demandé, il a donné un “mandat” aux Etats membres pour que Guterres poursuive vigoureusement son programme. “Nous sommes conscients que l’action internationale face aux chocs mondiaux complexes doit être plus cohérente, plus coopérative, mieux coordonnée et davantage multidimensionnelle, l’Organisation des Nations unies devant jouer un rôle central à cet égard”, déclare le Pacte, appelant M. Guterres à concevoir de nouveaux moyens de “renforcer l’action du système des Nations unies face aux chocs mondiaux complexes”. »

Quant au Pacte numérique adopté en annexe, cité plus haut, il prévoit que l’ONU prenne la tête de la réglementation du domaine numérique (données, Internet, intelligence artificielle, etc.).

En pratique, cela lui donne pouvoir sur… tout. Car aujourd’hui, quasiment tout peut passer sous la coupe d’Internet, même la collecte des poubelles dans les communes les plus rurales de France. Les outils de la tyrannie mondiale, à défaut d’être systématiquement utilisés, se mettent doucement en place.

Sept pays emmenés par la Russie (la Corée du Nord en fait partie, ainsi que la Biélorussie, le Venezuela, l’Iran, la Syrie) ont essayé sans succès d’obtenir une révision du texte afin que le Pacte reconnaisse la primauté des juridictions nationales et que n’y figure pas de mention de l’accès universel aux « droits sexuels et reproductifs ». La motion – adoptée par des pays où s’exerce une autre forme de tyrannie – a été rejetée par 143 voix et 15 abstentions. Le « Sud Global » si volontiers aligné sur Moscou attendent des dividendes de ce Pacte… La Chine, elle, l’a soutenu avec enthousiasme.

 

Jeanne Smits